• Géographie

    Le Royaume Triliga est situé à peu près au centre de Limlya. Il est cependant assez étendu, ce qui fait qu'on y trouve de nombreux climats différents. Il est composé  de plaines et de grandes forêts. Les paysages deviennent de plus en plus désertique au fur et à mesure que l'on descend vers le sud. Ce Royaume n'a de frontière terrestre qu'entre Faïlsa (au nord) et Mentis (au sud).  La chaine d’Elgari, sert de frontière naturelle avec Faïlsa. Au sud, ce sont les Pierres de Feu, un désert volcanique qui marque la frontière avec Mentis. Le royaume est divisé en six régions : Teyns au nord-est; Okren le long de la partie nord des Elgaris; Tsuyuri, le long de la partie sud; Walderia au centre; Espartilla sur la côte ouest; et Munlore au sud.




    Chaine des Elgaris

    Les Elgaris sont une immense chaine de montagnes qui coupe le nord ouest de Limlya et sert de frontière naturelle entre Triliga et Faïlsa. Le plus haut de ses sommets est  Nao Iwola, le pic de la lune, qui culmine à 9 374 mètres d'altitude. Ses sommets sont couverts de neiges éternelles, et ses nombreux glaciers permettent d'approvisionner en eau quelques court d'eau important de Triliga. La faune des Elgaris est dangereuse, mais fascinante. Les flancs de la montagne sont le territoire des Chasseurs Okrenians qui font un commerce fructueux de la viande et des peaux qu'ils ramènent. Les nains ont aménagé quelques passages dans les flancs de la montagne pour permettre le commerce avec les Okrenians et les Tsuyurins.

    Comté de Leria

    Niché au pied des Elgaris, ce petit comté du nord du royaume est dirigé par la Famille Leria. Ses habitants sont principalement des chasseurs, habitués aux rigueurs de la saison froide. C'est également ici que se réunit la Guilde des Chasseurs. Entourée par de solides maisons de pierre, la citadelle abritant la Famille domine le comté du haut d'un petit promontoire. Ce comté est la capitale du territoire Okren. C'est également par lui que s'effectuent la plupart des transactions entre nains et humains.

    Aya Jiluë

    Cette région désertique se trouve au centre du royaume. Bien que faisant officiellement partie du territoire humain, Aya Jiluë, les plaines du souffle de la terre, appartiennent implicitement aux Mergdadrs. A cet endroit, l'activité magmatique est assez importante, ce qui fait que la région est souvent secouée par des séismes, et d’innombrables geysers jaillissent à longueur de journée. Les hommes ne s’y aventurent jamais. C'est donc le repère des géants qui vivent en clan dans certaines cavernes relativement sûres.

    Walendar

    Construite au sommet d'un promontoire, la citée aérienne de Walender domine le territoire des Waldrens qui lui ont donné son nom. Une imposante muraille en pierres claires protège la ville, et de nuit, les imposantes porte de bronze et d'acier sont closes. Construite en cercle, la ville est organisée en quatre quartiers principaux: Le quartier marchand, le quartier d'habitation, le quartier d'agrément, et le quartier des gardes. Le palais royal se trouve au cœur de la ville. Il est pour l'heure occupé par la famille Adonas, ainsi que des principaux conseillers, quelques hauts mages, et des invités de marque.

    Pierres de Feu

    Limlya est un continent en continuelle expansion. Entre Triliga et Mentis, se trouve une grande fosse qui s'agrandit petit à petit. La terre des hommes s'éloigne chaque année un peu plus de celle des chimères. Cicatrice purulente de cette séparation, les Pierres de Feu se composent de lacs de lave, de volcans et de geysers... Des séismes très violents frappent continuellement cette région. Il existe toutefois quelques passages ou l'activité sismique y est moins forte, mais peu de gens se risque à traverser.

    Gameard

    Quatrième cité du royaume par sa taille, deuxième par son nombre d'habitant. Et première par sa pauvreté, ses crimes et ses vices. Gameard est considérée comme la capitale de Munlore. Cette citée est fascinante pour toute la diversité ethnique que l'on y retrouve, mais elle peut également devenir un véritable coupe gorge. Entre merveille et horreur, la ville défie le ciel avec ces bâtiments délicats et aériens, et vous propose un séjour en enfer dans ces plus sombres quartiers ou l'on retrouve les pires horreurs de ce qui ose se donner le nom de civilisation...

    Population

    Triliga est le royaume des humains. C'est aussi l'endroit ou l'on trouve le plus de métissage avec d'autre peuple, même si le sang des hommes domine. Une personne peut être considérée comme humaine si elle a plus de trois quart de sang humain. Le royaume est divisé en six régions : Teyns, Okren, Tsuyuri, Walderia, Espartilla et Munlore ; habitées par des peuples différents ayant chacun leur propres coutumes.

    Teynkies

    Sur les rives de l'Océan de l'Aube, les habitants connaissent une grande mousson durant trois mois, permettant la culture de plantes étonnantes. Les Teynkies sont en général assez petits, ils ont la peau mate et les cheveux blonds. Leurs yeux en amandes peuvent prendre les couleurs les plus étranges, bien que la plupart les aient d'un bleu très pâle.
    La température de cette région ne descendant jamais en dessous de 0°C, ils s'habillent de lin ou de soie pour les plus riches, et complètent leur tenue avec une cape épaisse lorsque les températures sont trop basses.
    A cause de la mousson qui provoque une importante montée du niveau de l’océan, toutes les habitations sont construites sur pilotis. Les Teynkies vivent dans de petites maisons en bois, suffisamment  solides  pour résister aux violentes tempêtes qui secouent la côte.
    Les Teynkies sont un peuple délicat et curieux. Tout les intéresse, c'est pourquoi on trouve chez eux les meilleures écoles du royaume, dans les domaines les plus divers. L'école des acrobates est particulièrement réputée, ses élèves produisent leurs spectacles à la cour du Roi. Les Teynkies sont également les gardiens de la plus grande bibliothèque de Sha.
    En plus de la langue commune, et de la langue humaine de leur royaume, ils parlent principalement le Tyn entre eux, un langage chantant n'ayant que très peu de lien avec celui des hommes. Le principal dieu de ce peuple est Reïsn.

    Okrenians

    Au nord du royaume, le climat est froid une bonne partie de l'année. Les températures varient entre 20°C durant la saison chaude, et -30°C durant la saison froide. Les hommes vivant dans cette région ont en général la peau, les cheveux et les yeux très clairs. La zone peuplée la plus importante du nord-est est le comté de Leria, habité en grande partie par des chasseurs habitués aux rigueurs du froid, et aux dangers des Elgaris dans lesquelles ils traquent leurs proies. Ces hommes et ces femmes sont un peu plus grands et plus robustes que la moyenne. Ce peuple peu sembler un peu rustre au premier abord. Ils aiment tout simplement l'adrénaline, aussi passent-ils beaucoup de temps à se battre, d'une façon qui, quoi qu'amicale, peut sembler violente. Mais sous cet aspect un peu barbare, ce cache un peuple joyeux et très soudé, particulièrement joueur. Les Okrenians s'habillent de lin ou de cuir épais selon la saison. Leurs vêtements sont principalement colorés dans les tons rouges. Ils n'ont pas leur pareil pour travailler les peaux et le cuir, qui constituent la majorité de leur commerce avec le reste du royaume. Les habitants du nord sont regroupés en petits hameaux, et vivent dans de solides petites habitations en bois et en pierre. Ils parlent la langue commune et la langue humaine, mais du fait de leur proximité avec les nains, ils parlent également l'Okran, une langue ayant des racines humaine et naine. Dans cette partie du royaume, la déesse principale est Citcha.

    Tsuyurins

    Ce peuple habite le long de la partie sud des Elgaris, dans un climat tempéré. La température ne varie que très peu dans cette région : entre 10°C et 25°C. Les Tsuyurins s'habillent donc principalement de tissus légers. Les hommes comme les femmes ont en général de longs cheveux noirs et des yeux sombres. Ils ont une apparence svelte et très gracile. C'est un peuple sage et posé, préférant l'austérité au luxe. Leurs habitation en bois et en papiers très sombre reflètent cet état d'esprit. Il n'ont pas une grande puissance guerrière, mais comptent de nombreux prêtres parmi eux. La discipline est le maître mot, et tout écart est sévèrement punis, pouvant aller de la simple remontrance, au bannissement ou à la mise à mort. Leur sens de l'honneur est au moins aussi fort, sinon plus, que celui des Waldrens. Ils n'aiment pas les armes lourdes, du fait de leur faible constitution, et se battent principalement à mains nue ou avec de courtes lames lorsqu'ils en ont besoin. Toutefois, ce n'est pas un peuple belliqueux, ils ne prennent les armes que pour se défendre. Leur langue est le Turi, qui s'écrit en idéogrammes, contrairement aux autres dialectes humains. La religion tient une place très importante dans leur vie. Bien que l'on trouve des lieux de cultes pour chacun des dieux, la divinité principale de cette région est Relko.

    Waldrens

    Au centre du royaume, les Waldrens vivent dans un climat tempéré. La température ne dépasse pas 30°C et ne compte que de rare chute de neige durant la saison froide. Ce peuple a en général la peau blanche, les cheveux bruns ou châtains, et les yeux sombres. Les hommes vivant dans cette région sont le plus souvent des artisans ou des commerçant. Ils accordent une grande importance à leur apparence physique qui reflète bien souvent leur rang. La mode vestimentaire est très changeante, souvent inspirée des grandes personnalités du royaume. En ce qui concerne les critères de beauté actuels, les hommes comme les femmes se doivent d'avoir une peau très pâle, et des cheveux légèrement ondulés. L’architecture étant également un moyen de montrer sa puissance, toutes les habitations se défient par leur  taille et leur originalité. Dans les villes, on peut admirer les constructions les plus imposantes, colorées, ou biscornues. Très fiers, la plupart des Waldrens ont un sens aigu de l'honneur et de la justice, et appliquent avec fermeté la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Tout affront est général réglé par un duel au choix de l'offensé. Ils ne parlent que la langue commune et la langue humaine. Ils prient principalement la Déesse Aluna, bien que l'on trouve de nombreux temples pour les autres dieux.

    Espartillanos

    A l'ouest, sur les rives de l'Océan Méka, se trouve une population de bons vivants, toujours prets à faire la fête. Ses habitants ont les cheveux noirs, la peau mate, voir noire, pour les protéger du soleil de la côte, et les yeux sombres. Cette région a en effet un très fort taux d'ensoleillement annuel, et la température varie entre 40°C et 10°C. Ce peuple s'habille de couleurs vives, ils aiment particulièrement le jaune et le bleu. Il n'est pas rare de les voir tatoués de motifs tribaux, et ils portent presque toujours diverses breloques, tel des bracelets ou des colliers. Ce sont également de grands musiciens, et nombreux sont ceux à devenir conteur, car ils ont une culture principalement orale. Ils vivent dans de grandes maisons très décorées regroupant toute leur famille. Cette culture donne la place la plus importante à la mère de famille qui dirige toute la maisonnée, jusqu’à ce que sa fille prenne le relais. Du fait de ses pluies assez rare et de ses fréquentes sècheresses, les Espartillanos vivent de la mer. Il pêchent de nombreuses espèces marines, et cultivent des plantes aquatiques. A cause de la chaleur pouvant être accablante durant la saison chaude, ils ont un rythme de vie décalé par rapport aux autres peuples. Leur journée commence en effet quelques heures avant que le soleil ne se couche, et prend fin avant qu'il n'arrive au zénith. Ils parlent bien évidement la langue commune et la langue du royaume, mais ils leur arrivent d'en utiliser un dialecte dérivé, l'Esparto, lorsqu'ils sont entre eux. On trouve de nombreux temples dédiés à Sën dans cette partie du royaume.

    Munlores

    Habitants le sud du royaume, les Munlores doivent continuellement faire face à une chaleur écrasante. Près des pierre de feu, il n'est pas rare de dépasser les 45°C durant la saison chaude. La saison froide en revanche n'apporte qu'une brève accalmie, les températures ne descendant pas en dessous de 25°C. Ce peuple a la peau très sombre pour se protéger des rayons du soleil qui peuvent être meurtriers, des yeux sombres et des cheveux noirs. Ils portent toujours des tenues bariolées et très légères. Il semble ne pas connaître le sens de la pudeur. S'il semble normal de voir un homme torse nu dans la rue, ça l'est beaucoup moins lorsque l'on croise une femme aussi peu vêtue. Leur sens de l'esthétique se remarque particulièrement dans l'architecture, nombreuses de leurs citées sont des trésors à elles seules. Les meilleurs artisans se trouvent également dans cette partie du royaume. Subissant plus durement que les autres régions les attaques des chimère, les Munlores disposent de la plus grande armée de Triliga. Ils ont un tempérament bagarreur et rancunier, aussi n'hésitent-ils pas à mener de fréquents raids contre Mentis. Munlore est la région connaissant le plus fort métissage. Tous ses habitants parlent donc parfaitement la langue commune et la langue humaine. Les Munlores communiquent également en Munro, une langue qui semble assez agressive. En raison du caractère belliqueux de se peuple, la déesse principale est Kary.

    Mergdadrs

    Les humains les appellent tout simplement "les Géants" du fait de leur taille imposante, entre 3m50 et 5m. Ils ont un sérieux manque d'hygiène, ce qui se voit à leur apparence hirsute, et se sent à leur odeur... Leurs cheveux varient de noir à brun, et leurs yeux sont noirs. Ils peuvent avoir les oreilles plus ou moins effilées. En dépit de leurs crocs impressionnants, ils ont un régime herbivore, bien qu'il leur arrive de manger certains reptiles qu'ils peuvent attraper dans les plaines... ou des humains inconscient. Les géants ne sont pas particulièrement méchant, ils n'ont aucune idée de conquête ou de massacre envers les humains. Mais certains incidents regrettables ont souvent lieu, par jeu. Car les Mergdadr oublient que leurs voisins sont d'assez faible constitution. Ils vivent en petit clan dans les terres hostiles d'Aya Jiluë. Leur mode de vie est assez sauvage, et ils ne reconnaissent l'existence d'aucun dieu. Il ne parlent pas la langue commune, mais savent baragouiner quelques mots de la langue humaine. Entre eux, ils communiquent par des sons gutturaux et des gestes.

    Contexte Politique

    Triliga est gouverné par une famille royale. Six Grandes Familles se battent continuellement dans l'ombre pour obtenir ce pouvoir. Depuis trois siècles, la Famille Adonas dirige le pays de génération en génération. Ils délèguent leurs pouvoirs à des "Yeux" dans les cinq autres provinces, généralement des membres des autres Familles. Les Yeux sont chargés de veiller sur la région dont ils ont la charge, et de nommer des petits seigneurs pour se charger des tâches les plus ingrates de l'administration. Les Familles ont un rang plus élevé que celui des nobles, bien qu'elles n'aient pas beaucoup de pouvoir. Seul les Yeux choisis dans les familles ont une réelle influence sur le royaume. Les membres de ces familles sont tous des humains de sang pur, n'ayant connu aucun métissage avec d'autre race. Il y a de nombreux accord entre elles pour arranger des mariages, et conserver ainsi la pureté de leur sang. Les nobles sont des familles, humaines ou non, qui ont réussit à force de travail et d'intrigues, à être reconnus par les Sangs Purs. Les petits seigneurs sont choisis dans cette castre par la Famille dirigeante et les Yeux.

     

    Famille Heldin

    Ecartés du pouvoir en 906 par les Adonas, les Heldins ont pendant longtemps été écartés de tout poste de pouvoir. Les années passantes, ils réussissent doucement à revenir sur le devant de la scène. Trois siècles n'ont cependant pas pu effacer une rancune tenace, et ils n'attendent que le moment de pouvoir reprendre le trône. Les Heldins sont des Teynkies, ce qui se remarque à leur peau halée et à leurs cheveux clairs. Leur signe distinctif est d'avoir les yeux vairons, en général de deux couleurs claires. Ils sont connus pour leur grande intelligence, et leur patience légendaire. Ils atteignent toujours leurs objectifs, et savent pour cela attendre le temps qu'il faut...

    "La connaissance est la plus puissante des armes"
    Famille Leria

    Les Lerias ont longtemps régné sur Triliga, avant qu'une guerre ne les opposent aux Heldins, et qu'ils ne perdent leurs privilèges. Depuis que les Adonas sont sur le trône, cette place ne semble plus les intéresser. Okrenians de pure souche, ils ont les cheveux blond ou bruns et des yeux gris argents. Ils vivent au pied des Elgaris, et dirigent à la fois leur région et la Guilde des Chasseur. Cette Famille représente une forte puissance guerrière et est chargé par la Famille Royale de garder la frontière avec Faïlsa.

    "Nous ne sommes rien contre la nature"
    Famille Misora

    Cette Famille ne semble avoir aucun intérêt pour le trône. L'Oeil des Misoras s'est toujours contenté de veiller sur Tsuyuri, et d'appliquer au mieux les ordres royaux, tout en les adaptant au mode de vie austère de cette province. Les Misoras sont des Tsuyurins typique avec leur corpulence frêle, leurs longs cheveux noirs, et leurs yeux bridés. Au fil des années, ils ont cependant amassé de nombreuses richesses, contrairement aux autres Tsuyurins qui vivent, par choix ou obligation, avec peu de biens. Cette famille aime avant tout le calme de sa contré, mais contrairement aux apparences, ils s'intéressent de très près aux jeux de pouvoir.

    "Les Dieux veillent sur nous."
    Famille Adonas

    Les Adonas sont l'actuelle Famille royale de Trilliga. Ils sont arrivé au pouvoir suite à un coup d'état contre les Heldins, il y a trois cents ans. Ce sont des Waldrens, la plupart ont les cheveux roux, des yeux verts ou bleu et une peau très pâle. Ils sont de taille moyenne, et de constitution assez frêle. Les Adonas sont principalement une famille de mage. Bien que tous, homme comme femme, sachent manier les armes, le contrôle des éléments prime sur la force guerrière. Ils gouvernent le royaume en appliquant avec fermeté le sens de l'honneur des Waldrens. La peine de mort est de vigueur, et il n'est pas rare que des têtes tombent... Pourtant, ils sont appréciés par le peuples et ils ne prennent que rarement des décisions injustes.

    "Force et Honneur guideront vos pas"
    Famille Katalne

    La mention de "traître" a été attribuée à cette famille après un coup d'état manqué contre les Heldins. Ils sont de retours dans les sphères du pouvoir depuis une vingtaine d'années, lorsqu'un Oeil a été nommé chez eux par les Adonas. Famille vivant en Espartilla, il ont des cheveux châtains, une peau halée et des yeux bleus. Après avoir été si longtemps écartés du pouvoir, ils remontent doucement la pente, et semblent plus intéressés que jamais par le trône. Certaines rumeurs commencent à courir sur une possible alliance entre eux et les Meikany...

    "N'oubliez jamais qui sont vos ennemis."
    Famille Meikany

    Famille de guerriers impitoyables, les Meikany lorgnent avec envie sur le trône depuis de nombreuses années. Bien qu'ils soient connu dans tout le royaume pour être des soldats hors pairs, ils n'ont jamais pu défaire les stratèges Heldins ou Adonas. Les membres de cette famille sont tous très grands, ils ont la peau noire et les yeux sombres. Ils dirigent les Mulnores d'une main de faire, et appliquent une politique martiale dans cette partie du royaume. La Famille Royale ferme les yeux sur leurs pratiques barbares tant qu'ils protègent la frontière sud du royaume contre les chimères.

    "Le pardon ne s'obtient que dans le sang."

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  • IRL, on me nomme Pauline, 20 ans, j'entame ma deuxième année d'infographie :3

    J'aime heu... les pommes ? //PAN// Dessiner, écrire, lire, les jeux en tout genre (mais particulièrement les jeux de rôle ^^), l'escrime médiévale ('suis une barbare XD), les mangas (mon coup de coeur va toujours à Death Note, mais j'adore également Naruto, Wolfs Rain, Judge, King Game, Gosick, No.6... Bref, beaucoup trop pour pouvoir tous les citer ^^'), et bien sûr, le graphisme. Même si honnêtement, je ne me rappelle plus depuis combien de temps j'exploite mon pauvre petit photoshop XD Niveau musique, vous pouvez me faire écouter de tout, sauf du jazz. Néanmoins, j'écoute principalement du Heavy Metal et de la musique Celtique.

    J'adore l'informatique, je touche un peu à tout. Dessin et graphisme sur photoshop bien sûr, des essaies ratés sur Première et After Effect (c'est définitivement pas mon truc la vidéo ^^'), des montages musicaux pour les besoins de spectacles, HTML, JS ( avec plus ou moins de succès) CSS et LESS (mon nouveau coup de coeur ^^), PHP et MYSQL qui me font péter des câbles devant mon écran, un peu de programmation objet avec Java (que j'adooore), Python (que je hais --') et des essaies en C++

     

    Sur le net, je suis Nagalia, une petite elfe noire sortie de mon imagination débridée. A la base, c'était pour un RPG, mais le personnage à énormément évolué entre temps et... Et depuis je l'utilise un peu partout XD Et bien que n'en étant (pour l'instant) jamais le personnage principal, vous pourrez la retrouver dans les chroniques d'Alona.
    Je suis inscrite sur un petit paquet de site sous ce pseudo : Eklablog, des forum RPG / Graphisme / Dessin (principalement sur forumactif), deviantart... J'en oublie sûrement ^^'

    Breeeeeef.... Je ne sais jamais quoi raconter dans une présentation, ma vie n'est pas ce qu'il y a de plus passionnant XD

     

    Au plaisir de vous revoir sur les pages de ce blog.
    Sur ce... Tchuuuus :D


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  • Géographie


    Faïlsa se trouve tout au nord de Limlya, dans les Elgaris. Au contraire de d'autre royaumes, celui-ci s'est principalement développé sous terre, à l'intérieur des montagnes. Pour se repérer dans Faïlsa, il faut donc raisonner en trois dimensions, chaque étage à en effet ses spécificités. Il est facile de se perdre dans ce dédale de galerie qui n'appartiennent pas toutes aux nains...

    Chaine des Elgaris

     

    Les Elgaris sont une immense chaine de montagnes qui se trouve au nord ouest de Limlya et sert de frontière naturelle entre Triliga et Faïlsa. Le plus haut de ses sommets est Nao Iwola, le pic de la lune, qui culmine à 9 374 mètres d'altitude. Ses sommets sont couverts de neiges éternelles, et ses nombreux glaciers permettent d'approvisionner en eau les rivières souterraines de Faïlsa.
    La faune des Elgaris est dangereuse, mais fascinante. Les nains ont aménagé quelques champs et pâturages dans les vallées, ce qui constituent leur plus importante source de nourriture.
    Il existes également quelques passages dans les flancs de la montagne pour permettre le commerce avec les humains.

    Les Hedrïns

     

    Les Hedrïns sont les vallées fertiles des Elgaris, habitées par les Heïdlekins. Moins dangereuse que les contreforts des montagnes, elles abritent pourtant leur lots de dangers et de merveilles. Le climat y est assez doux en dépit de l'altitude, les températures varient entre -10°C et 20°C. On y trouve de nombreuses plantes aux propriétés étonnantes ne poussant nul part ailleurs.
    Il existe de nombreux passages cachés dans la nature, connus seulement des Heïdlekins et de quelques Dweorgs, permettant le troc entre ces deux peuples.

    Galeries Supérieures

     

    Situées à quelques kilomètres sous la surface, les température de ces galeries avoisinent 0°C, avec un taux d'humidité très faible. Au cette profondeur, les Dweorgs trouvent les matériaux de première nécessité, notamment de nombreux filons de fer et de cuivre qui serpentent tel des rivières le long de la roche.
    La plupart de ces galeries sont également habitées, le plus souvent par des anciens mineurs qui ont participé à leur construction. Peu d'étrangers peuvent visiter ces galeries, car elles n'ont de passages extérieurs ne donnant que sur les Hedrïns.

    Galeries Intermédiaires

     

    Les Galeries Intermédiaires sont les principale zones minières de Faïlsa, et même d'Alona. Enfouies beaucoup plus profondement dans les montagnes, on y trouve de nombreux filons d'or, des gisements de divers pierres précieuses... Mais également d'autres matériaux, beaucoup plus rare et plus précieux, tel de l'okertön, un métal léger, extrêmement résistant, utilisé dans la fabrication des armures naines.
    De plus, la température y est plus élevée que dans les mines supérieures, le taux d'humidité également. Grâce à la présence de nombreux cours d'eaux, les Dweorg parviennent à faire pousser certaines variétés de plantes étonnantes dans ces galeries.
    Elles ne sont pas habitées, mais permettent d'entrer et de sortir du royaume par Triliga (au sud) ou la mer d'Owishi (au nord) Ces passages permettent d'accéder aux galeries supérieurs et à Rocal. De nombreuse forges ont également été installées pour traiter aux plus vite les matériaux extraits de la roche.

    Galeries Inférieures

     

    Elles sont aussi appelées Gverdranr Stork, les galeries des damnés. Loin, très loin sous la surface de la terre, les Dweorgs continuent inlassablement de creuser la montagne. Il leur arrive de rencontrer des poches de lave, qu'ils contournent alors prudemment. La température y est écrasante, et l'air presque dépourvu d'humidité. On ne sait que très peu de chose sur ces galeries, mais il doit y avoir de grands trésors pour que les mineurs osent s'aventurer si loin.
    Toutes sortes de légendes plus ou moins farfelues courent sur cet endroit, et aucun étranger n'a pu y pénétrer. Pour les Dweorgs en revanche, il s'agit d'un rite de passage de passer trois jours, seul dans ces galeries, lorsque l'on atteint l'âge de cent ans.

    Orkal

     

    A l'origine une petite ville construite dans une cheminée naturelle, la cité s'est peu à peu développée. C'est actuellement la capitale de Faïlsa, elle regroupe la quasi totalité des Dweorgs et s'étend sur près de 800km2 et est construite des Galeries supérieurs aux galeries inférieurs.
    Il n'y a pas de réelle logique dans la construction des bâtiments, les petites habitations côtoyants les forges les plus bruyantes. On y trouve des abris troglodytes le long des parois naturelles, ou de belles demeures en pierres colorées sur des places artificielles. Certaines habitations sont construites dans des galeries s'enfonçant dans la montagne, d'autre le long de passerelles vertigineuses entre deux bords de la ville.
    Construit au centre de la cité, le palais royal est une véritable forteresse sous la montagne, permettant d'abriter les personnages importants du royaume, ou des délégations étrangères.

    Population

     

    Heïdlekins

     

    Les Heïdlekins sont un peuple de nomades, vivant à la surface, dans les Hedrïns. Ils parcourent les vallées avec leurs troupeaux et plantent leurs tentes semblables à des tipis pendant quelques semaines, avant de reprendre la route. Ils vivent en échangeant des denrées alimentaires contre divers objets du quotidien, principalement des pièces forgées, avec les Dweorgs.
    Ils sont de petite taille et d'assez faible corpulence. Leurs cheveux blonds, noirs ou bruns sont assez épais, et les hommes sont en général imberbes. Ils sont habillé de vêtements amples, en toile épaisse ou en peaux, dans les tons ocres.
    Vivant de l'élevage et de cueillette, ils sont habitués à la vie au grand air et connaissent très bien la faune et la flore des montagnes. Les herboristes vendent à prix d'or leurs élixirs et leur poisons uniques.
    Les Heïdlekins sont répartis en petits clans d'une trentaine d'individus sillonnants les vallées et les plateaux des Elgaris à la recherche de pâturages fertiles. Leur sens de la famille est très fort. Lorsque deux clans se rencontre, ils n'est pas rare qu'ils fassent un bout de chemin ensemble et qu'ils en profitent pour marier leurs enfants, créant ainsi des liens entre ces groupes. Les mariage s'effectuent toujours entre deux clans, ils consistent à échanger un homme et une femme, pour que chaque clan puisse former un nouveau couple. Les Heïdlekins célèbrent donc toujours plusieurs mariages en même temps.
    Ils ne sont pas soumis à la politique des Dweorgs, et n'ont que peu de lois. La pire sanction pour un Heïdlekin est d'être bannis de sont clan. Dans ces montages, la solitude est semblable à une condamnation à mort.


    Ce ne sont pas des guerriers, mais ils contrôlent leur élément avec une rare dextérité.
    Entre eux, ils communiquent en Heïkin, une langue sifflante bien différente du Dverg qu'ils parlent pourtant couramment. Ils connaissent également la langue commune, mais ne quitte que rarement les hauteurs des Elgaris pour se rendre dans d'autres royaumes. Très proche de la nature, leur déesse est Emina.

    Dweorgs

     

    Les Dweorgs sont le peuple nain le plus important de Faïlsa. Fières, avares et bagarreurs, ils sont connus de tous les royaumes pour leur dédale de galeries, leurs magnifiques pièces forgées, et leur amour des boissons alcoolisées.
    Ils sont de petite taille, mais de très forte constitution, capable de soulever des bloc de pierres imposants, ou de lourds marteaux de guerre. Leur particularité est d'avoir toujours une barbe ou des cheveux tressés et richement décorés. Peuple de forgerons aussi bien que de guerriers, il y a une véritable complicité entre les fabriquant et les porteurs d'armes et d'armures, si bien que chaque pièce est unique, s'adaptant parfaitement au soldat à qui elle appartient. Les forgerons n'aiment pas le travail à la chaine, et veillent à garder une part d'originalité dans chacune de leurs créations.
    Leur amour pour l'or est légendaire. Les Dweorgs ne vous laisseront pas sortir de leurs galeries tant que vous n'aurez pas été faire des emplettes dans quelques une des nombreuses échoppes de leur royaume. Entre eux pourtant, il n'y a presque pas de notion d'argent, puisqu'ils utilisent principalement le troc. L'argent gagné leur sert principalement à acheter des ressources qu'il ne trouvent pas, ou ne fabriquent pas dans les mines, ou à se payer les services de mages étrangers. Préférant en effet le travail physique au travail magique, ils ne développent leur don que pour améliorer leurs techniques d'extraction et de ciselage des métaux, et autre joyaux.
    Il n'y a aucune notion d'inégalité entre les hommes et les femmes qui peuvent exercer les même métiers. Certains prétendent même que les meilleurs forgerons sont en fait des femmes. Et contrairement à une légende très présente chez de nombreux peuples, les naines n'ont pas de barbe.


    Pour les Dweorgs, la pierre est tout, à la fois leur vie est leur mort. Aussi, lorsque l'un d'eux décède, les Akrens, un groupe maitrisant la Terre, changent leur corps du mort en pierre, et l'enterrent dans la montagne. Les nains pensent qu'ainsi, leur esprit est à jamais lié à la roche et aux joyaux qu'ils chérissent, et qu'ils accèdent à l'immortalité.
    Ce peuple est à l'origine du Dvergr, la langue officiel de Faïlsa. Ils ne sont pas très croyant, mais prient souvent Relko pour sa force et son courage, bien que Sën et Kary soient également deux divinité très présentent dans leur vie.

    Korgods

     

    Les Nodroks sont une espèce géante qui habitait Lymlia bien avant que les nains et les humains ne s'y installent. Les Korgods sont considérés comme les plus anciens géants, et ont été peu à peu repoussés vers les montagnes par les humains. Ne survivants pas dans le climat hostile des Elgaris, ils ont élu domicile dans quelques Galeries Supérieurs désaffectées. Pouvant mesurer jusqu'à 5 mètre de haut, ils ont aménagé ces galeries pour en faire de petites cavernes, ou ils vivent par petit groupe d'une dizaine d'individus, de génération en génération depuis près d'un millénaire. Leur peau pâle et verdâtre est le résultat de leur vie loin des rayons du soleil.
    Ils respectent énormément les nains qui leur ont permis de s'installer dans leur royaume, les sauvant ainsi de l'extinction. Mais ils n'hésitent pas à se battre férocement si ceux-ci tentent d'envahir leurs cavernes. Et malgré le tranchant incroyable des lames naines, il est rare que celles-ci parviennent à entamer la peau épaisse des géants.


    Bien qu'étant un peuple sauvage, les Korgods ont tout de même une forme de civilisation, notamment de nombreuses légendes des temps anciens, énoncées à l'aide d'un langage guttural et de gestes. Ils ne croient en revanche à aucun dieu.

    Contexte Politique


    Depuis sa création, Faïlsa est dirigé par les membres de la famille Feirdorn. Dans la langue commune, cela donnerait "lingot d'or", jeu de mot amusant sur leur amour de ce métal précieux. Au fil des générations, cette famille s'est divisée en deux branches secondaires : les Feirdweor et les Gurderin, respectivement les Dweorgs d'Or et les Miniers Argentés.
    Les Feirdorn s'occupent de l'administration générale du royaume, ce sont également eux qui s'occupent des diverses alliances avec les autres royaumes. Les Feirdweor sont une famille de guerrier, ayant la charge de la sécurité du royaume. La famille Gurderin s'occupe de l'aspect économique de Faïlsa. Elle est notamment chargée de gérer les transactions avec les autres royaumes.
    Il n'y a actuellement aucune tension entre la branche principale et les branches secondaires. Le peuple semble satisfait de l'actuel gouvernement.


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  • Eram les menaient vers un amoncellement de roches surmontées par quelques arbres. Laissant sa monture suivre le groupe, Shilaï avait lâché les rênes, et encoché une flèche. Derrière elle, Valgaril avait fait de même. A côté, Dazgan tenait fermement sa lance en scrutant les hautes herbes. Les feulements et grognement des tigres les encerclaient. Personne ne parlait, se concentrant sur ces quelques bruits perceptibles à travers le martèlement des sabots. La moindre seconde d’inattention, et ils étaient morts. Shilaï en venait à souhaiter que les félins passent à l’attaque, pour les libérer de cette attente angoissante.

     Leur salut se dessinait sous la forme d’une petite butte à une centaine de mètres. Un instant, ils crurent qu’ils atteindraient ce terrain boisé ou les tigres ne s’aventuraient jamais. Mais ils passèrent à l’attaque. L’un d’entre eux bondi  sur le monture du Comte qui se cabra pour l’éviter, manquant de désarçonner son cavalier. Les nerfs à vifs, tous les chasseurs réagirent en même temps : Shilaï et Valgaril décochèrent une flèche, Dazgan jeta sa lance, et tous les autres combinèrent leurs éléments pour repousser l’attaque. Blessé, le tigre se retira en boitant avec un feulement de colère.

     Mais alors que tout le monde était concentré sur une seule cible, un autre prédateur s’en pris au dernier membre du groupe. Malgré ses réflexes, l’elfe ne put éviter la charge et tomba a terre, immédiatement cloué au sol par un autre tigre. Un mètre au garrot, le pelage noir strié de rayure blanche, il  grondait en direction des chasseurs qui n’osaient plus faire un geste, de peur qu’il arrache la tête de leur compagnon.

     

     Une seconde passa, qui sembla durer des heures. Deux autres tigres s’approchèrent, mais ils ne firent pas mine d’attaquer. Ils voulaient une proie, ils l’avaient eu. Le reste dépendait du bon vouloir des Chasseurs. 

     Soudain, celui qui maintenait l’elfe au sol fit un bond en arrière. Aussi stupéfait les uns que les autres, les hommes et les tigre le virent se relever, la main plaqué sur son œil gauche, le visage maculé de sang. Des arabesques irradiant une lueur bleutée se traçait sur sa peau tendit qu’il faisait face aux félins. Ceux-ci semblaient a présent terrifiés. L’un d’eux grogna, et l’elfe aboya un mot inconnu aux chasseurs. Aussitôt, les tigres firent demi-tour et disparurent dans la plaine. Valgaril se retourna vers ses compagnons, les motifs bleus disparaissaient doucement. Il eu un pâle sourire et s’effondra. Les Chasseurs sortirent de leur ébahissement.

     Avec l’aide de Dazgan, Logan installa l’elfe évanoui à l’avant de sa monture, puis ils se remirent en route. Sans qu’ils ne comprennent pourquoi, tous les animaux semblaient s’être éloignés. 

     

     Il ne leur fallut que quelques minutes pour arriver au repère. Au sommet de la butte, nommée le Rocher de Damar, le toit en pente d’une maison émergeait de terre, entouré par les arbres. Les refuges des chasseurs étaient tous construits sur le même model : L’abris devait être assez spacieux pour une dizaine de Chasseur ainsi que leurs montures, mais également pour entreposer leur provisions, la viande et les peaux de la chasse. Creusé à environ trois mètre de profondeur, seul le toit en pente dépassait, permettant à la neige de ne pas s’accumuler. La première moitié de l’habitation était réservé aux chevaux. La deuxième partie, construite en demi-cercle, était pour les Chasseurs. Cinq petites alcôves sur les côtés servaient de chambre. Elles étaient délimitées par de lourdes tentures en peau, qui donnaient un semblant d’intimité. Le centre de la pièce était une salle commune, au milieux de laquelle brulait presque en continu un grand feu. La nourriture était entreposée au froid, dans une pièce annexe, et les peaux, une fois traitées, s’empilaient au fur et à mesure dans la salle commune.

     Arrivés devant le refuge, les Chasseurs mirent pied à terre. La lourde porte en bois était fermé, et semblait encore en parfait état. Inori posa sa main contre le battant et fit jouer le mécanisme pour l’ouvrir. Simple, mais efficace, et nul besoin de clef.

     Azaëlle fit danser quelques flammes au bout de ses doigts et ils entrèrent, suivit de leurs chevaux. Une pente douce permettait de descendre. L’intérieur non plus, ne semblait pas avoir subit de dommage. Le groupe poussa un soupir de soulagement et chacun se mit au travail malgré les épreuves de la journée. Azaëlle jeta quelques buches de la réserve dans le foyer et alluma un feu pour éclairer l’ensemble du refuge. Logan et Vyx déposèrent Valgaril, toujours inconscient, sur le sol en terre battue et examinèrent rapidement ses blessures. Ils virent immédiatement qu’ils ne pourraient pas sauver son œil. Les griffes du tigre lui avaient ouvert toute la partie gauche du visage. Pendant ce temps, Eram et Naoki étaient ressortis chercher du bois. Shilaï, Inori et Dazgan s’occupaient des chevaux. Ils trouvèrent quelques ballots de paille encore sec et la rependirent au sol, avant de donner du grain et de l’eau aux bêtes fatiguées. Les chasseurs les dessellèrent et retournèrent dans la salle commune, laissant les chevaux se reposer. Une simple corde tendue délimitait les deux parties.

     Chacun ayant fini les taches qu’ils s’étaient rapidement assignés, ils se retrouvèrent autour du feu. Laissant Logan s’occuper des blessures de Valgaril, le vampire était aller ouvrir le conduit qui servait de cheminé. Il était encore un peu noir de suie, mais au moins, ils ne mourraient pas enfumé cette nuit. Ils se rassasièrent rapidement avec la viande des gyans que Naoki avait dépecé. Chacun fixait les flammes en silence, mais les regards déviaient souvent sur l’elfe encore inconscient. Au bout d’un moment de silence devenu pesant, Inori se tourna vers Vyx :

     - Qu’est-ce qu’il s’est passé tout à l’heure ?

     Tout le monde savait de quoi elle parlait. Le vampire se contenta de hausser les épaules.

     -  Aucune idée. Il y a beaucoup de chose que nous ignorons sur les vieilles magies…

     - Tout de même… Cela fait quelques années que nous le connaissons, il est déjà venu chasser pendant la saison chaude, mais jamais rien de tel ne nous est arrivé… Toi qui es son ami depuis longtemps, tu n’aurais pas une idée sur ce phénomène… étrange ?

     - Non, répondit-il laconiquement.

     Un nouveau silence s’installa.

     - Les magies perdues existaient durant l’Âge Noir, intervint Eram. Vu la longévité des elfes, il est possible que certaines aient survécu parmi ce peuple…

     - Le plus simple serait peut être de lui poser la question, marmonna sa fille.

     - Je doute qu’il y réponde, sourit Dazgan. On a beau le connaître depuis quelques années, il ne nous a jamais dit grand chose sur lui.

     Comme si cela annonçait la fin de la discussion, les Chasseurs se levèrent et se dirigèrent vers leurs alcôves. 

     - Je prends le premier tour, annonça Shilaï.

     Elle était exténuée, mais savait qu’elle ne pourrait pas s’endormir tout de suite.

     - Que fait-on pour Valgaril ? demanda Azaëlle.

     - On devrait éviter de le déplacer jusqu’à ce qu’il reprenne connaissance.

     Shilaï hocha la tête et s’installa à côté du feu qui baissa doucement, fermant les yeux pour mieux écouter les bruits de la nuit.

     

     Une vingtaine de minutes plus tard, alors que les autres chasseurs dormaient à poings fermés et que du feu ne restait plus que des braises, Valgaril remua. Shilaï ouvrit les yeux, et attendit qu’il reprenne totalement connaissance. Il porta la main au bandage qui lui entourait une partie du visage, palpant précautionneusement le vide laissé par son œil gauche.

     - Tu devrais éviter d’y toucher pour le moment, intervint la jeune fille. 

     Il marmonna quelque chose et son bras retomba mollement à côté de lui.

     - Qu’est-ce qu’il y a ?

     - Je disais : Des siècles passé à guerroyé sans la moindre blessure sérieuse, et je me fais arracher un œil par un simple tigre… Ça me servira de leçon, vos montagnes sont tout aussi dangereuses qu’un champ de bataille.

     Shilaï hocha la tête, mais ne parvint pas à poser la question qui lui brûlait les lèvres. Valgaril sembla s’en rendre compte, car il tourna la tête vers elle, la dévisageant de son œil unique.

     - Tu voulais me dire quelque chose ?

     - Comment as-tu… Enfin, qu’est-ce que tu as fais tout à l’heure ?

     L’elfe garda le silence pendant un long moment.

     - C’est une forme de contrôle de l’esprit des bêtes, dérivé de la magie des invocateurs. Eux enchaines les bêtes en leur imposant une loyauté sans faille. Moi je leur imprime une peur irrationnelle dans l’esprit, les faisant fuir.

     Nouveau silence.

     - Enfin, oublie ça. Il y a certaines choses dont personne ne devrait se rappeler… 

     - Si tu le dis, marmonna la jeune fille. Mais ça m’étonnerait que mon frère ou mon père te laisse tranquille avec ça. Ils adorent les mystères de la magie…

     - Pas toi ?

     Elle haussa les épaules.

     - Maîtriser mon élément me suffit amplement pour ce que j’ai à faire. Je ne vois pas l’utilité d’apprendre par cœur une langue dont seul les mages se servent encore. Je préfère simplement me perdre dans les bois, suivre les pistes et écouter les Elgaris.

     - Et dangereuses comme elles sont, ne crois-tu pas que la puissance des éléments est nécessaire ?

     - J’ai plus le réflexe de tirer une flèche ou un couteau, plutôt que d’utiliser mon élément.

     Chacun retourna à ses pensés, puis l’elfe se leva en chancelant.

     - Tu as besoin d’aide ? s’inquiéta Shilaï.

     - Ça ira. Je te laisse à ta garde. Il faut que je me repose.

     - En effet, tu n’as pas l’air très en forme…

     - Foutue magie, grogna Valgaril en se détournant.

     Il écarta la lourde peau qui masquait l’entré d’une alcôve vide, et la jeune fille l’entendit s’affaler comme une masse sur la paillasse. Elle grimaça, désolé pour lui. Le début de la chasse avait vraiment été éprouvant cette année, elle espérait que la saison froide serait plus tranquille.

     Une heure plus tard, Azaëlle vint prendre sa place. Shilaï s’allongea sur la couverture qu’elle avait étendue à même le sol dans l’alcôve qu’elle partageait avec Vyx. Elle était trop lasse pour mieux s’installer. Le lendemain, la Chasse pourrait commencer.


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  •  -Aller! Dépêches-toi!

     -J'arrive.

     Le jour se levait à peine Shilai regarda quelques instants les montagnes des Elgari se parer de rouge et d'or par la fenêtre de sa chambre. Vêtue d'une tunique en cuir sans manche passée au-dessus d'une épaisse chemise en laine et d'un pantalon en toile noire, elle était prête à affronter les rigueurs de l'hiver dans les montagnes pour participer à la grande  Chasse annuelle du comté de Leria. Il ne lui restait qu'un petit détail à régler. Elle dégaina son poignard et, d'un geste sûr, se coupa les cheveux. Elle les ramassa et les laissa s'envoler par la fenêtre. Ébouriffant ce qui lui restait sur la tête, elle remit son poignard à sa ceinture en souriant. Beaucoup mieux.

     Durant la saison froide, elle aurait quinze ans et était l'une des plus jeunes chasseurs. Mais personne n'aurait songé à la dissuader de participer, malgré les dangers des Elgaris. D'une part, tout le monde connaissait son caractère buté et reconnaissait ses qualités de chasse, d'autre part, ici, les faibles ne survivaient pas. Autant qu'elle soit confrontée le plus tôt possible au danger pour qu'elle sache comment se débrouiller.

     -Shilaï! lui cria son frère dans le couloir.

     -Oui!

     La jeune fille attrapa son sac, mis sa cape, passa son arc et son carquois sur son dos et sortit en trombe de la chambre.

     -Enfin, repris Naoki exaspéré. Tu sais que...

     Il avisa soudain la coupe très courte de sa sœur.

     -Encore... soupira-t-il.

     -Oui, je sais que nous devons nous dépêcher de partir pour atteindre le refuge le plus rapidement possible. Mais s'il est dans la zone des Avrats, on devrait y arriver facilement avant la nuit. Et oui, encore.

     Elle sourit de toutes ses dents lorsqu'il leva les yeux au ciel.

     C'était la troisième année qu'elle participait à la Chasse, et à chaque fois, elle se coupait les cheveux. Ce qui avait le don d'exaspérer son entourage.

     -C'est mieux de ne pas les avoir dans les yeux quand on chasse, se justifia-t-elle.

     -Et ce n'est pas plus simple de les attacher, demanda son demi-frère en nouant ses longs cheveux noirs.

     Naoki avait eu vingt deux ans cette année. Et il était dans sa période noire. De sa tunique à ses bottes, tout était noir. Ce qui s’accordait très bien à ses cheveux qu'il avait hérité de sa mère, Inori. Son père avait dû lui léguer sa grande taille, sa musculature fine mais puissante, et ses magnifiques yeux bleus. Inori n'avait jamais voulu lui dire qui il était. Cela, le jeune homme s'en fichait un peu, mais il savait qu'il n'était pas un Sang Pur. De ce fait, il avait du mal à se considérer comme le fils d'Eram qui l'avait pourtant élevé comme son vrai père. Il attribuait plus ce rôle à Vyx qui avait lui aussi contribué à son éducation.

     Au contraire de son demi-frère, Shilaï était très petite et frêle, et le resterait certainement. Comme sa mère, elle avait les yeux en amande et les cheveux raides. Mais elle avait les yeux gris et les cheveux bruns de son père.

     -Où sont les autres? demanda-t-elle pour changer de sujet.

     -On doit se retrouver à la Pierre Verte au lever du soleil. Autant dire tout de suite qu'on y sera pas.

     -On a encore cinq bonnes minutes, s'exclama-t-elle en s'élançant dans le couloir.

     Naoki couru à sa suite en soupirant. Les deux jeunes gens déboulèrent dans les écuries en faisant hennir les chevaux.

     -Plus que quatre minutes, rigola Naoki en entrant dans son jeu.

     Shilaï lui tira la langue et installa deux sacs contenant un peu de nourriture, une outre d'eau, des pointes pour ses flèches et ses affaires de couchage en croupe d'Azcan, sa pouliche grise. Elle mis rapidement les rênes. Sachant très bien monter à cru, elle se passa de selle. Dans le box d'à côté, son demi-frère faisait de même avec son grand cheval noir. Il se hissa sur sa monture et déclara:

     -Prête pour un galop?

     Shilaï ne put s’empêcher de sourire en le voyant ainsi.

     -Prête monsieur le chevalier noir.

     Il éclata de rire et talonna son cheval, aussitôt imité par sa demi-sœur. Ils passèrent au plein galop dans les ruelles tortueuses de la ville, forçant les gens à s’écarter précipitamment sur leur passage. Mais au lieu d'un concert de protestations et d'insultes, ils eurent le droits à des encouragements. Tous savait qu'équiper ainsi, ils participaient à la Chasse. Et qu'ils risquaient de perdre la vie dans les Elgari. Shilaï et Naoki en étaient tout à fait conscients. En fait, ils savaient que la première journée était décisive. S'ils rejoignaient le refuge à temps, avec tous les membres de leur groupe en bonne santé, ils avaient de bonnes chances de passer la saison froide.

     Les premiers rayons de soleil virent éclabousser d'or les toits d'ardoise. Ils accélérèrent.

     -On est en retard!

     Sortant de la ville, ils s'enfoncèrent dans les sous-bois en suivant les sentiers. Peu de temps après, ils arrivèrent devant un gros rocher couvert de mousse vert émeraude. Sept personnes les y attendaient.

     -Vous en avez mis du temps s'exclama Eram en les voyant mettre leurs montures au pas.

     -La faute aux cheveux de la sauvageonne, répliqua Naoki.

     -Tu les as encore coupé! s'exclama Inori.

     Elle regarda la nouvelle coupe de sa fille en soupirant. 

     -Tu aurais au moins pu demander à Sao de te faire ça correctement.

     -Je ne vais pas faire un concours de beauté avec les mibas que je sache.

     -Ma fille est désespérante, se lamenta son père.

     -Je pense qu'on devrait y aller, intervint Vyx. Vous connaissez tous la règle: direction le refuge.

     Le vampire avait été choisit pour diriger la Chasse du petit groupe qu'ils formaient. Les chasseurs se répartissaient toujours par groupes d'une dizaine - c'était suicidaire de vouloir se mesurer seul aux Elgari - et passaient toute la saison froide à lutter ensemble. Ceux ne respectant pas les règles décidées par le groupe et se montraient dangereux étaient impitoyablement écartés et livrés à eux-mêmes. Les tentatives de mutineries n'étaient donc pas nombreuses... De toute façon, les chasseurs avaient trop conscience des risques pour songer à nuire au groupe. Il y avait cependant un étranger cette année: Valgaril. C'était un elfe de passage dans le comté, et une vieille connaissance de Vyx. Aussi, ce dernier lui avait proposé de rester pour la Chasse. Le vampire étant respecté et bien connu du Compe lui-même, il avait été admis qu'un étranger y participe.

     Autre l'elfe, il y avait la famille du Compe au grand complet, Dazgan, un jeune homme de vingt ans, ami de Naoki, et Logan et Azaëlle, un couple de chasseurs. Après les salutations d'usage, ils se mirent en route dans la bonne humeur.

     Ils avancèrent dans les bois au petit trop pendant une bonne heure avant de se retrouver devant une falaise vertigineuse. Seul un petit sentier escarpé permettait de se rendre au sommet. Un cheval classique n'aurait pas pu passer. Mais les cheveux d'Elgari, ceux que montaient les chasseurs, étaient une bizarrerie de la nature. Leurs sabots se séparaient en deux, comme ceux des chèvres, ce qui leur permettaient d'avoir un excellent équilibre et de prendre des chemins escarpés comme celui-ci. Sans aucune hésitation, ils s'y engagèrent.

     Au fur et à mesure de la montée, les humains sentaient avec déchirement leur esprit les abandonner. Pour une raison que les meilleurs mages ne parvenaient pas à expliquer, l'utilisation de son esprit était tout simplement impossible dans ces montagnes. Les visions prémonitoires et les fuites faciles n'y étaient pas possibles. Tous les chasseurs avaient déjà connu cette sensation, mais ce n'était jamais agréable pour autant. Shilaï sentaient un peu comme un manchot, qui aurait voulu saisir son épée pour se battre, avant de se rappeler qu'elle n'avait plus de bras. Sans son esprit, elle avait l'impression que c'était une partie d'elle qui avait disparu.

     Arrivés en haut, ils firent face à un impressionnant enchevêtrement d'arbres, de lianes, de fougères et autres plantes. La saison froide approchante, presque toutes les plantes arboraient des feuilles d'or. Çà et là, des fleurs aux couleurs chatoyantes venaient apporter des touches de bleu, de rose ou de vert. De temps en temps, ils voyaient la barrière végétale frissonner et entendaient bruisser les feuilles suite à la course d'une quelconque bestiole. À cela se mêlait bien sur des feulements, des grognements et autres cris en tous genres.

     -Bienvenue dans les Elgari, souffla Logan avec respect.

     Ils longèrent la falaise pendant de longues minutes, à la recherche d'une trouée dans le mur de plantes, jusqu’à ce que Naoki désigne un chemin qui lui semblait praticable.

     -Et si on tentait par là?

     -Essayons, acquiesça Vyx. On ne peut pas continuer le long de cette falaise indéfiniment.

     -Le refuge se trouve au rocher de Damar, intervint Azaëlle. En coupant tout droit par ici, on devrait y être assez rapidement.

     -J'aimerais bien qu'on puisse aller tout droit dans cette maudite forêt, grogna Dazgan. Labyrinthe, elle porte bien son nom.

     Ils décidèrent quand même de suivre le chemin proposé par Naoki. Ils n'avaient pas grand-chose d'autre à tenter. Comme l'avait dit Dazgan, Labyrinthe était une forêt dangereuse. Elle changeait de visage chaque jour et abritait des créatures que l'on n'aimait pas trop retrouver devant soi... Mais c'était le plus proche chemin pour parvenir au refuge.

    S'ils ne l'atteignaient pas, Labyrinthe ou pas, ils ne passeraient pas la nuit.

     La luminosité baissa sensiblement dès qu'ils entrèrent entre les plantes. Une forte odeur d'humus prenait à la gorge. Ils entendaient plus distinctement les cris et les hurlements des animaux qui habitaient ce lieu. Les chevaux n'étaient pas rassurés mais, dociles, ils suivaient le petit sentier en fils indien. Chaque chasseur avait pris une arme en main. Une lance pour Eram et Dazgan, un arc pour Shilaï et Valgaril, une dague de jet pour Vyx, une arbalète pour Inori, une fronde pour Azaëlle et des poignards pour Logan et Naoki. Tout le monde était sur ses gardes, mais ils comptaient un peu inconsciemment sur les sens surdéveloppés du vampire et de l'elfe pour les prévenir du danger.

     Vyx, en tête, arrêta soudain sa monture en humant l'air. Valgaril leva soudain son arc et tira tandis qu'Azaëlle se retournait et envoyait une pierre dans les fourrés. Deux glapissements se firent entendre et une sorte de gros chat brun, moucheté de beige, tomba devant la monture de l'elfe.

     Ce fut le signal de l'attaque.

     Les petits félins n'étaient pas très impressionnants, mais ils étaient rapides, agiles, et nombreux. Dans l'enchevêtrement de plantes, les chasseurs avaient du mal à se battre. Les flèches et les poignards étaient arrêtés par les arbres, les lances se prenaient dans les lianes, et les chevaux étaient difficiles à contrôler dans cette panique. Après avoir une nouvelle fois manqué sa cible, Azaëlle rangea sa fronde et créa une petite étincelle. Portée par un souffle de vent de Logan, elle alla embraser les feuilles mortes. Dès qu'ils sentir la fumé, leurs attaquants se dispersèrent dans les fourrés en feulant de colère. Shilaï et Dazgan utilisèrent immédiatement leur élément pour faire tomber une trombe d'eau sur le début d’incendie. 

     Naoki se laissa glisser à terre et ramassa la dépouille du félin.

     -Un gyan...

     Eram revint vers le groupe, tenant trois autres corps par leurs queues touffues.

     -Ces chats sauvages sont une vraie calamité quand ils chassent en groupe. Mais leur peau est jolie, ils n'ont pas encore leur pelage d'hiver.

     Il se remit en selle et mit les dépouilles en travers de l’encolure de son cheval.

     -Mais nous ne devrions pas traîner ici, repris Vyx. En route.

     Ils ne subir pas d'autres attaques, mais ralentirent à peine l'allure, alternant entre trot et galop. Labyrinthe jouait sur les nerfs des Chasseurs en leur présentant des fourrés infranchissable, les faisant souvent rebrousser chemin.

     -Le soleil se couche annonça Azaëlle d'une voie tendue.

     -Il faut absolument sortir de là, s'énerva Logan. Ou nous allons servir d'engrais pour ces maudites plantes d'ici demain.

     Personne ne répliqua, chacun sachant qu'il avait raison. Il n'y avait pas deuxième chance entre ces arbres...

     -Il nous reste une heure, tout au plus, marmonna le comte en scrutant le fouillis de plante qui leur interdisait le passage.

     -Les chevaux nous encombres, annonça Vyx après quelques minutes silencieuses. La sortie est peut-être toute proche, mais cette barrière végétale nous empêche de nous en rendre compte. Naoki, Dazgan, Eram et Logan, suivez-nous à une certaine distance de la piste et essayez de voir quelque chose. Appelez immédiatement s'il vous arrive quoi que se soit et ne prenez pas de risques inutiles.

     Les quatre désignés mirent immédiatement pied-à-terre et se séparèrent entre les arbres. Ils ne faisaient pas le moindre bruit sur les feuilles mortes. Rapidement, ils disparurent de la vue de reste du groupe. Vyx remit son cheval au pas.

     -Continuons.

     Shilaï attrapa d'une main tremblante le cheval de son demi-frère par la bride, pour qu'il n'ai pas l'idée de se sauver s'ils se faisaient de nouveau attaquer, et suivit le vampire. C'était la première fois qu'elle se faisait piéger ainsi par Labyrinthe. Leurs chances de s'en sortir étaient minces, elle le savait.

     Bien qu'étant seul, entouré par les cris des bêtes nocturnes qui commençaient à se réveiller, Naoki avait beaucoup moins peur que ça demi-sœur. Lors de sa première Chasse, il avait vécu une situation semblable, et le vampire avait pris la bonne décision en envoyant des éclaireurs hors des pistes praticables. Il espérait juste qu'ils auraient autant de chance cette fois-ci.

     

     Le jeune homme s'arrêta soudain, fixant intensément le rideau d'arbres qui lui faisait face. Il semblait que... Oui, c'était de plus en plus lumineux. Il courut presque, et aperçut entre les branches la lune qui se levait au-dessus des cimes des Elgaris, éclaboussant d'argent un grand plateau parsemé de petits bosquets. Il poussa un soupir de soulagement et remercia Vyx pour son intuition.

     Il ferma le poing, se laissant envahir par la puissance de son élément, puis déplia deux doigts et tendis le bras dans la direction de ses compagnons. Un petit souffle de vent l'enveloppa avant de filer à l'endroit indiqué, ramassant au passage de la poussière et des petits grains de sable pour se rendre visible. Ce n'était pas pour rien que le vampire avait désigné ces quatre personnes en particulier. Chacun avait une très bonne maîtrise de son élément, pour pouvoir guider les autres s'il trouvait quelque chose.

     Naoki s'adossa contre un arbre et ferma les yeux, écoutant avec attention tout ce qui l'entourait, les ululements d'oiseaux nocturnes, les glapissements d'un petit carnivore qui rassemble ses petits, le bruissement des feuilles qui provoquaient la course de quelques rongeurs... Seuls les chasseurs comprenaient à quel point les Elgaris étaient dangereuses, mais également comme elles étaient belles.

     Il ouvrit soudain les yeux et dégaina ses poignards, se tournant vers un bruit qu'il n'avait pu identifier. Dazgan leva les mains en souriant.

     -Toujours autant sur tes gardes.

     -Il vaut mieux par ici, répondit-il en se détendant. Les autres arrivent .

     -Je pense qu'ils ne vont pas tarder. Tout le monde a hâte de quitter cet endroit.

     Comme pour lui donner raison, une odeur de bois brûlé leur parvint.

     -Ne jamais contrarier Azaëlle, marmonna Dazgan.

    Tout leur groupe, Eram et Logan ayant récupéré leurs montures, arriva guidé par la jeune femme qui carbonisait les branches qui entravaient leur progression. Les deux jeunes hommes récupérèrent leurs chevaux, et ils sortir avec soulagement de Labyrinthe. Derrière eux, le soleil dardait ses derniers rayons au-dessus de la forêt.

     Ils faisaient face à une grande plaine à l'herbe haute, d'où émergeaient çà et là des monticules de pierres sombres.

     -Je vous arrête avant vos effusions de soulagement, dit le vampire en regardant le soleil se coucher. Nous ne sommes pas encore tiré d'affaire. Eram, où est le refuge ?

    Le comte pris la tête du groupe lancé au galop et les guida dans la plaine. L'astre du jour avait disparu, et le ciel s'assombrissait de minute en minute. Les cris des bêtes qui les avaient suivi toutes la journée à bonne distance se rapprochaient de plus en plus. Shilaï surprit un mouvement dans les herbes hautes. Logan s'en était également aperçu.

     -Les tigres sont réveillés, cria-t-il pour se faire entendre au milieu du martèlement des sabots.

     -Accélérez, hurla le vampire.

     Shilaï se coucha sur l’encolure de sa pouliche, lui murmurant des encouragements à l'oreille. Mais comme les autres chevaux, épuisée par la course dans la forêt, elle commençait à ralentir.


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    Inori ne regretta jamais sa décision de rester avec Eram. Elle retrouva peu à peu ses habitudes de Sang Pur, et ses souvenir d'esclavage s'estompèrent lentement, bien qu'ils feraient à jamais partie d'elle.
    Les habitants du petit comté l’acceptèrent rapidement, malgré sa peau pâle et ses cheveux noirs qui suscitèrent des regards curieux pendant plusieurs plusieurs années. Elle sut bien vite se mêler au peuple, que se soit lors de riche réceptions bourgeoise ou bien en se promenant dans les ruelles tortueuse de la ville bâtie au pied du château, aidant et discutant avec les plus pauvres.
    Niché dans les montagnes d'Elgari, Leria était habité par des gens bien bâtis, à la peau basanée par le soleil et aux cheveux et aux yeux clairs. Peu de terres étant cultivables, l'une des seules activité viable de la région était la chasse. Ici, le fait de chasser prenait des dimensions sacré, car c'était cela qui faisait vivre le comté, mais également parce que les montagnes étaient extrêmement dangereuses. Quiconque s'aventurait seul dans les Elgari, fusse-t-il le meilleur guerrier du Royaume, n'en ressortait pas indemne. Seul les Chasseurs de Leria connaissaient les pièges de la montagne et pouvaient se mesurer aux créatures, rarement herbivores, qui l'habitaient. Ils ramenaient ainsi des peaux et de la viande qui étaient très rechercher dans tout le royaume.

    Inori appris l'art de la chasse avec Vyx, mais ne put participer à la grande chasse annuelle à cause de sa grossesse. Une vingtaine de jours avant les premières neiges, les Chasseurs partaient en petits groupes et passaient toute la saison des neiges dans l'enfer glacé des Elgaris. Certain ne revenaient jamais, mais tous étaient conscient du danger. La vie était dure dans le nord et chacun l'avait accepté. Le vampire y participa, et contre toute attente, Inori regretta sa présence et ses bons conseils.
    Sa grossesse lui interdisant les activités physiques, elle repris le contrôle de son élément et de son esprit, la terre et l'énergie. Eram insista pour lui apprendre les Mots Interdits, mais elle préférait l'adrénaline du combat à la patience et la concentration requise pour maîtriser les éléments. Elle passa également beaucoup de temps avec Sao qui devint vite sa confidente.

    Lorsque les neiges commencèrent à fondre et que les Chasseurs redescendirent dans la vallé, Inori donna naissance à un petit garçon. Il lui ressemblait beaucoup avec ses cheveux noirs et sa peau blanche, mais ses yeux étaient d'un bleu profond magnifique.
    -Son père était demi-elfe, murmura-t-elle en voyant son regard curieux se poser sur le monde.
    Elle l'appela Naoki.

    Les Familles ne virent leur rendre visite qu'une seule fois, lorsqu'à quinze ans, Inori devint officiellement la compagne d'Eram. Elle se fit tatouer une tête de loup sur l'épaule droite, montrant qu'elle était à présent une Leria, et que les Misora n’existaient plus... La jeune fille fut atterrée en voyant si peu de monde : Les Sang Pur n'étaient plus qu'une soixantaine dans tout le Royaume. L'union de deux d'entre eux étaient assez importante pour qu'ils se soient tous déplacés, malgré le danger des Assassins.
    Les années passèrent et Inori participa avec joie à plusieurs grandes Chasses, en compagnie d'Eram et de Vyx, Naoki restant sous la bonne garde des nymphes. Lors d'une de ces expédition, le comte se fit attaquer par une miba géante. Il en réchappa de justesse et garda comme souvenir trois cicatrices ur sa pommette gauche.

    Naoki grandit rapidement, pour le plus grand bonheur des nymphe, particulièrement des aurae car il était d'élément air. Et il ne se gênait absolument pas pour l'utiliser, causant souvent le désordre dans le château. Ainsi, il détruisit la salle d'arme à six ans, avant que les aurae ne parviennent à maîtriser la tornade. Malgré son jeune âge, Eram décida de lui apprendre la langue de Saën pour canaliser sa puissance. Et éviter qui ne rase le château avec ses expériences.
    Il ne se passionna pas pour la Chasse, contrairement aux autres enfants de son âge, trop absorbé par la puissance des Mots Interdits. Il n'échappa pourtant pas à une formation guerrière très poussé de la part de Vyx et de sa mère, le danger des Assassins restant bien présent.

    Agée de vingt et un ans, Inori s'était parfaitement adapté à la vie dans le comté, rythmée par les Chasses et les saisons. Elle vint un jour trouver Eram et Naoki et leur déclara simplement :
    -Je suis enceinte.

    La petite fille naquis pendant la saison des neiges, alors que le blizzard faisant trembler les murs. Elle avait le visage de sa mère, et les yeux gris de son père. Ils l'appelèrent Shilaï.
    Tous semblais si parfait à ce moment là. Les Assassins s'étaient fait oublier, ils n'étaient à cet instant qu'une famille heureuse. Personne n'aurait pu deviner que la petite fille qui dormait paisiblement dans les bras de sa mère serais la dernière des Sang Pur...


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  • Lorsque le soleil se leva, elle s'assit sur le lit. Regardant par la fenêtre elle vit de hauts arbres dont les feuilles brillaient encore de la rosée de la nuit. Une immense forêt semblait s'étendre juste sous sa chambre. Quelques conifères bien visible à cause de leur couleur plus sombre parsemaient les bois. Un rapace traversa le ciel bleu comme une flèche et elle entendait les ricanements de mibas, une espèce de hyène des neiges. Son maître devait l'avoir emmener au nord du Royaume... Pour peu qu'elle soit encore à Triliga... C'était incroyable qu'on puisse se déplacer si loin en si peu de temps. Si loin... Loin de quoi ? De cette maison close ou elle était enfermé depuis trois ans ? Inori prit une grande bouffé d'air. La liberté lui semblait un peu plus proche dans cette région sauvage, loin de l'enfer Gameard.

     Elle passa une main sous sa robe, sur son ventre légèrement renflé. Qu'allait-elle faire de cet enfant ? Elle ne savait même pas qui en était le père – bien qu'elle espérait que ce soit ce beau demi-elfe qui avait pu lui redonner un peu d'espoir. Après tout, cela avait-il une importance ? Elle ne savait même pas si elle voulait le garder... Et si elle le voulait, qu'en ferait son maître ? Un autre esclave bien sur... Finalement, elle n'avait même pas à se poser de question. Il fallait absolument qu'elle s'en débarrasse, préférant le tuer plutôt que de le condamner à l'esclavage.

     C'est sur ces pensées que la porte s'ouvrit, laissant le passage à son nouveau maître. Elle fut immédiatement captivé par son regard gris glacé.

     -Bien dormi ?

     Elle hocha timidement la tête, surprise qu'il se préoccupe de son état.

     -Je ne sais vraiment pas quoi faire de toi... Vyx m'a raconté ton histoire, enfin, ce que tu lui a dit hier soir. Il te reste de la famille quelque part ?

     La jeune fille fronça les sourcils, ne comprenant pas ou il voulait en venir.

     -Je ne sais pas, répondit-elle prudemment. Nous vivions un peu reculé, dans une régions principalement habité par les géants qui ne comprenait pas notre supériorité car... nous somme de constitution assez faible. C'est peut être pour cela que nous sommes partis... Je pense que je comprenais pas vraiment le danger qu'ils pouvaient représenter.

     Le jeune homme hocha la tête sans qu'aucune émotion n'apparaisse sur son visage.

     -Je te pris de m'excuser pour cette nuit où tu as du te torturer l'esprit à te demander ce qui t'attendait.

     -Vous n'avez pas à vous excusez, rougit Inori, vous êtes mon maître.

     -Maître ou pas, je ne me suis même pas présenté. Je suis Eram, et je dirige le petit comté de Leria, au nord du Royaume.

     Il marqua une pause et la regarda intensément.

     -Je suis également un Sang Pur.

     L'esclave le regarda stupéfaite.

     -Je connaissais déjà ton histoire, reprit-il, mais je voulais être sur que c'était toi... Il y a trois ans, les dernier descendants des Misora ont été tué dans une embuscade commandité par les Assassins. Mais parmi les pillards, une rumeur courait comme quoi ils auraient trouvés, dans décombres d'une caravane, une fillette à la peau blanche et aux cheveux noirs. Le lieu décrit ressemblait aux berges du Tenge, l'endroit où ont été exterminé les Misora, ainsi que tous ceux qui les accompagnaient...

     La jeune fille pris son visage dans ces mains et se mit à pleurer. Pourquoi les larmes se remettaient à couler le long de ses joues ? Peu après ce drame, elle avait pleurer de rage, de tristesse, de honte et de désespoir pendant plusieurs jours. Lorsque Narkrin Orgs l'avait acheté et qu'elle avait toucher le fond de l'enfer, elle ne se pensait plus capable de pleurer tant la vie lui semblait être une absurdité. Elle avait durcit son cœur, refusant de céder, mais prête à tout pour trouver une faille qui lui rendrait sa liberté.

     Mais se retrouver devant quelqu'un qui savait avait brisé les barrières qu'elle s'était érigé autour de son cœur...

     Eram s'assit à côté d'elle et la prit dans ses bras.

     -Ne t'inquiète pas, ça va aller.

     Elle avait promis de se montrer forte, de ne pas se laisser intimider, de ne pas montrer ses faiblesses... Mais elle n'en pouvait plus. C'était trop. Toute la peur, l'horreur et le dégoût qu'elle avait accumulé ces dernières années l'avait contrainte à de gros efforts pour ne pas craquer. Mais il avait suffit d'une demi-journée libérée de l'atmosphère de terreur qui planait sur les esclaves pour perdre le contrôle de ses émotions.

     Elle pleura longtemps dans les bras de son maître. Entre deux sanglots, elle se maudit de s'humilier ainsi devant le premier Sang Pur qu'elle voyait depuis plus de trois ans. Mais après tout, elle était esclave... Et les esclaves étaient fait pour être humiliés, pour subir toutes les folies de leur maître...

     Quand elle fut calmée, elle voulu s'écarter, mais il la tint serré dans ses bras et lui murmura à l'oreille :

     -Tu es libre.

     Le collier d'esclave se brisa en un claquement sec et tomba sur les draps bleus.  Inori regarda le lien de cuir qui, pendant trois ans, l'avait asservit, avait été sa prison. Elle regarda celui qui l'en avait délivrer, stupéfaite.

     -Pourquoi ?

     -Parce que les Sang Pur ne sont pas fait pour être enchaînés.

     Il se détacha d'elle et la regarda longuement.

     -Je t'ai cherché pendant ces trois ans où tous te croyaient morte. Je suis tellement soulagé de te revoir. Tu te souviens ? Ma Famille et la tienne était assez proche, nous jouions ensemble lorsque nous étions petits.

     -Je... je suis désolé... Je ne me souviens pas de vous...

     -Tu peux me tutoyer tu sais. Je trouve ça bizarre d'être vouvoyé par son amie d'enfance. Je voulais te demander si tu te souvenais que tu étais la promise de Havorl de Meikany ?

     La jeune fille fronça les sourcils, tentant de retrouver les souvenirs heureux de son enfance qu'elle avait tenté d'oublier.

     -Havorl... Je croyais qu'il était mort lors d'un accident de chasse.

     -C'est exact... Mais visiblement, tu ne connais pas la suite. Le déménagement qui a signer la perte du clan Misora avait deux but : Vous mettre en sécurité... Et que tu devienne ma compagne.

     Inori resta hébété pendant quelques seconde. Ça, a famille s'était bien gardé de le lui dire...

     -N'ayant personne pour t'y contraindre, tu fais ce que tu veux, s'empressa-t-il d'ajouter, voyant qu'elle ne répondait pas. Je pense que tu ne va pas pouvoir supporter d'ordres pendant quelques temps...

     -C'est juste que... Tu m'as surprise. En faite, je suis surprise depuis que tu m'as acheté. Il encore quelques heures, j'étais une esclave voyant défiler des hommes ignobles à longueur de journée. J'ai tremblé toute la nuit, ne sachant pas ce que tu voulais faire de moi, et craignant de servir de dîner au vampire... Et en quelques minutes, j’apprends des tas de chose sur ma Famille de la part d'un ami d'enfance dont je n'ai aucun souvenirs. Pourquoi les Assassins ont voulu détruire ma famille ? Excuse-moi, je ne sais plus ou j'en suis...

     Eram eu un sourire gêné.

     -C'est de ma faute, je n'aurais pas du te dire tout ça d'un coup. Je pensais que tu irais mieux lorsque tu aurais pris ta décision.

     La jeune fille regarda par la fenêtre quelques secondes, écoutant le chant des oiseaux. Le jeune comte attendit tranquillement qu'elle reprenne la parole.

     -Est-ce que... Je peux rester ici quelque temps ? Pour pouvoir me décider ?

     -Bien sur. Je vais te laisser réfléchir. Appelle la néréide si tu as faim.

     Il sortit de la pièce, la laissant de nouveau seule avec ses pensées. Dès que la porte se referma, Inori se remis à pleurer, de soulagement cette fois. Un grand sourire illuminait son visage pendant que les larmes coulaient sur ses joues. Elle était libre ! Enfin, après toutes ses années de souffrance, elle était libre ! Et elle n'arrivait toujours pas à se faire à cette idée. Cela faisait si longtemps qu'elle en rêvait qu'elle avait fini par idéaliser ce moment ou elle retrouverais la liberté. Mais maintenant... Qu'allait-elle faire finalement ? Tenter de reconstruire sa vie ? Elle se rendit soudain compte qu'elle n'avait plus rien. La famille Misora ayant été exterminé, son nom ne signifiait plus rien. Et les terres qu'elle possédait avaient sûrement été revendues... Elle refoula les larmes qui lui montaient de nouveau aux yeux, de désespoir cette fois. Elle n'était plus qu'un simple esclave affranchie.

     Elle pouvait également rester ici, avec Eram, comme il le lui avait proposé.

     Au bout de plusieurs minutes de délibération silencieuse, elle se résolu à accepter l'offre du comte. D'une part, elle avait une dette immense envers celui qui l'avait délivrer de l'enfer. Et puis, celui qui se disait son ami d'enfance était loin de la laisser indifférente. 

     Satisfaite d'avoir pris sa décision, elle se leva et s'étira. Elle porta soudain une main à son ventre qui l'élançait fréquemment. Restait un problème à résoudre... Qu'allait-elle faire de l'enfant ? Elle décida d'en parler avec Eram. Ce problème ne pressait pas tant que ça...

     La jeune fille se dirigea vers la salle d'eau pour trouver la néréide, son ventre commençant à gargouiller furieusement, cela faisait plus d'une journée qu'elle n'avait pas mangé... 

     De jour, cette salle était vraiment belle. Les miroirs réfléchissaient les rayons du soleil qui contrastaient avec le mur noir en pierre brute. Les dalles bleues s'ornaient de magnifique motifs d'argents qui se reflétaient sur le plafond, noir également. A peine fut-elle entré dans la pièce que la néréide sortie d'une petite niche creusé dans le mur et se dirigea vers elle, un grand sourire accroché au visage.

     -Alors, tu as pu parler à Eram ?

     -Oui, et je reste, répondit simplement Inori.

     Le sourire de la néréide s'accentua, dévoilant des dents blanches et pointues. Visiblement, elle avait entendue toute la conversation.

     -Change toi, demanda-t-elle en indiquant une chaise sur laquelle était posé un belle robe rouge et anthracite. Enfin, tu veux peut être te laver avant ?

     A peine eu-t-elle fini sa phrase que le bassin commençait à se remplir.

     -Vas-y, conseilla-t-elle.

     La jeune fille ne se le fit pas redire deux fois et entra avec délice dans l'eau chaude. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pu profiter du simple plaisir de se prélasser dans un bain chaud.

     Après s'être savonner entièrement, cheveux compris, elle sortie de l'eau, la néréide venant l’envelopper dans une grande serviette.

     -Je suis contente que tu es choisit de rester, le château est vraiment vide. Entre Eram qui passe la plupart de son temps dans ses papiers, et Vyx qui part on ne sais où pendant plusieurs jours, nous les nymphes n'avons pas grand chose à faire... A part quand une Famille vient nous rendre visite, ce qui arrive de plus en plus rarement. Au faite, je m'appelle Sao.

     Inori ne répondit pas et Sao se mépris sur son silence.

     -Je ne dis pas ça pour te décourager. En fait, ces deux là t'ont cherché pendant ces trois ans. J'espère qu'ils seront un peu plus présent maintenant que tu es là.

     -Moi ? Mais pourquoi ? Il existe bien d'autre Sang Pur qu'il aurait pu épouser.

     La néréide détourna le regard.

     -Il n'a pas voulu te noyer sous les nouvelles, mais les Familles ont quelques problème dernièrement...

     -Que ce passe-t-il ?

     -Les Assassins...

     -Mais pourquoi ?

     La nymphe haussa les épaules et lui tendis la robe.

     -Ce n'est pas à moi de te l'expliquer. Si tu veux des réponses, dépêche de rejoindre Eram.

     La jeune fille acquiesça et se dépêcha de s'habiller. Au contraire de la robe blanche un peu trop grande, celle-ci lui allait parfaitement. Elle s'observa un instant dans le miroir, ravie. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas porté d'aussi beaux habits.

     -Allez, va maintenant. Une aurae t'attend dans le couloir et t'indiquera le chemin.

     Inori la remercia chaleureusement et sortie de la chambre.

     

     Comme promis, une magnifique jeune femme vêtue de voiles diaphanes l'attendait derrière la porte. Ses yeux d'un bleu très pâle paraissaient transparent. Ses longs cheveux blonds volaient autour de son visage alors qu'il n'y avait pas le moindre souffle de vent. Inori la regarda quelque seconde, fascinée. Elle avait toujours aimé les aurae, les nymphes de l'air. On avait l'impression que le moindre souffle de vent pouvait les briser alors qu'elles maîtrisaient sans peine les tornades.

     -Bonjours. Le Comte et le Chasseur t'attendent. Suis moi.

     La jeune fille la suivit sans bruit. Les aurae étaient en générale beaucoup moins exubérantes que leurs cousines aquatique... Elle préférait la bonne humeur de Sao à l'attitude polie, mais froide de la nymphe d'air.

     Après avoir descendu plusieurs étages, tourné à droite à gauche plusieurs fois, Inori était complètement perdue. Elles arrivèrent enfin devant une porte en bois sombre. L'aurae ne se donna même pas la peine de s'annoncer et entra.

     La jeune fille fut surprise par le brouhaha qui y régnait. Une trentaine d'hommes vêtu de simples tuniques en cuir étaient attablés devant deux grande tables en bois brute à manger, boire, crier et rigoler. Comparé au reste du château richement décoré, cette salle était extrêmement sobre. Il n'y avait aucune tapisseries, laissant les pierres à nue. Le sol était un parquet grossier. Au fond de la pièce brûlait un grand feu dans une cheminé. Des énormes pièces de viandes étaient mises à rôtir dans les flammes. Nonchalamment assise sur un tapis de braise devant la chemin, une daïlz découpait de temps à autre un morceau de viande pour le poser dans un plateau déjà bien garnis.

     Inori respira à plein poumon cette odeur de cendre, de sueur, de viande et d'alcool. Elle se rappelais maintenant. Quand elle était petite, elle et Eram venait toujours se glisser dans cette pièce pour écouter les histoires des soldats de Leria. 

     -Bon, je te laisse, lui dit l'aurae en disparaissant dans un courant d'air.

     La jeune fille fit quelques pas dans la salle que personne ne lui prête d'attention particulière. Certains soldats lui souriaient avant de retourner à leurs assiettes. Elle repéra enfin Eram et Vyx assis à bout d'une table, concentrés sur une carte. Le vampire leva soudain la tête et lui fit signe de les rejoindre, tout en repliant la carte. Un peu intimidé, elle se dirigea vers eux. Le comte se décala un peu pour qu'elle ai la place de s'installer, et elle s'assit à côté de lui, rouge comme une pivoine.

     -Ne fait pas cette tête, rigola-t-il. Tu ne te souviens pas que nous venions toujours jouer ici ?

     -Si... J'ai quelques souvenirs qui me reviennent...

     -Vraiment ? C'est super. J'ai pris l'habitude de venir manger ici, je préfère être avec mes hommes plutôt que seul dans une immense salle à manger.

     Inori voulu ouvrir la bouche pour poser une question, mais la daïlz arriva à ce moment là avec un plateau débordant de mets simples, mais qui avaient l'air très appétissant. Son estomac la rappelant à l'ordre, la jeune fille en oublia toutes ses questions et se servit de tout. Viande grillée, une sorte de légume rouge qu'elle ne parvint pas à identifier, des galettes aux noix... Le plateau passa à toute la table et, dans l'ambiance joueuse qui régnait, la jeune fille se surpris à bavarder et à rire avec les guerriers. Tout comme Eram et Vyx d'ailleurs. L'un comme l'autre, oubliant leur rang – bien qu'elle n'ai toujours pas bien compris qui était le vampire – répondaient avec bonne humeur aux plaisanteries des soldats qui les traitaient comme des camarades. Vu ainsi, le vampire ne lui faisait plus peur. Et Eram lui semblaient encore plus beau.

     Après une heure, les guerriers commencèrent à quitter la pièce par une petite porte situé au fond de la salle. La nymphe de feu, rejoint par une néréides aux cheveux noirs, commencèrent à nettoyer. Le comte se leva et demanda à la jeune fille de le suivre. Le vampire avait disparu en même temps que les autres hommes.

     

     Eram l'emmena dans un bureau non loin de la salle à manger et la fit s’asseoir dans un grand fauteuil en velours rouge,  tandis qu'il prenait place dans celui en face.

     -Alors ? Demanda-t-il simplement. Tu as pu réfléchir.

     -Oui. Je reste, répondit-elle avec un grand sourire.

     Le jeune homme sourit à son tour.

     -Te voilà donc comtesse.

     -Je descend les échelons de la société très vite, mais je remonte rapidement aussi, rigola-t-elle. Mais j'ai une question à te poser... Où est...

     -Ma Famille ? Compléta-t-il.  Je ne voulais pas t'en parler tout à l'heure car tu me semblais un peu trop affectée par ce que je t'avais déjà révélé. La vérité est que les Sang Pur sont persécuté depuis plusieurs années. Ils ne veulent pas simplement que nous perdions tous nos privilèges, ils veulent notre anéantissement complet. Le drame des Misora n'est pas un cas isolé.

     Inori ouvrit les yeux, incrédule. Elle n'était pas du tout au courant de tous ça.

     -Qui ça « ils » ?

     -Les Assassins. Depuis une dizaine d'années, ils tuent les Sang Purs, faisant la plupart du temps passer ses assassinat pour des accidents. Suicide, empoisonnement, accident de chasse, attaque de pillards... Les Leria n'y ont pas échappé. Je suis le dernier survivant. C'est parce que je suis le dernier qu'ils me laissent en vie. Ma mort engendrerait un désordre impossible dans le comté. Et leur but n'est pas d'affaiblir le Royaume.

     -C'est... Pourquoi ?

     Le jeune homme haussa les épaules.

     -C'est ce que je n'ai pas encore réussit à savoir...

     Ils restèrent silencieux un long moment. Sortant de l'esclavage, Inori retombait dans  toutes les intriguent qui secouaient Triliga... Et elle n'était pas sur d'apprécier cela... Surtout qu'elle apprenait qu'elle se trouvait dans la ligne de mire des Assassin, la Guilde la plus redouté d'Alona qui, pour une raison inconnue, voulait éliminer les Sang Pur. Charmant programme...

     -Et l'enfant ? Demanda-t-elle soudain, revenant à son autre question.

     Eram haussa un sourcil, surpris par sa question.

     -Quoi l'enfant ? Tu ne veux pas le garder ?

     Elle se tordit les mains, gênée.

     -Et bien... Ce n'est pas le tien, en fait, je ne sais même pas qui est le père... Alors je pensais...

     -C'est à toi de décider ce que tu veux en faire. Comme tu l'a vu, le château est vide. Je serais très content de l'élever, même si je ne suis pas son père biologique. Et les nymphes attendent avec impatience de pourvoir s'occuper d'autre chose que de faire la cuisine pour mes soldats, ajouta-t-il malicieux.

     Inori posa une main sur son ventre. C'était grâce à cette petite vie qu'elle avait pu se libérer, alors elle ne pouvait pas faire moins que de lui permettre de grandir heureux, qu'importe qui était le père. Elle sourit à Eram.

     -Alors je le garde.


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  • -Mais pourquoi es-ce que j'ai acheté une gamine aussi bête!

     Cela faisait un peu plus de deux mois qu'Inori avait arrêté de boire la décoction contraceptive, et les signes de sa grossesse étaient déjà bien visibles. Mais son maître lui rendant rarement visite, c'était sûrement la grand-mère qui lui en avait touché deux mots... La jeune fille s'appliquait à ne montrer aucune émotion. Mais l'idée suggérée par ce demi-elfe semblait avoir réussit, son maître était hors de lui. Restait maintenant à savoir ce qu'il allait faire d'elle...

     - Mais qu'est-ce que je vais faire? Mais qu'est-ce que je vais faire! J'ai besoin d'une autre gamine pour faire tourner le commerce...

     Il se mit à faire les cents pas dans la petite chambre en marmonnant dans la barbe grise qui lui mangeait le visage. Ses petits yeux noirs jetaient des éclairs. Il finit par s'arrêter d'un air triomphal.

     - Se soir, tu vas changer de maître! Et j'espère que tu me rapportera suffisamment pour racheter une enfant qui ai un peu plus de cervelle que toi !

     Elle poussa un soupire de soulagement, espérant juste de son prochain propriétaire ne la renvoi pas dans la prostitution...

     

     Le marché aux esclaves de Gameard était renommé dans tout le royaume. Homme, femme, enfant, humain, elfe, nymphe, garou... Il y en avait pour tous les goûts. Grâce aux colliers, toute rebellions était impossible. Tous étaient nus. Après tout, on n’habillait pas les animaux... Assise contre le mur au fond de l'estrade, elle attendait que vienne son tour. A côté d'elle, un jeune homme au torse couturé de cicatrices grognait en directions des gardes qui ne leur accordaient pas la moindre attention, les yeux rivés sur la vente. Un Tigre de Keitra devina Inori en voyant les dents trop longues et les yeux jaune de son voisin. Hélas, le collier bloquait également les transformations animales...

     Les ventes s’enchaînaient. Beaucoup d'acheteur était déjà reparti avec leurs nouveaux «objet». Dans le regard des esclaves brillait souvent l'horreur ou la haine. Mais ces maudits colliers interdisaient tout acte de rébellion... Alors, soumis il suivaient leur nouveau maître, n'attendant qu'une seule occasion pour retrouver la liberté qui leur avait été arraché.

     Car comme Inori, bien peu étaient nés esclave. Prisonnier de guerre, simple voyageur enlevé... Les raisons étaient nombreuses pour perdre son humanité et se retrouver relégué au rang d'animal... La jeune fille regarda l'assistance. C'était des hommes comme eux qui l'avaient vendue... Elle secoua la tête, chassant ces tristes pensées. Elle les avait déjà haït de tout son être lorsqu’à dix ans elle s'était retrouvée dans cette maison de passe, à satisfaire les instincts bestiaux des hommes. Ressasser le passer ne l'aiderais pas à retrouver sa liberté.

     Elle remarqua soudain un homme au fond de la salle. Rien ne le distinguait vraiment des autres, mais il se sentait étrangement attiré par lui... Il semblait assez jeune, une vingtaine d'années tout au plus. Ses cheveux bruns bouclés lui faisaient comme une crinière autour de son visage fin, éclairé par des yeux gris qui semblaient totalement désintéressé par l'enchère. La longue cape noire qui l'entourait l'empêchait de se faire une idée de son rang et de sa fortune.

     C'était peut être parce qu'elle était si absorbé par cet homme qu'elle ne remarqua pas tout de suit celui assis à côté de lui. Un vampire! Au milieu d'un visage squelettique, ses yeux rouges sans pupille semblaient détecter le moindre mouvement. Lui aussi était enveloppé d'une cape noire, mais ses longs cheveux blanc tranchait avec la noirceur de l'étoffe. Il était impossible de lui donner d'âge, mais il semblait extrêmement dangereux... Inori frissonna de peur. Etait-il ici pour chercher un repas ? Tellement de légendes effrayantes circulaient sur ce peuple mystérieux qu'elle ne savait quoi penser. Les acheteurs semblaient penser la même chose qu'elle car ceux assis autour du vampire se dandinaient nerveusement sur leur chaise. Tous à par ce jeune homme vers qui elle se sentait étrangement attiré... Le vampire tourna soudain ses yeux sanglant vers elle, lui faisant prestement détourner le regard.

     Après plusieurs heures, on vint chercher le Tigre. Il fut assez rapidement vendu pour les jeux, son comportement agressif n'incitant pas les acheteurs à augmenter leurs offres. L'un des gardes lui fit signe, et Inori se leva, les jambes ankylosées. Tête haute, elle fit face à la foule avide qui la détaillait. Changer de maître était un premier pas vers sa future liberté. Elle voulait le croire...

     Elle était jeune, elle était jolie, et elle était enceinte... Les enchères montèrent rapidement. Sans qu'elle ne sache pourquoi, son regard retourna se poser sur le vampire et elle sursauta malgré elle. Il la fixait intensément, et elle aurait juré qu'il... reniflait quelque chose. Il se pencha pour murmurer quelque chose à l'oreille de son voisin. Celui-ci sembla enfin s'intéresser à la vente. La plupart des acheteurs avait abandonné la partie et le prix se fixa enfin, quand le jeune homme aux yeux gris fit une nouvelle offre, d'un montant hallucinant. Comment tout le monde, Inori se tourna vers lui bouche bée. Pourquoi dépenser autant pour une gamine ? Ou plutôt, qui était-il pour pouvoir ainsi dilapider sa fortune sur une simple esclave ? Personne ne voulant surenchérir, un garde vint l'amener devant son nouveau maître. Le vampire se leva et lui tendit sa cape noire pour l'en envelopper. Intimidée, elle marmonna un vague merci avant de s'en vêtir. L'étoffe, bien que légère semblait chaude et très résistante. Elle en profita pour jeter un regard discret à ses vêtements. Mais simplement vêtue d'une tunique en cuir noir très près du corps, ce qui faisait ressortir ses contours squelettiques, elle ne pu rien apprendre sur le rang de son nouveau maître... Celui-ci ne prononça pas un mot et sortit à la suite du vampire. Elle hésita une fraction de seconde avant de les suivre.

     Lorsqu’elle se retrouva dehors, le vampire avait disparu. Ne restait que l'homme aux yeux gris qui lui tendit la main, et restait obstinément muet. Elle ne savait pas comment se comporter, mais l'instance de son regard glacé la décida. Il allait bien finir par lui parler non ? A peine eu-t-elle toucher sa main qu'une sensation de vertige la saisit et elle crut qu'elle allait s'évanouir. Mais elle n'en eu pas le temps. Avant de s'en rendre compte, elle était dans une magnifique chambre décorée de bleu et d'argent, éclairée seulement par le clair de lune dont les rayons traversaient une grande baie vitrée.

     - Vous êtes un Voyageur ! S'exclama-t-elle, oubliant toute prudence.

     Il sourit, et parla enfin, d'une voix chaleureuse qui contrastait avec son regard de glace :

     - Malheureusement non... J'aimerais bien être aussi libre que ceux de cet Ordre. Mais l'esprit de l'espace est vraiment pratique certaines fois. Toi, tu es énergie n'est-ce pas? Bon, je ne vais pas t’assommer avec mon blabla... Tu trouveras de quoi te changer dans la salle d'eau. Ensuite, va dormir. Je suis sur que tu as plein de question, mais on en reparlera demain.

     Et il sortit de la pièce, la laissant complètement abasourdit. Après quelques minutes passées à essayer de comprendre qui était son nouveau maître, elle abandonna et se dirigea vers la porte qu'il avait indiquée en parlant de la salle d'eau. Elle pouvait bien profiter d'une nuit dans une chambre de reine....

     Entrant dans la salle d'eau, Inori lâcha un cri incrédule. Cette pièce, deux fois plus grande que son ancienne chambre, était également décorée dans les tons gris bleu. La moitié de l'espace était vide et s'abaissait d'environ un mètre. Trois des quatre murs étaient recouvert de miroirs, reflétant le clair de lune pour éclairer la pièce d'une belle lueur opalescente. Elle pouvait ainsi distinguer de nombreux motifs compliqués sur les dalles Sur une chaise était posé une robe en soie blanche très fine. Inori supposait que c'était de cet habit dont parlait le jeune homme. Elle se défit de la cape du vampire, se demandant quand elle pourrait la lui rendre avant de passer le vêtement un peu trop transparent à son goût...

     - Excusez-moi, je ne vous avais pas entendu arriver. Vous voulez prendre un bain?

     La jeune fille fit un bond de plusieurs centimètres en entendant une voix derrière elle. Surprise, elle se retourna et du baisser la tête pour voir une toute petite femme qui ne devait pas mesurer plus de trente centimètre de haut. Ses cheveux blonds semblaient argenté sous la lumière de la lune et étaient décorés d'une multitude de petites perles. Elle était pied nu, simplement vêtu d'une tunique bleu nuit.

     - Je suis désolé de vous avoir surprise, reprit-elle, je suis l'une des néréides qui s'occupe de l'eau de ce château.

     Château ? Inori se posait de plus en plus de question sur celui qui l'avait acheté. La néréide la détailla de la tête au pied, avant de voir le collier :

     - Tu es une esclave ?

     La jeune fille soupira devant le changement d'attitude de la néréide qui la regardait maintenant avec pitié.

     - Oui... Je ne comprends pas trop ce que je fais là... Je ne connais même pas le nom de mon nouveau maître...

     - Ne t'inquiète pas, Eram est un peu bizarre, mais il a bon cœur. S'il t'a acheté, il devait avoir une idée derrière la tête. En attendant, ça ne sert à rien de te casser la tête à essayer de déchiffrer son esprit tortueux.

     Inori eu un pâle sourire, mais décida de suivre les conseils de la nymphe. Elle la remercia avant de retourner dans la chambre. Elle poussa un soupire de plaisir en s'allongeant sur le lit. Jamais elle n'avait imaginé tant de confort. La nuit étant déjà bien avancé, il ne lui fallut pas longtemps pour s'endormir.

     

     Une forêt... Les arbres centenaires semblaient s'élever jusqu'au ciel, leur branche atténuant les rayons du soleil diffusait une lumière verte et une fraîcheur très agréable. Inori s'était allongée sur l'épais tapis de mousse qui recouvrait les racines noueuses. Elle était seule. Elle était libre. L'affreux collier qui l'entravait avait disparu.

     Elle ne savait pas ou elle se trouvait, mais elle s'en fichait. Tout ce qui importait était qu'elle soit désormais son seul maître. Plus aucun homme n'abuserait d'elle, elle pouvait maintenant construire sa vie.

     Une vive inquiétude la saisit soudain au milieu de ses pensées utopiques. Quelque chose lui disait de se lever, de courir, de fuir. Un instinct primitif lui indiquait in danger mortel. Elle devait partir, elle le savait. Mais son corps ne répondait plus. Ça arrivait... Ça venait pour la tuer !

     

     Elle se réveilla en sursaut, le visage trempé de larme et tremblant de tous ses membres. Une peur irrationnelle lui tordait les entrailles. Elle se redressa en essuyant ses larmes. La lune s'était couchée, Thelan l'avait remplacé dans le ciel, diffusant une lumière un peu jaunâtre dans la chambre. Elle porta une main à son cou, sentant avec dégoût le contact de son collier d'esclave. 

     Elle perçu soudain un mouvement dans un coin de la pièce. Elle se tourna vivement, pour voir une silhouette noire s'immobiliser.

     - Désolé de t'avoir réveillé, soupira une voix rocailleuse.

     Le vampire sortit de l'ombre, la lumière jaune donnant un teint maladif à sa peau très pâle. Il braqua ses yeux rouges sur la jeune fille et la détailla longuement.

     - Je venais récupérer ma cape.

     - Dans... Je l'ai laissé dans la salle d'eau, excusez-moi, balbutia-t-elle.

     Voir cette créature seule et de nuit la terrorisait. Elle ne parvenait pas à détacher ses yeux du regard sanglant. Et puis, ne sachant toujours pas pourquoi elle avait été achetée, elle craignait de lui servir de repas... Le voyant se rapprocher, elle avait désormais une magnifique vue sur ses crocs dépassant de sa bouche, et voulu disparaître dans les oreillers. Il s'assit sans gène sur le lit et se pencha sur elle. Inori ferma les yeux, incapable se hurler tant elle était terrorisé.

     - Pourquoi une Sang Pure s'est-elle retrouvée esclave ? Et pourquoi son ancien maître semblait-il l'ignorer ?

     Elle entrouvrit un œil, surprise par ces questions, mais frissonna en voyant son visage si proche du sien. Une interrogation pointaient dans ses yeux noirs : Comment savait-il qu'elle était une Sang Pur ?

     - Ton odeur, expliqua le vampire à sa question muette. Ton sang est pur, je peux te l'assurer. Alors, pourquoi ?

     Inori ferma les yeux. Pourquoi vivait-elle se cauchemars ? Qu'est-ce qui avait pu justifier qu'elle se retrouve esclave ? A travers ses paupières closes, elle revit le sang gicler, les reflets métalliques des armes à la lueur du soleil, l'eau se teinter de rouge...

     - Nous vivions près d'Aya Jiluë. J'ignore pourquoi nous avons un jour quitté la terre que nous habitions depuis des siècles... La caravane qui nous escortait s'est fait attaqué et... et je ne sais pas... Je m'étais cachée dans un coffre... Un gros coffre qui masquait les échos de la bataille, les cris de ma famille... Les bandits m'ont trouvé en fouillant les chariots et m'ont vendue comme esclave à Gameard. Ma vie est un enfer depuis ce jour...

     Mais pourquoi est-ce qu'elle racontait tous ça ? Parce que c'était la première personne à comprendre que cette situation d'esclave était une aberration ? Les sangs purs étaient regroupés en Familles d'un rang encore plus élevé que la noblesse. Ils étaient la mémoire du royaume, mais également la preuve d'un "avant". Un passé devenu inaccessible qui tendait à se perdre dans l'oubli... Ils étaient les seuls à savoir, ils ne devaient pas être enchainés, perdre leur identité, disparaitre...

     - Pourquoi n'as-tu rien dit?

     - Mon ancien maître est à moitié nain... J'aurais pu être une daïlz que ça n'aurait rien changé, seul l'argent que je lui rapportais l'intéressait.

     Le vampire hocha la tête et se releva vivement, la faisant sursauter.

     - Je ne sais pas ce qu'on va faire de toi... J'espère qu'Eram à une idée. Sinon...

     Il ne finit pas sa phrase et sortit de la chambre, la laissant de nouveau seule et terrorisé. Mais qu'est-ce qu'elle allait devenir ?

     Elle ne dormit plus de la nuit.

     

     


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  • Royaume Triliga, 1393 ans après l'arriver des humains sur Alona. La chaleur dans le sud du royaume était étouffante. On trouvait beaucoup de petits hameaux milieu des grands champs cultivés. Mais un peu plus loin, en bordure du désert des Pierres de Feu, se trouvait une immense cité : Gameard. Les Pierres de Feu formaient la frontière naturelle entre Mentis et Triliga. Personne ne se risquait à traverser cet abysse en mouvement continuel, créant des lacs de lave, faisant jaillir des geysers et à l'air saturé de souffre. Chaque années, la Terre des Chimère s'éloignait de celle de hommes. Chaque année, le continent de Limlya s'agrandissait. Chaque année, les Pierres de Feu renforçait la frontière qui séparait ces deux peuples qui se haïssaient viscéralement. Les habitants de Gameard ne s'en portaient pas plus mal.

    Première cité du royaume par sa taille, deuxième par son nombre d'habitant. Et première par sa pauvreté, ses crimes et ses vices. Ici, plus que partout ailleurs dans l'empire, et sûrement même dans le monde, le métissage été fort, même si le sang humain dominait. On voyait se balader dans les larges rues des quartiers riche, des hommes très fin, à l'apparence presque androgyne, les bras et le torse couvert de minuscules écailles luisantes. Le sang de sirène coulant dans leurs veines donnait un air délicat à ces maîtres de l'eau qui monopolisaient souvent le peu d'humidité de la ville pour éviter que leur peau ne se dessèche. Ici, cette femme trapue et musclée, assez petite, qui faisait voler ses cheveux sous un vent inexistant, devaient avoir quelques ancêtres nains. Là, un homme étrange, à la peau blafarde et aux yeux entièrement noirs faisait un coure assidue à une femme élégante, dont des oreilles pointues dépassaient de ses longs cheveux blond.
    Dans le quartier marchand, les gens parlaient, marchandaient, criaient, s'interpellaient, hurlaient et produisaient tout un tas de sons indescriptibles dans une grande cacophonie. Un gros chient gris vola discrètement un morceau de viande sur un étalage, puis couru se réfugier dans une ruelle sombre avant que quelqu'un ne s'aperçoive du vol. Sitôt à l’abri, il se transforma en un beau jeune homme qui entrepris immédiatement de dévorer son larcin. Une jeune fille à la peau couleur cendre tenait un étale de reptiles somnolant devant lequel s'arrêtait des badauds de tous les horizons. Une diversité incroyable se retrouvait partout dans cette ville. Mais les vices de toutes sortes étaient omniprésents, particulièrement dans les bas fonds de la cité. On y trouvait des femmes dont les vêtements déchirés reflétaient encore une richesse passé, des enfants aux os saillants volant un peu de nourriture sur les maigre étales posés le long de la rue, des hommes l'air hagard qui comptaient désespérément les quelques pièces qui leur restait... Les rues étaient salle, si étroites que le soleil avait du mal à y glisser ses rayon, ce qui était appréciable par cette chaleur. De chaque côté des ruelles en terre battue se trouvaient des établissements de toute sorte : Taverne, échoppe, maison de passe, armurier clandestin... Les forces armées de la ville descendaient quelque fois par ici pour essayer d'y mettre un peu d'ordre. Mais dès que quelqu'un était arrêté, quelqu'un d'autre prenait sa place. Et le taux de criminalité déjà élevé de la citée était largement dépassé. Chaque matin, on retrouvait des cadavres, souvent atrocement mutilé, et dont la moindre possession avait déjà été volé. Cette ville était magnifique, surprenante. Et c'était un véritable coupe gorge.

    Inori poussa un soupir de lassitude et ferma la fenêtre, pour garder le peu de fraîcheur de la pièce en cette mâtiné étouffante. La jeune fille rassembla ses long cheveux noirs en un chignon et se laissa tomber sur le lit faisant face au miroir. Le miroir... Que n'aurait-elle pas donner pour pouvoir briser cette abomination ou se reflétaient les clients couvert de sueur, dont les mains dures la pétrissaient chaque jour et chaque soir avec avidité ? Mais ça, son maître ne le lui aurait pas pardonner, et elle préférait éviter de finir le mois avec des os cassés. Elle en aurait pleuré de rage et d'impuissance. Elle n'avait que treize ans, mais même si elle savait que beaucoup de gamines de son age se donnaient à la prostitution pour pouvoir survivre, elles n'étaient pas contrainte, à par peut être par leur estomac, de subir ce vice chaque jour, depuis plus de trois ans... Depuis plus de trois ans elle était enfermé dans cette pièce sombre, n'ayant pour seul meuble un grand lit et un vieux miroir. Une fenêtre donnait sur la rue animée, et dans le fond une petite porte était presque toujours fermé à clef, sauf quand elle recevait un client... Sa seule échappatoire était cette fenêtre... C'est ce qu'elle aurait fait, si ce maudit collier n'était pas accroché autour de son cou. Sa liberté ne se jouait qu'à une simple bande de cuir. Elle ne comprenait pas son fonctionnement, mais il l'empêchai d'utiliser son élément et son esprit... Pire, quitter cette chambre sans l'autorisation de son maître signifiait la mort par étranglement. De désespoir, elle donna un coup de poing dans le mur. Elle résisterait. Elle n'était pas, comme tous ses clients, une bâtarde ayant dans ses veine le sang de tous les peuples vivant sur ce monde. Non, elle était humaine ! Son sang était aussi pur que celui de ses ancêtres terrien qui étaient arrivé sur cette planète il y a plus d'un millier d'années. Elle avait gardé les traits des asiatiques avec ses cheveux noirs et lisse, son visage assez plat, sa petite taille et ses yeux bridés.

    Des pas montant lourdement les escaliers la tirèrent de ses sombre pensées.
    -Inori ! Un client !
    La voix de son maître.
    Toujours autant de douceur, songea-t-elle aigrement. Elle se débarrassa de la légère robe blanche qu'elle portait et s'assit sur le lit. Ce ne fut pas long, une clé tourna dans la serrure et un homme entra dans la pièce. Grand, ses longs cheveux blonds étaient attachés par un lien de cuir. Ses yeux d'un bleu profond la détaillèrent longuement puis il s'approcha
    -Tu es magnifique.
    Elle haussa les épaules. Si au moins elle avait pu être moche, elle n'en serait pas là. Enfin bon, celui là avait l'air relativement propre, ce ne serait donc peut être pas trop désagréable...
    -Mais c'est bien dommage qu'une si petite chose doive se réduire à ça pour vivre, reprit-il.
    Nouveau haussement d'épaule. Si ça n'avais tenue qu'a elle, il y a longtemps qu'elle serait partie. Tout valait mieux que la prostitution. Mais étant esclave, elle n'avait pas vraiment le choix...
    -T'aurait-on coupé la langue ? Vu ton prix, j'espère pas.
    Pour toute réponse, elle lui tira la langue. Il ne pouvait pas se dépêcher un peu ? Plus vite il aurait finit, plus vite elle serait tranquille. Il sourit.
    -Voilà une petite fille bien grossière. Je vais devoir t'apprendre les bonnes manières.
    Se penchant sur elle, il lui murmura à l'oreille :
    -Je suis demi-elfe si ça t'intéresse...
    Non, ça ne l'intéressait pas ! Sentant qu'il n'en tirerai pas un mot, il grogna et la poussa dans le lit avant de se défaire de ses vêtements.
    -Vraiment... Tu es trop impatiente...
    Alors que des mains avides exploraient son corps, elle ferma les yeux, faisant taire sa fierté. Son esprit se révoltait, mais son corps s'inclinait. Que pouvaient-elle faire de toute façon ? Lutter était inutile, elle l'avait appris à ses dépends. Alors, comme toujours, elle se laissa faire, l’horrible miroir renvoyant son expression dégoutté.

    Plus tard, épuisée, elle fixait le plafond sans le voir tandis que le demi-elfe se rhabillait. Pourquoi ? Pourquoi devait-elle subir cela ? L'homme s'assit à côté d'elle et essuya avec douceur une larme qui avait coulé sur sa joue. Elle ne lui fit même pas l'honneur d'un regard. Il soupira, caressa une dernière fois son ventre avant de se lever.
    -Tu sais, je viens peut être de te délivrer.
    Il ouvrit la porte.
    -Après, c'est à toi de l'accepter... Adieu petite fille.
    Elle ne répondit pas. Personne ne pouvait la délivrer de cet enfer.
    Quelque minutes plus tard, la porte s'ouvrit de nouveau, sur une vieille femme, portant une serviette et une bassine d'eau. Depuis trois ans, elle s'occupait d'elle. Si Inori n'avait jamais su son nom, elle la considérait un peu comme sa grand mère. Elle déposa son chargement et ressortit sans dire un mot. La jeune fille se lava comme elle put et remis sa robe. La vieille dame revint avec une décoction de plante et une assiette contenant une tranche de pain, quelque légume et un morceau de viande. Son repas de la journée. Elle pris la nourriture en marmonnant un vague merci et la «grand mère» repris la bassine et la serviette avant de la laisser seule.
    Inori s'assit par terre et commença à manger sans appétit. La maison de passe tenue par son maître, Narkrin Orgs, n'était pas très renommé et ses clients étaient surtout des habituer, ainsi que quelque voyageurs qui s'aventuraient parfois dans ces quartiers dangereux. Inori était la plus jeune, la seule esclave, et le « produit » préféré. La prostitution infantile était interdite dans le royaume, mais c'était si facile de capturer des gamines que peu de gens respectait cela, et encore moins ici. Après avoir picoré quelques morceaux de légume, elle repoussa son assiette et pris la tasse encore chaude. Cette décoction l'empêchait de tomber enceinte. Il y avait au moins un point ou elle était d'accord avec son maître: Elle ne voulait surtout pas d'enfant. Et lui non plus ne voulait pas avoir à nourrir une bouche inutile. Alors qu'elle portait l'amer breuvage à ses lèvre, le visage du demi elfe lui revint en mémoire. Pourquoi-lui ? Il n'était pas comme beaucoup d'autre qui se jetaient sur elle avec avidité pour assouvir leurs instincts. Peut être le peuple des forêts lui avait-il appris à respecter les femmes, comment ils respectent la nature... Au moins, elle avait pour une fois apprécier de passer un peu de temps avec un homme. Elle secoua la tête et chassa son image de son esprit. Il était partit et ne reviendrait pas, alors à quoi bon se rappeler de cette mâtiné ? Elle but une gorgée, le liquide chaud lui brûla la gorge. «Je viens peut être de te délivrer.» Elle recracha immédiatement ce qui lui restait dans la bouche. «Après, c'est à toi de l'accepter»Elle reposa la tasse et posa une main sur son ventre. Ce n'était qu'un de ses nombreux voyageurs s'étant arrêté dans une maison de passe. Avait-il eu pitié d'elle ? Comment pouvait-il savoir si sa condition s'améliorerait si elle se retrouvait enceinte ? Une fois de plus, son regard se tourna vers la décoction. Elle tenait là une petite chance de s'en sortir... Elle n'allait pas la laisser passer.
    Se levant, elle pris la tasse et renversa son contenu par la fenêtre.

     


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  •        Nagalia reprit lentement conscience. A sa grande stupéfaction, elle était encore vivante. Gardant les yeux fermés, elle fit tout d’abord le point sur son état. Par la pensé, elle parcourue rapidement son corps, n’y trouvant aucun dommage sérieux. Plus surprenant, la blessure de son ventre semblait avoir totalement disparue. Elle eu un froncement de sourcils mental, puis décida d’inspecter son environnement. Gardant toujours les yeux fermés, elle se concentra sur son ouïe. Bruissement du vent dans les branches, murmure d’un ruisseau, chant des oiseaux, frémissement des feuilles mortes… Une forêt ? L’odeur d’humus et ses bras nus reposant sur un tapis de brindilles le lui confirma. Elle ne comprenait plus rien. Blessée par Shilaï, elle était aux portes de la mort, et voilà qu’elle se retrouvait en parfaite santé au beau milieu d’une forêt.

     Elle entendit soudain un bruit de pas, très léger, mais qui faisait tout de même crisser les feuilles mortes. Contraignant sa respiration au calme, elle resta parfaitement immobile, mais prête à bondir dès qu’elle se sentirait menacée. Un enfant parla:

     - Donc, tu es sure de toi ?

     Que faisait un gamin par ici ? Mais la deuxième voix faillit la bondir de rage.

     - Oui. Il ne faut surtout pas qu’elle l’apprenne, mais je ne pense pas que les invités de Makvor aient compris quoi que ce soit à ce qu’il s’est passé.

     Shilaï… Les nobles humains n’étaient pas les seuls à ne rien comprendre, Nagalia réfléchissait rapidement à sa situation, et aux plans de l’Assassin. C’était rageant à dire, mais elle ne parvenait pas à comprendre ce que son ennemie avait manigancé… Elle les entendit s’asseoir non loin d’elle. Ç’ aurait été si facile de les étrangler… Mais elle n’était pas sur que son corps tienne le coup, elle venait tout de même de se faire éventrer.

     - Merci de l’avoir soigné, repris Shilaï. Je ne voulais pas la blesser, mais elle n’aurait jamais accepté de m’écouter…

     - Elle ne le sait pas ? demanda le garçon.

     - Non… Et je ne compte pas le lui dire. La situation est déjà assez compliquée comme ça.

     L’elfe l’entendit se relever.

     - Elle ne devrait pas tarder à reprendre conscience. Quoi qu’il arrive, on s’en tient au plan, mais évite de t’approcher de Natgar… Celui là, rien ne le retiendra s’il a décidé de te tuer.

     - Et Nagalia ?

     - Elle va très vite comprendre ce qu’il se passe… Du moins je l’espère. Ah, encore une chose, ne laisse jamais entendre que tu me connais, c’est ton gage de survie.

     - Mais… Je ne sais rien. Qu’est-ce qu’ils pourraient en faire que je te connaisse ?

     - Tu sais beaucoup de chose… Trop de chose… Mais tu ne sais pas quoi en faire. Eux le sauront, et s’ils avaient ses informations, ils nous seraient impossible de renverser la situation.

     - C’est dangereux…

     - Il est trop tard pour reculer. Adieux.

     Nagalia attendit encore quelques secondes, le temps d’être sur que Shilaï avait bien disparue, et se jeta sur l’enfant. Trop étonné pour songer à se défendre, il tomba dans les feuilles montre où l’elfe n’eut aucune difficulté à l’immobiliser. Elle constata avec satisfaction que son corps répondait parfaitement.

     Le garçon devait avoir une douzaine d’année. Assez grand mais très maigre, sa peau pâle semblait presque translucide. Il la regardait non avec crainte, mais avec surprise.

     - Tu as intérêt à tout m’expliquer si tu ne veux pas que se soit les dernières secondes de ta vie.

     Sans se mettre à trembler de peur, il souffla simplement sur une mèche de ses cheveux blonds très pâle qui tombait devant ses yeux verts, et répondit d’une voix calme :

     - On se calme, il n’y a pas grand chose à expliquer… Et tu es un peu en train de m’écraser.

     - Oh que si il y a beaucoup à dire, susurra l’elfe en posant une main sur sa gorge. Déjà, pourquoi est-ce que Shilaï ne m’a pas tué ?

     - Elle a faillit te tuer, c’est moi qui t’ai soigné, couina-t-il.

     - Ne me prend pas pour une idiote. Elle m’a éventré, mais si elle avait vraiment voulu ma mort, je n’aurais plus de tête à l’heure qu’il est.

     - Elle avait des ordres.

     - Tient tient… Et pourquoi est-ce que Tatiana veut me garder vivante ?

     - Je ne sais pas, je ne suis au courant de rien.

     - J’ai entendu toute votre petite conversation, alors dépêche toi de me dire tous ce que tu sais.

     - Je ne peux pas te dire ce que j’ignore. Je ne connais pas ses plans, je sais juste qu’elle veut équilibrer les forces dans les deux camps.

     - Comment ça ? demanda Nagalia desserrant sa prise.

     - Elle sait que Nahel cherche des enfants dotés d’un grand potentiel magique. Elle s’est donc arrangée pour que je croise ta route, mais tu l’as trouvé avant qu’elle ne puisse partir.

     - Toi, tu es doué avec ton élément ? Nous verrons… D’ou est-ce que tu la connais ?

     - Elle m’a involontairement sauvé la vie quand elle a tué une de ses victimes. Elle m’a épargné, bien que je l’aie vu. Depuis, j’ai une dette envers elle.

     - Donc elle envoie un espion…

     - Je ne connais rien de ses plans, et elle ne m’a rien demandé, à part de te suivre à Walendar. Et je n’ai pas vraiment eu le choix, puisqu’elle m’aurait tué si je n’avais pas accepté de lui obéir. 

     - Tout ça devient intéressant…

     Nagalia se releva, laissant le garçon se masser la gorge.

     - Un de ses jours, il faudra que je comprenne dans quel camp elle est… Je ne vois aucune logique dans ces actions, mais elle est loin d’être bête.

     Passant la main dans ses cheveux blancs pour en retirer les feuilles mortes, elle regarda le garçon, toujours allongé. Son histoire ne tenait pas debout, il avait semblé beaucoup trop familier avec la jeune femme pour n’agir que sous la contrainte… Il y avait autre chose derrière tous ça. Mais il ne pouvait pas s’agir juste d’un espion. Si l’Assassin avait voulu envoyer un gamin au palais pour espionner, elle se serait débrouillée pour que l’elfe tombe dessus ‘’par hasard’’ dans un quelconque village. Pas au beau milieu d’une forêt ! Elle ne comprenait rien, et cela l’exaspérait.

     Mais elle étit un peu pressée par le temps. Elle aurait tout le temps qu’il lui faudrait pour interroger le gamin une fois de retour au palais.

     - Bon, petit, quel est ton élément ? Et comment est-ce que tu t’appelles ?

     - Alix de Messange, je suis d’élément air et d’esprit énergie, dit-il en se redressant.

     - Oh, un petit noble…

     Nagalia regarda quelques secondes autour d’elle avant de désigner un arbre massif poussant non loin de là. 

     - Déracine moi cet arbre.

     Mais au lieu du vent violent auquel elle s’attendait, l’arbre paru se soulever du sol, avant de s’effondrer, provoquant l’affolement parmi les oiseaux qui nichaient dans ses branches.

     - Tu maitrise également la terre ?

     - Et l’eau, et le feu.

     Stupéfaite, l’elfe se tourna vers lui.

     - Tu es un Shaman ? A ton âge ?

     - Je suis un mage, je maitrise également le hetsu. C’est comme ça que j’ai pu te soigner.

     - Et Shilaï t’a livré sur un plateau.

     La métamorphe éclata de rire.

     - Je n’ai plus qu’à te souhaiter la bienvenue dans la cour du roi. 

     Et elle l’assomma.

     

     Après l’avoir solidement bâillonné et ligoté – il ne fallait pas qu’il puisse utiliser les mots interdits – elle le chargea sur son épaule et sortit de la forêt. Se repérant rapidement, elle prit la direction d’un petit hameau. Les villageois la regardèrent passé avec crainte, mais elle ne leur accorda même pas un regard. N’étant pas assez riche pour s’acheter les services d’une milice, c’étaient des gardes royaux qui assuraient la protection du village. Nagalia confia son chargement au premier qu’elle trouva.

     - Emmène le immédiatement à Walendar. Surtout, ne le laisse pas ouvrir la bouche.

     En tant que garde discipliné, mais surtout terrifié par l’elfe noire, il ne posa aucune question et, mettant Alix en travers la croupe de son cheval, il prit la direction de la capitale. Nagalia le regarda partir en songeant à Shilaï. Cette humaine lui tapait vraiment sur les nerfs, mais le fait qu’elle l’ait épargné – même sous la contrainte -  la mettait dans une rage noire. Et plus elle repensait à la conversation qu’elle avait surprise, plus elle sentait que quelque chose lui échappait…

     


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  • Ils sortirent de la forêt quelques minutes avant que le soleil se lève. Lara ne tenait plus sur ses jambes, mais le paysage qui s’étalait devant ses yeux lui coupa le souffle. De grandes plaines verdoyantes semblaient s’étirer à l’infini. Çà et là, quelques bosquets émergeaient de l’herbe haute. Dans la luminosité matinale, on voyait serpenter de longs rubans argenté qui se jetaient dans des petits lacs aux eaux limpides.

     

    Nulle part il n’y avait signe d’une quelconque civilisation. Ce paysage était digne d’un conte de fée. En respirant l’air frais lui semblait bien plus pur que dans son monde, la jeune fille se sentit en meilleur forme.

    La longue marche dans la forêt lui avait permis de mettre de l’ordre dans ces idées. Désormais, bien que toujours terrifié, elle se sentait plus forte.

    -Bienvenue dans les plaines des songes, leur dit Naxo en sortant de son mutisme. Nous sommes dans le territoire des Chimères, et ici rien n’est ce qu’il semble être.

    -Tu t’exprime toujours aussi clairement, railla une voix sifflante.

    Tout le monde se retourna d’un bloc. Un… une… étrange créature les toisait ironiquement. Le corps d’un gros lion, des ailes immenses, des serres en guise de patte avant et une tête d’aigle.

    -Je ne relèverais pas, marmonna le vampire.

    -Quelle façon de m’accueillir alors que je suis venu vous chercher pour vous éviter une longue et pénible marche à travers les plaine.

    -Et je t’en remercie.

    -Bon sang ! s’exclama la créature. Qu’est ce qu’il t’est arrivé ! Je ne t’ai jamais connu aussi froid et déprimé.

    Le vampire baissa la tête mais ne répondis pas.

    -Comment va-t-elle, repris la chimère d’une voix douce.

    -Mal… Plus que mal… Je ne sais pas combien de temps elle survivra à ces traitements. Il faut que la prophétie s’accomplisse. C’est sa seule chance…

    -De qui parles-tu, souffla Lara, touché par la voix désespéré du vampire.

    Pour toute réponse, quatre regards interloqués se braquèrent sur elle. Et quatre exclamations fusèrent en même temps :

    -Depuis quand tu parles leur langue ?

    -Tu as pus comprendre ce que j’ai dit.

    -Douée la gamine.

    -Tu as compris quelque chose ?

    Stupéfaite, elle recula de quelques pas et ne parvint qu’à bredouiller :

    -Je… je… quel est le problème ?

    Puis elle analysa leurs paroles. En y réfléchissant, il était logique qu’ils ne puissent pas parler la même langue qu’elle. Pourtant, elle avait compris ce qu’avaient dit les deux créatures, et elle avait apparemment parlé une autre langue…

    -Comment est-ce que j’ai pu faire ça ?

    -Tu es d’élément air, répondit Naxo. Et les sons ne sont que de simple vibration de l’air. Inconsciemment, tu utilises ton élément pour modifier ces vibrations et comprendre des langues que tu n’as jamais entendu. Et c’est comme ça que je me fais comprendre depuis que je vous ai rencontré.

    -Je suis impressionné, reprit la créature dans sa langue, c’est une méthode assez subtile. Au fait, je suppose que tu n’as jamais vu de créature comme moi non ? Je suis Eïro, un griffon.

    -Enchanté, répondit la jeune fille de la même façon, je m’appelle Lara.

    -Tu es vraiment impressionnante ! s’exclama Lee.

    Au même moment, un hurlement retentit. Le cri de désespoir venait de la forêt qu’ils venaient de quitter.

    -Qu’est-ce que… c’était ? demanda Aline, inquiète.

    -La peur d’une nouvelle existence… et d’une vie qui s’achève.

    Le vampire avait parlé d’une voix neutre, même si l’on pouvait sentir qu’il était triste pour celui qui avait poussé ce hurlement effrayant. Eïro soupira.

    -Certaine fois, il vaut mieux tirer un trait sur le passer et accepter de changer.

    -Tu connaissais, s'étonna Naxo.

    -Je préfère ne pas en parler. Tout le monde n'a pas ta force. Ni celle de Shilaï...

    -Que veux-tu dire ? Demanda Lara.

    -Quelque chose que vous devriez oublier tant que vous vous tenez loin de cette forêt maléfique… Au fait Eïro, comment est-ce que tu savais que j’allais passer par cette Porte ?

    -Shilaï nous a prévenu, répondit une nouvelle voix.

    Trois nouveaux griffons venaient d’atterrir. Ils se ressemblaient beaucoup, mais on distinguait de petites différences dans la couleur de leurs pelages ou de leurs plumes.

    -Je t’expliquerais, dit Eïro à Naxo. Nous devons y aller.

    Le vampire acquiesça et monta sur dos du griffon. Il se tourna vers les adolescent indécis.

    -Dépêchez-vous. A Nivra nous auront un peu de temps pour mettre les choses au clair.

    Lara fut la première a se décider. Elle se dirigea vers une chimère au pelage plus claire que les autre et s'installa derrière ses ailes.

    -Comment t'appelles-tu ? Demanda-t-elle, surprenant a jeune fille par sa vois enfantine.

    -Lara Derman. Et vous ?

    -Aruka he Neo. Tu peux me tutoyer.

    Ses amis étaient enfin monté sur les griffons. Eïro écarta ses ailes immenses et les autres l’imitèrent. Surprise par ce mouvement, Lara faillit tomber.

    -Accroche toi a mon cou, conseilla Aruka.

    La jeune fille n’eut que le temps de suivre se conseil avant que, d'une formidable poussé, la chimère ne s'élève dans le ciel. Elle n'avait jamais penser se retrouver un jour dans les aires de cette façon. Mais dans les film d'héroïque fantasy qu'elle avait vu, chevaucher un pégase, dragon, ou autre créature volante, n'avait pas l'air bien compliquer... Tout le contraire de ce qu'elle ressentait a cet instant.

    Les ailes d'Aruka partaient de ses omoplates, et à chaque battement, s'était tout sont corps qui était secoué. La jeune fille serrait les jambe autour du corps musclé de sa monture, essayant de ne pas être désarçonnée. Elle n'osait pas trop s'accrocher a son cou, de peur d'arracher des plumes...

    De longues minute plus tard, le vole chaotique du griffon se calma. Elle écarta les ailes et se laissa planer. Lara put enfin se décrisper un peu. Elle jeta un regard autour d'elle pour repérer les autres chimère. Devant eux, Naxo et Eïro semblaient en grande conversation, mais elle ne parvenaient pas à entendre ce qu'ils disaient. Un peu plus loin sur sa gauche, elle vit Aline, les traits déformés par la frayeur de tomber. Lee en revanche, un peu plus en arrière, avait un grand sourire. Il adorait les sensations fortes. Lara soupira, espérant que le goût su risque de son ami ne le mène pas à la mort.

    -C'était la première fois que tu volais ? Lui demanda Aruka.

    -Non... Mais les avions sont un peu plus stable au décollage...

    La chimère semblait perplexe et la jeune fille espéra qu'elle ne l'avait pas blessé.

    -C'est quoi un avion ? Demanda-t-elle après quelque seconde de silence.

    Lara en resta bouche bée quelques instant, avant de réaliser que la technologie n'avait sûrement pas sa place dans un monde magique. Elle essaya de l'explique dans les grandes ligne, mais la chimère ignorant même ce qu'était une machine, elle finit par laisser tomber.

    Elle en profita quand même pour demander des informations sur Alona. Aruka se fit un plaisir de lui expliquer le fonctionnement de Mentis, de la faune de la région, à son économie. La jeune fille fut assez stupéfaite quand elle commença à lui parler de la politique complexe de ce pays assez étendu, qui n'avais de frontière uniquement avec le royaume Trilliga. Et à la façon dont parlais sa nouvelle amie des humains, elle finit par comprendre que les chimère ne les aimaient pas beaucoup... Mais le griffon resta vague à se sujet, et embraya sur les différentes techniques de chasse de son clan. Lara finit par décrocher quand Aruka lui expliqua les difficultés que son peuple avait à traité avec les centaures. Si le mode de vie d'un peuple était si compliqué comment arriverait-elle a faire quoi que ce soit dans ce monde ? Il lui faudrait toute une vie pour apprendre !

    Ce rendant soudain compte que sa passagère ne l'écoutait plus Aruka demanda :

    -Tu vas bien ?

    La jeune fille se secoua et essaya de revenir au présent.

    -Oui... Je commence juste à me rendre compte à quel point ce monde et différent et surtout compliquer par rapport au mien...

    -Du peu que tu m'en ai dit, le tien me semble bien compliquer. Comment pouvez-vous faire confiance à des morceaux de métal pour vous déplacer ?

    -Avant, on se déplaçait à cheval. J'ai déjà essayé de faire de l'équitation... Et bien je trouve nos « morceaux de métal » bien plus fiable que ces bestioles ! Sans vouloir te vexer hein.

    A ces mots, Aruka éclata de rire. Enfin, Lara supposa qu'elle riait, car le bruit qu'elle faisait lui fit penser au cris de chasse d'un aigle.

    -Et bien, il va falloir que tu renoue avec cette vieille tradition terrienne. Si tu as l'intention d'aller à pied jusqu'à Oromois, tu en a pour plusieurs années !

    -Quoi !? Mais il est ou se Royaume ? Tu ne m'a pas dit que Mentis à une frontière avec Trilliga ?

    - Tu ne pensais quand même pas que Tatiana allait s'installer sur les terres de sont frère ?

    Ce fut Tameï qui compléta très obligeamment ces informations

    « Oromois est situé sur la banquise d'Alona. De la ou tu es, il faut traverser Mentis, Trilliga et Faïlsa pour y accéder. »

    Lara en resta bouche bée. Mais combien de temps allaient-ils passer dans ce monde ?

    -Tu as une lame vampire, s'étonna Aruka.

    La jeune fille sursauta.

    -Comment tu le sais ?

    -Tu as eu un petit moment d'absence durant lequel j'ai sentis une autre présence...

    Elle resta songeuse un instant. Ainsi, il fallait qu'elle fasse attention si elle voulais que Tameï soit un atout. Puis, ce qu'avait dit la chimère la frappa.

    - Comment ça « une présence » ?

    - Les lames vampires sont vraiment des choses étranges... Ce n'ai pas vivant, mais ça à une présence... Je ne sais pas comment expliquer ça. Certaines races sont capable de les ressentir. La plupart des chimère naturellement, mais également les nymphes, et de nombreux peuple de Sha. Ceux de Limlya sont plus terre à terre, alors ils ne s'en rendrons probablement pas compte.

    Lara essaya de se rappeler de tout ce que lui avait appris le griffon sur la géographie du monde. Alona était divisé en deux grand continent : Sha à l'ouest et Limlya à l'est. Au sud de Sha, il y avait une grande nommée Terres Sauvage. Entre les deux continents, on trouvait l'Archipel de Feu, trois Volcan dont deux toujours très actif. Et nord, Antrare, ou avait été battit Oromois...

    Grâce à un petit coup de pouce de Tameï, la jeune fille parvint à se situer : ils étaient à peu près au centre de Mentis, sur Limlya. Ils leur faudrait vraiment longtemps pour arriver jusqu'au royaume de Tatiana.

    Aruka sentis le découragement de sa passagère :

    -Ne t'inquiète pas. Je suis sur que tous vos machins métallique ne peuvent pas rivaliser avec la magie. Vous y serez en quelques jours si vous trouvez les bons Voyageurs.

    Lara n'eut pas le temps de demander des précision, la chimère annonça avec joie :

    -On arrive !

    Elle replia les ailes contre son corps et piqua vers la plaine. La jeune fille se rattrapa de justesse à son coup avant de tomber dans le vide. Le vent lui griffait le visage et elle ferma les yeux pour ne pas voir le sol qui se rapprochait à toute vitesse, priant pour qu'Aruka contrôle vraiment cette descente.

    La chute ne dura que quelques seconde, mais il lui sembla qu'elle tombait depuis plusieurs minutes. Quelques mètre avant l'impacte, le griffon écarta les ailes. Lara faillit être désarçonnée à cause de l'arrêt brutal, mais elle tint bon, même lorsque sa monture battit fortement des ailes pour se poser... sur une mince corniche à flan de falaise ! Lara qui avait ouvert les yeux les referma immédiatement pour ne pas voir une petite pierre délogée de son perchoir tomber dans le vide sans fond.

    Ayant enfin réussit à se poser, Aruka jeta un œil vers le ciel. Deux autre griffons attendaient, en tournoyant, que la place soit libre.

    - Tu peux descendre.

    Encore un peu choqué, La jeune fille obéit, tournant obstinément dos au vide. Elle n'avais pas le vertige, mais cet abîme était définitivement terrifiant. De plus, elle se trouvait sur une petite corniche en demi-cercle, qui devait faire moins de trois mètre de diamètre... Les parois des falaises étaient totalement lissent et était si haute qu'elles cachaient le soleil matinal.

    -Et maintenant ? Demanda-t-elle en essayant d'empêcher sa voix de trembler.

    Pour toute réponse, la chimère avança vers le mur et... passa à travers. Lara resta ébahis quelques secondes à regarder la parois rocheuse qui semblait on ne peu plus solide, lorsqu’elle entendis la voix de la chimère.

    -Alors, tu viens ?

    Sans vraiment y croire, elle s'approcha doucement de la roche (d'une part, elle avait peur de faire un faux pas, d'autre part, elle se demandait si elle ne rêvait pas.) et avança la main. A sa grande surprise, son bras passa à travers. Elle hallucina pendant quelque seconde devant son avant bras qui se terminait maintenant au poignet, sans qu'elle ne ressente quoi que se soit.

    -Je rêve, c'est définitif, ce n'est qu'un rêve.

    Et elle passa à travers la parois.


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  • Un silence choqué s’abattit dans la pièce. Nagalia regarda interloquée la perruque blonde qu’elle tenait puis sa victime dont les yeux brillaient de plaisirs derrière ses mèches brunes. Le seigneur Makvor fut le premier à se ressaisir.

    -Qui êtes-vous ? Ou est la duchesse Heliane ?

    Sans se soucier de la lame toujours posé contre sa gorge, Shilaï releva fièrement la tête :

    -Excusez moi cette mise en scène, mais j’avais moi aussi besoin d’un renseignement. Dame Heliane se réveillera d’ici quelques heures dans vos geôles…

    Les yeux fatigués du seigneur brillèrent de colère.

    -Se faire passer pour une haute personnalité du Royaume vous coutera cher ! Et pour agression sur …

    Nagalia n’écouta pas la suite des menaces. Elle se fichait bien du sort qui avait été réservé à une aristocrate suffisante. En revanche, elle voulait savoir ce que cette jeune femme faisait ici.

    -Un renseignement ? lui susurra-t-elle à l’oreille. Quel genre de renseignement ? Tu devrais te dépêcher de me répondre si tu ne veux pas que ta misérable vie se termine ici.

    Au lieu des plaintes de supplications auxquelles elle était habituée, sa victime éclata de rire. Un rire grinçant, provocant, qui lui donnait envie de lui trancher la gorge illico.

    -Et comment comptes-tu savoir ce que je faisais ici si tu me tus ?

    -Je ne le saurais pas. Mais au moins, ça m’évitera de te retrouver dans mes pattes… Dans les deux cas, je suis gagnante. Alors laisse un peu tomber cette attitude arrogante ma petite.

    -Tu as la mémoire courte. As-tu oublié mon pouvoir ?

    Au même moment, Nagalia sentit la température chuter brutalement. Elle bondit sur le côté, abandonnant sa proie. Presque immédiatement, elle se redressa et se mit en garde. Des fois, elle avait envie de se donner des claques. Evidemment, Shilaï ne s’était jamais sentit menacée. Elle aurait put se libérer quand elle voulait… Et puis, baisser sa garde comme ça… Non, décidément, la métamorphe ne se le pardonnait pas.

    Son ennemie était debout à l’endroit même ou elle l’avait laissé. Une brume scintillante tourbillonnait autour d’elle et un sourire narquois était apparut sur ses lèvre. L’elfe grinça des dents. Pour qui se prenait-elle, cette humaine ? Elle n’était pas la seule à savoir utiliser son élément en combat… Alors que la Noire levait la main pour riposter, elle vit du coin de l’œil Makvor reculer doucement vers la porte avec ses invités.

    Elle changea aussitôt de cible. Le sol trembla un bref instant et les dalles de marbre qui composaient le carrelage virent s’empiler devant la porte. Au même moment, la poignée et les gonds furent pris dans la glace. Personne ne pouvait plus sortir de la salle par des moyens conventionnels.

    Les deux combattantes s’observèrent haineusement, puis Shilaï relança les hostilités verbales.

    -C’est ainsi que Nathanaël protège son peuple ? En enfermant ses sujets avec sa plus impitoyable mercenaire ?

    -C’est ainsi que Tatiana compte récupérer ce Royaume, contra Nagalia. En laissant ses sujets à la merci de son assassin personnel ?

    Le visage de la jeune femme s’assombrit. L’elfe comprit à cet instant que sa réputation d’assassin allait beaucoup plus loin que ce que les rumeurs ne laissaient entendre. Mais elle ne chercha pas à creuser la question. Il fallait la déstabiliser avant toute chose. L’attaquer de front serait suicidaire…

    -En parlant d’assassin, tu fais vraiment la paire avec Nathanaël. Du moins, vous faisiez la paire… Après tout c’est de ta faute si…

    -Tais-toi !

    Mais la métamorphe n’avait pas l’intention de s’arrêter là. La brume scintillante était en train de se dissiper, elle avait l’avantage. Elle jeta un rapide coup d’œil du côté des nobles pour ne pas craindre un coup de poignard dans le dos. Mais ils s’étaient tous recroquevillés dans un coin, le plus silencieusement possible. Parfait, elle n’avait qu’à égorger cette gamine impertinente, trouver les enfants et elle serait tranquille.

    -C’est un sujet sensible apparemment… Imagines-tu le mal que tu lui as fait ? Et que tu continues à lui faire en le traitant comme un ennemi ? Peut être même as-tu oublié que…

    -Je t’ai dit de te taire !

    -Tu te crois en position de me donner des ordres ? Et tu n’as même pas entendu le meilleur. Quand j’ai commencé à travaillé pour lui, il avait toujours un anneau dans une sorte de verre ou de cristal bleu. Il y a quelques mois, il l’a brisé…

    Shilaï perdit complètement son sang froid et se rua sur l’elfe en hurlant de rage. Nagalia jubilait. Elle ne connaissait pas l’histoire de cet anneau, mais avait deviné qu’il avait un rapport avec la jeune femme. Elle avait touché juste apparemment… Mais elle dut s’écarter rapidement pour ne pas être décapitée. Deux sabres de glace étaient apparus dans les mains de son ennemie. Elle était toujours en robe, mais cela ne semblait pas la gêner pour se déplacer avec une redoutable efficacité.

    L’elfe jura. Son adversaire avait repris son calme beaucoup trop vite à son gout… Elle sentit de nouveau la température de la pièce chuter et elle se jeta sur le côté. Juste à temps. Un bloc de glace venait de se former à l’endroit exacte ou elle s’était tenue. Il se brisa presque aussitôt et se dispersa en une brume scintillante.

    L’eau. L’élément de Shilaï. Ce n’était qu’un assassin, une humaine. Pourtant, elle s’en servait presque aussi bien qu’une ensorceleuse. Sa technique de combat était épuisante et mortelle. Elle obligeait son adversaire à se concentrer sur ses armes, puis grâce à l’humidité de l’air, elle créait des blocs de glace qui emprisonnaient son ennemi. Peu de personne pouvaient suivre ce rythme. Mais Nagalia était une elfe, doté de formidable réflexes et capacités comparé à de nombreuses autres races.

    La jeune femme retourna à l’attaque. Un sabre visait le flan droit tendis que l’autre attendait à gauche. Nagalia se jeta en arrière et attaqua à son tour. Sa lame déchira le tissu précieux de la robe et traça une entaille dans le dos de l’assassin. L’air se refroidit. Mais cette fois, elle était prête. Au lieu de s’éloigné, elle roula en avant et planta son arme dans la cuisse de son ennemie. Shilaï hurla de douleur et les lames de ses sabres se fissurèrent légèrement. Mais de nouveau, elle se reprit vite et son arme fusa vers l’elfe dans l’intention évidente de l’éventrer. Celle-ci évita le coup en se transformant en corbeau et s’éleva vers le plafond. Presque aussitôt, un vertige la saisit, l’obligeant à abandonner cette forme. Elle fatiguait. Il fallait qu’elle en finisse vite.

    En atterrissant, elle posa sa paume sur le sol. Les dalles restantes se liquéfièrent un bref instant puis redevinrent solides, piégeant Shilaï jusqu’aux chevilles. Quelques larmes de douleur avaient coulées le long de ses joues. Elle perdait beaucoup de sang. Une expression interloqué se peignit quelque instant sur son visage. Puis elle sourit.

    Et disparu.

    Ce fut au tour de Nagalia d’arborer un air stupéfait. Elle regarda pendant quelques secondes le sol ou la marque des chevilles, ainsi qu’une petite flaque de sang de son ennemie étaient encore bien visible. Puis une horrible douleur la jeta à genoux. Les yeux brouillés de larmes, elle vit la lame de glace d’un sabre dépasser de son ventre. Elle tenta de résister, pas question de perdre face à une simple humaine. Des cris parvinrent à ses oreilles. Ces imbéciles ne pouvaient-ils se taire ?

    Elle sentit à peine qu’on lui prenait l’épaule. Quelqu’un retira l’arme plantée dans son ventre, elle cracha un peu de sang… Et ce fut le noir.


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  • Aline avait l’impression que cela faisait des heures qu’elle marchait derrière Naxo. Le vampire lui avait recommandé la plus grande prudence et de ne surtout pas faire de bruit. Plus facile à dire qu’à faire ! Même en marchant sur la pointe des pieds, elle faisait crisser les feuilles mortes, rouler des petits graviers… Autant de petit bruit incroyablement amplifiés dans cette forêt plus que silencieuse.

    Le vampire en revanche ne faisait pas le moindre pas le moindre bruit. En le regardant marcher, la jeune fille avait l’impression qu’il ne touchait pas le sol.

    Elle se sentait complètement perdue dans ce nouveau monde. La seule chose qui parvenait quelque peu à la rassurer était la présence d’Osaya qui venait parfois lui glisser quelques remarques sur son environnement. Une plante étrange, une pierre ronde qui s’avérait en fait être un insecte… Qui aurait cru qu’elle deviendrait un jour amie avec une dague !

    Perdue dans sont dialogue avec la lame vampire, elle manqua de rentrer dans Naxo qui s’était brusquement arrêté. Elle fut aussitôt sur le qui vive.

    -Qu’est-ce qu’il se passe ? murmura-t-elle.

    Le vampire lui fit signe de se taire et son épée double apparut dans ses mains. La jeune fille sentit sa gorge se serrer et elle fit appel aux pouvoirs d’Osaya. De nouveau, elle se retrouva armé de longs poignards noirs aussi affûtés que ses nouveaux sens.

    Le silence semblait soudain écrasant. Quelques secondes, aussi longues que des heures. Puis une branche craqua.

    Aline réagit avec une fulgurante rapidité en lançant son poignard dans la direction du bruit. Le crissement métallique qui lui parvint lui apprit deux choses avant même qu’elle n’est vue son adversaire. Elle ne l’avait pas blessé. Et il était armé.

    Elle se remit en garde avec la seule lame qui lui restait. Curieusement, elle n’avait pas peur, aucun sentiment de crainte ne gâchait la merveilleuse sérénité dans laquelle elle baignait. Il lui semblait pouvoir tout gagner, survire à n’importe quoi. A cet instant, son ennemi sortit de sa cachette et se planta devant elle, un katana en main. Mais elle ne vit pas lame entouré de flamme. Son regard se posa immédiatement sur le visage de son assaillant qui affichait un air complètement surpris.

    -Lee ? Mais qu’est-ce que…

    -Lara ! Non ! hurla le jeune homme en la poussant violement à terre.

    Aline qui ne s’y attendait pas du tout sentit sa respiration se couper sous la violence de l’impacte. Elle se releva un peu secoué et se figea en regardant l’endroit ou elle s’était tenu une seconde plus tôt. Comme si une lame géante, parfaitement affuté avait tranché la terre. L’entaille était fine, mais on imaginait sans peine la puissance qu’il avait fallut. La jeune fille frissonna en imaginant ce qui resterait d’elle si Lee ne l’avait pas poussé.

    -Aline ! Tu n’as rien ? s’écria une voix féminine complètement paniqué. Je suis vraiment désolé… Depuis que je suis là, j’ai les nerfs à vif…

    -Lara ! Ne t’en fais pas, je…

    Ces mots restèrent bloqués dans sa gorge en voyant l’arme que tenait son amie. Un long fouet composé de fines lamelle métallique articulé grâce à des lanières de cuir.

    -C’est avec ça que tu as fait cette marque dans la terre ! Mais depuis quand as-tu une telle force ?

    Lara haussa les épaules. Depuis qu’elle s’était réveillée, il lui semblait que cela faisait une éternité, elle avait la curieuse impression de vivre l’un de ses cauchemars. Sa soudaine force paraissait bien ridicule comparé à tous ce qu’il s’était passé.

    -Vous avez été attaqué ? demanda brusquement Naxo, interrompant ses pensées moroses.

    -Au moins cinq fois depuis que tu es partit, laissa tombé Lee. Ce sont des espèce de singe avec des cornes et des énormes crocs.

    -Vous avez été mordu ou griffés ?

    -Non, répondit Lara. Mais j’ai peur que cela n’arrive bientôt… Ils ne nous laissent pas plus de vingt minutes de répits.

    Le vampire hocha la tête et fit disparaitre son épée double.

    -On doit se dépêcher. Dans trois heures, on doit être sortit de cette forêt. Restez bien sur vos gardes. Et n’utilisez surtout pas votre élément ! Les Amkar sont attirés par cette puissance.

    -Amkar ? demanda Lara en suivant le vampire.

    - Les bêtes qui vous ont attaqués.

    La jeune fille frissonna de peur à la façon dont il prononça le mot "bête". Une haine glacée, mêler d'une pointe de pitié lui sembla-t-il, transformait sa voix en quelque chose d'ancien, d'inhumain. Soudain, il lui fit peur. Beaucoup plus que les Amkar qui les avaient attaquées. Ils n'étaient que des animaux, incapable d'une longue réflexion. Avec ce vampire, c'était différent. Nul ne pouvait douter qu'il était très intelligent, que ces plans pouvaient être dangereux... Et elle était incapable de deviner ses pensées.

    Elle soupira et demanda à Tameï de redevenir une simple lanière de cuir à son poignet. Elle aussi avait passé le pacte avec la lame vampire dès que Lee l'avais mis au courant des derniers évènements. Quelques jours de sa vie n'étaient rien à son âge. Elle regarda de nouveau le vampire et grimaça. Elle ne lui faisait pas confiance. Après tout, c'était par sa faute qu'ils étaient ici. A cause de lui, elle avait frôlé la mort de très très près, et maintenant encore, ils étaient en danger.

    Le trajet dans la forêt se passa dans un silence pesant. L'arrivé de Naxo semblait tenir les Amkar et tout autre danger potentiel à distance. Lara entendait les branches bruisser, mais rien ne se présentait pour les attaquer. Elle n'allait pas s'en plaindre! Mais cela ne faisait que renforcer son intuition que ce vampire était beaucoup plus dangereux qu'il n'y paraissait... Aline semblait nourrir les mêmes doutes qu'elle à propos de leur étrange guide, mais Lee paraissait lui vouer une totale admiration. Lara grimaça. Elle espérait sincèrement que son ami avait raison de ne pas le craindre, mais déplorait sa naïveté. Naxo était un danger. Elle en avait la quasi certitude. Hélas, sans son aide, ils ne pouvaient s'en sortir vivant...

    A quelque pas derrière son amie, Aline ne pensait pas du tout au vampire, qui pourtant la terrifiait. Elle essayait de comprendre. Tout c'était passé beaucoup trop vite pour qu'elle ne puisse mettre de l'ordre dans ces pensées. Maintenant qu'elle en avait l'occasion, elle ne prêtait plus vraiment attention à ce qu'il se passait, mais se repassait en boucle tous les évènements qui étaient survenu depuis qu'elle s'était réveillée.

    Elle avait l'impression que cela faisait plusieurs jours qu'elle avait ouverts les yeux dans sa chambre. En sortant de chez elle pour se rendre au lycée, des dalles mal empilée lui étaient tombées dessus. Trop stupéfaite pour s'écarter, même songer à se protéger, elle avait sentit un incroyable pouvoir naitre en elle. Et au lieu de la blesser, les dalles s'étaient changées en poussière avant même de la toucher.

    Elle était resté quelques instants abasourdit puis une pensée triomphante s'était imposé dans son esprit. "Moi aussi je suis différente. Moi aussi je contrôle un élément!".

    En repensant maintenant, marchant dans une forêt étrange d'un autre monde, contrainte de faire confiance à un vampire plus que terrifiant pour avoir une chance de survivre, elle aurait tout donné pour retourner à son petit train train ennuyeux qu'elle avait quitté il y a peine quelques heures.

    Car depuis que les Syv étaient apparu et avaient transpercé Lara, elle commençait à se dire que la magie, les mondes parallèles et créatures étranges n'étaient pas fait pour elle... Elle se demanda fugitivement ou était partie la Syv. Son regard bleu emplit de haine rôdait encore dans son esprit...

    Lorsque Naxo avait accepté de répondre à quelques une de leurs questions, elle avait eu la certitude effrayante que tout était vrai. Qu'elle et ses amis étaient au centre d'une prophétie et qu'ils étaient contraints d'aider un monde dont ils n'avaient jamais entendu parler.

    Et voilà ou toute cette histoire l'avait mené... A risquer sa vie! Ses simples mots qu'elle prononçait quelques fois avec désinvolture pour rigoler prenaient vraiment leur sens ici. Elle risquait réellement de mourir!

    Prendre conscience de cela la choqua bien plus que tout le reste. Bien plus que ses pouvoirs qu'elle ne comprenait pas, bien plus que Naxo qui la terrorisait, bien plus que toutes les créatures dangereuses qui rodaient, bien plus que tout elle avait peur de mourir.

    Elle dut s'arrêter et s'adossa chancelante contre un tronc d'arbre lumineux. Lee qui marchait derrière elle s'arrêta à sa hauteur.

    -Qu'est-ce qu'il se passe? Tu vas bien?

    - On n’a pas le temps pour ça, l'interrompit Naxo sans s'arrêter. Ce n'est pas la nuit, mais le jour que cette forêt est dangereuse. Dépêcher vous.

    Aline soupira et se remis en marche. Elle voyait bien que ses amis s'inquiétaient pour elle, mais elle serait forte. Elle ne montrerait pas sa faiblesse.

    Le petit groupe continua d'avancer entre les arbres lumineux. Plus un mot ne fut prononcé jusqu'à l'aube.


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  • La hyène noire s’arrêta dans un des bosquets qui bordaient la ville et repris son apparence première. Nagalia observa un instant les solides murs de pierre et la grande porte en bois qui protégeaient la cité. Ce serait un jeu d’enfant que de déjouer ces défenses, mais une fois à l’intérieur, elle se ferait immédiatement repérée. Les elfes noirs étant très mal vu, l’alerte serait aussitôt donné et elle ne pourrait espérer chercher des informations…

    La Noire s’assit contre un arbre et réfléchit. Une ville de cette taille devait forcément posséder un mage. Mais elle ne pouvait l’emmener car cela réduirait les défenses de la cité ce qui déplairait fortement à Nathanaël qui lui cherchait des enfants pour pouvoir les former. En revanche, elle devait être contrôlée par un petit seigneur… Lui devait bien être au courant des pouvoirs de ses sujets… Elle n’avait qu’à trouver cette personne. Les humains étant des êtres assez stupides, il habitait surement dans la plus belle bâtisse de la ville, ce qui ne poserait donc aucun problème pour le localiser.

    Maintenant, il lui fallait régler un autre problème : Ne pas se faire remarquer. Après avoir examiné toutes les options qu’elle avait, en vérité très peu, elle se résolu à utiliser ses pouvoirs de métamorphe pour se transformer en humaine. Elle se promit de faire payer cela à Nathanaël pour être obligé de se rabaisser à ces créatures si insignifiante. Nagalia plaçait en effet toutes les races maîtrisant un élément au sommet, sauf les humains, puis tous les animaux jusqu’aux insectes, et enfin les humains. Autant dire qu’elle n’appréciait vraiment pas être obligé de se faire passer pour l’un d’entre eux.

    Mais elle se savait bien obligé… Toujours assise contre l’arbre, elle ferma les yeux et se concentra. C’était la première fois qu’elle essayait d’adopter cette forme et elle ignorait quel en serait le résultat. Le picotement familier des transformations parcouru ses membres pendant de longues minutes. Lorsqu’il cessa, elle ouvrit les yeux. En fait, elle aurait tout aussi bien pu les laisser fermé, car elle n’y voyait absolument rien. Elle pesta en silence, ignorant que les humains avaient une si mauvaise vue. Nagalia se résolu à utiliser le briquet qu’elle transportait toujours au cas où elle aurait un problème de ce genre. Ce qui ne lui était encore jamais arrivé.

    Bientôt, un petit feu flambait joyeusement et elle espérait que personne ne le remarquerait. Utilisant la Terre, elle fabriqua une sorte de miroir pour voir quelle était désormais son apparence.

    A la lueur des flammes, une jeune femme humaine d’une vingtaine d’année lui renvoya son regard dans la plaque de métal polie. Elle avait la peau sombre, ce qui faisait étrangement ressortir ces cheveux blonds très clairs. Ses yeux noisette étaient légèrement en amande. Nagalia remarqua que son armure était trop grande pour cette nouvelle forme bien plus frêle. En effet, sous sa veste en étoffe très fine se trouvaient plusieurs plaques métalliques protégeants ses point vitaux. Elle poussa un grognement de dépit, n’ayant absolument pas pensé qu’il lui faudrait changer de vêtements.

    Les métamorphes ont une forme qui leur est propre pour chaque race en laquelle ils se changent. S’ils veulent en modifier certaines caractéristiques telles que la taille ou la couleur des yeux, ils doivent rester concentrés dessus tout le temps de la transformation. La jeune elfe savait qu’elle ne pourrait éternellement se préoccuper de la corpulence de sa forme humaine. Elle devrait donc faire avec…

    Elle resserra au maximum les sangles de son armure pour qu’elle ne tombe pas puis s’enroula dans sa cape grise de façon à cacher son sabre et ses dagues. En observant son reflet dans le miroir improvisé, elle espérait être prise pour une voyageuse.

     

    Nagalia sortit du bosquet et se dirigea tranquillement vers la ville. Deux gardes surveillaient les alentours devant la grande porte, mais ils ne lui posèrent aucune question sur la raison de sa venue dans la ville à une heure aussi tardive, ne dédaignant même pas lui jeter un coup d’œil. L’elfe s’en étonna, mais ne se pencha pas sur la question. Les choix des humains lui importaient bien peu et elle avait des futurs mages à trouver.

    Elle remarqua bien vite que la cité était en fête. Les rues étaient éclairées et décorées, les habitants vêtus de belles tenues dansaient sur une grande place… Elle leva la tête vers le ciel, le voyant légèrement pâlir. Dans quelques heures, ce serait l’aube. Intriguée par l’atmosphère de fête de la ville, elle s’arrêta près d’un groupe qui riait fort.

    -Excusez-moi, je suis une voyageuse désirant s’arrêter ici pour la nuit, mais je ne m’attendais pas à trouver la ville si animée… Que ce passe-t-il ?

    -Comment ? s’exclama un jeune homme en la dévisageant. Tu n’es pas au courant que le seigneur Makvor a marié son fils aujourd’hui ? La nouvelle à pourtant fait grand bruit !

    -Puisque tu es ici, profites en pour t’amuser ! ajouta un autre. Il a convié tous les seigneurs de la région à une grande fête dans son palais. Les gardes sont bien trop occupés à en surveiller toutes les issues pour faire attention à nous !

    La métamorphe regarda dans la direction qu’il avait indiquée en parlant du palais. Une grande bâtisse éclairée semblait toiser la ville. Elle reporta son attention sur les jeunes gens qui ne la quittaient pas des yeux.

    -Merci. Ne vous inquiétez pas, je vais bien m’amuser.

    Comme rassurés par ces paroles, ils reprirent leur discussion sans plus lui prêter attention. Nagalia se dirigea vers le palais comme si de rien n’était. Ainsi, la surveillance avait été renforcée… C’était embêtant, mais elle ne pensait pas que cela lui poserait de réels problèmes. Ce qui l’agaçait plus, c’était son armure qu’elle risquait de perdre à tout moment, surtout si les choses venaient à dégénérer.

    Arrivé au pied de la bâtisse, elle observa rapidement les alentours et annula la transformation, retrouvant avec joie une vue et une ouïe perçante. Sa forme humaine lui servirait peut être encore, mais elle n’était pas trop pressée…

    Le mur devant elle n’offrait aucune prise. D’un rouge pâle, il était aussi lisse que du verre et les premières fenêtres, de grandes baies vitrées, étaient à plus de quatre mètres au dessus d’elle. La Noire eut un reniflement dédaigneux. Ils croyaient donc l’impressionner ? L’instant d’après, elle avait disparu et un corbeau prit son envole. Un léger vertige la saisit et elle ne prolongea pas cette métamorphose, reprenant son apparence sur une petite balustrade devant les fenêtres. La pièce était cachée par de lourd rideau et elle ne pouvait voir ce qu’il se passait à l’intérieur, mais cela lui sembla désert.

    Posant sa main contre la vitre, elle se concentra pour que le verre dégage une ouverture. Au lieu de cela, il se liquéfia et coula sur le sol en un tas informe qui semblait curieusement gélatineux. Nagalia haussa les épaules et entra dans la demeure. Ce n’était pas vraiment ce qu’elle voulait, mais ne s’était jamais intéressé à cette matière et le résulta lui convenait parfaitement.

    Suivant son instinct, elle parcouru les couloirs en évitant habilement les gardes. Bientôt, elle fut guidée par de la musique et des éclats de voix. Une fête bruyante semblait organisée dans la dernière pièce, gardée seulement par deux soldats. Sans aucune crainte, elle s’avança vers les deux hommes lourdement armés. Ceux-ci réagirent au quart de tour et pointèrent sur l’intruse leurs épées dangereusement affûtées.

    -Est-ce une façon d’accueillir une envoyée du roi ? demanda-t-elle en les toisant méchamment.

    Ils n’eurent pas les réactions de peur escompté, se contentant simplement de se rapprocher dans une posture de combat. L’un d’eux, la peau presque aussi noire que celle de l’elfe et dont les cheveux ras commençaient à grisonner, prit la parole :

    -Comment as-tu fait pour entrer ici ?

    -Allons, tu ne m’as pas écouté. J’ai dit que Nathanaël, votre roi à tous, m’avait envoyé. Et il n’est pas d’endroit sur cette terre ou il ne puisse étendre son pouvoir. Ce château lui appartient tout comme cette ville. Et par conséquent, je peux y entrer comme je veux… Maintenant laissez moi passer, j’ai un message pour Makvor. A moins que vous ne préféreriez m’affronter ?

    -Jamais ! s’écria le plus jeune, un petit blond qui ne devait avoir plus de vingt ans. Ceci est notre citée et nous la protégerons de tout ! Même du traître !

    Le vétéran ne dit rien, mais semblait évident qu’il était d’accord. Un sourire cruel étira les lèvres de la métamorphe. Enfin un peu d’action.

    -Et bien, attaquez moi si vous pensez que votre force est supérieur à la mienne, si vous n’avez pas peur d’agoniser pendant de longue minute avant que, dans un élan de pitié, je ne vous tranche la gorge pour abréger vos souffrances.

    Elle dégaina son sabre dans un chuintement métallique à faire grincer des dents.

    -Allez, venez donc chercher celle qui vous défit ! A moins que… vous n’osiez pas attaquer une femme, fusse-t-elle une elfe noire ? C’est cela ? Vos règles de chevalerie vous en empêchent ? Ou peut être n’êtes vous que des lâches…

    Le plus jeune perdit son sang froid et se jeta sur celle qui osait le défier. La haine que Nagalia lut dans ses yeux verts la fit jubiler. Elle se décala nonchalamment pour éviter un coup d’épée qui l’aurait décapité, se baissa légèrement laissant la lame passer au dessus de sa tête, recula d’un pas pour ne pas être éventré… De toutes les attaques ou feintes que tenta le soldat, aucune ne la toucha, aucune ne réussit à l’effleurer. Et elle ne s’était pas encore servit de son sabre.

    - Dis-moi mon petit, as-tu vraiment l’intention de te battre ou essaies-tu une quelconque danse ? Peut être es-tu soul ? Mets-y un peu plus de cœur, je commence à m’ennuyer.

    A cet instant, l’homme à la peau sombre porta un coup hors de son champ de vision. Il se déplaçait avec une surprenante agilité pour quelqu’un de son âge, mais il ne pourrait jamais rivaliser avec la vitesse des elfes. Le tintement clair de deux lames s’entrecroisant résonna dans tous le couloir.

    -Bien joué papi ! Je ne pensais pas que tu pouvais encore te servir d’une épée. Mais malheureusement, ce n’est pas assez pour me vaincre, loin de là.

    -Tais-toi démon ! Tu n’es qu’un serviteur du traître, un pantin entre ses mains, qui ne lui obéis que pour éviter la mort ! Que connais-tu donc du courage de ceux qui veulent protéger ce qui leur est cher ?

    La métamorphe sourit et se dégagea pour éviter un nouveau coup du blondinet qui s’acharnait alors qu’il n’avait aucune chance.

    -J’aurais beaucoup de chose à répondre à cela, dit-elle en bloquant facilement l’épée de son assaillant. Tout d’abord, je ne suis pas un démon, simplement une elfe dont la peau est noire comme la tienne est noire par rapport à la majorité des humains. Ceux de mon peuple sont rares et ne quittent rarement le pays.

    Elle s’arrêta pour donner un violent coup de pied au garçon qui commençait sérieusement à l’agacer.

    - Ensuite, tu me traite de serviteur, de pantin, pour Nathanaël. Tu es bien loin de la vérité. Je fais partie des généraux et je n’accepte que les missions qui me conviennent. C’est également de mon propre chef que je l’ai rejoins. J’aurais très bien pu rester à Eäsma, royaume des elfes.

    De plus en plus énervé par les attaques dérisoire du jeune homme, Nagalia se retourna et sa lame siffla, trop rapide pour pouvoir la suivre des yeux. Il y eut une fontaine de sang… et le hurlement terrible que poussa le soldat en serrant son bras contre lui. Bras qui s’arrêtait désormais au poignet.

    Son compagnon rompit le combat pour l’aider, mais l’elfe l’attaque de nouveau, l’obligeant à reculer.

    -Je n’ai pas finit, après, je vous tuerais. Crois-tu vraiment que je lui obéis pour éviter la mort ? Je suis une elfe métamorphe. Un humain, quelque soit son rang, n’a aucune chance contre moi. C’est Nathanaël qui doit faire attention à lui et à ce qu’il me demande. Car il sait que je peux le tuer dès que l’envie m’en prend et qu’il ne pourra rien faire pour m’en empêcher.

    Elle accula l’homme contre le mur et reprit dans un souffle menaçant.

    -Tu parles du courage de protéger ce qui est cher à nos yeux. Mais il faut mieux être réaliste que courageux. Se jeter sur la mort n’est pas la bonne façon de la vaincre. Tu crois que je ne connais pas ce besoin impérieux de protéger ce en quoi je crois ? Oh que si, je l’ai connu… et voilà ce que j’en aie appris : chaque être à une vie qu’il doit mener comme il l’entend et être capable de faire face à n’importe quelle situation, sans dépendre des autres. N’y laisser d’autre dépendre de lui. Car des vies, nous n’en avons qu’une. Et elle ne vaux ni plus ni moins qu’une autre. C’est pourquoi il faut vivre la sienne.

    Le tranchant de sa lame entailla délicatement la gorge du garde qui n’osait plus bouger, y dessinant d’étranges dessins sanguinolents.

    -Quel dommage d’avoir gâché sa seule vie ainsi… Je ne vais malheureusement pas te laisser le temps de réfléchir à mes paroles. Adieu…

    D’un geste brusque, l’arme sépara la tête du reste de son corps. Le cadavre s’affaissa, tachant de vermeil les dalles marbrées. Le jeune homme choisit cet instant pour se venger. Il fut désarmé d’un simple mouvement du poignet et Nagalia lui faucha les jambes, le faisant tomber à la renverse. Au même moment, la porte s’ouvrit à la volée, laissant place à un homme d’un âge avancé dont même les habits de velours rouge ne parvenaient pas à masquer sa maigreur inquiétante. Il la fixait de ses yeux noirs vide d’expressions, ne semblant pas se soucier des autres personnes, de toute évidence des nobles, qui se massaient d’un air apeuré derrière lui.

    La Noire ne leur prêta aucune attention et s’adressa au garde survivant :

    -Tout comme je l’ai dit à ton compagnon, c’est de ta propre vie dont tu aurais du te soucier. Car elle se termine ici.

    Sans aucune hésitation, elle lui trancha la gorge. Le hurlement horrifié qui lui parvint la ravit. Elle essuya tranquillement sa lame, mais la garda en main, puis se dirigea vers le seigneur qui ne laissait transparaitre aucunes émotions sur son visage ridé.

    -Je viens de la part de votre roi. Sur son ordre, vous devez me remettre les enfants aillant une affinité particulière avec leur élément. Donnez-moi les registres, je me débrouillerais.

    -Et qu’allez-vous en faire ?

    La métamorphe fut surprise que la voix de Makvor ne tremble pas. Derrière lui, ses invités avaient encore reculés. Sauf une jeune femme aux belles boucles blondes qui la fixait avec haine de ses yeux gris acier. Nagalia fronça les sourcils, se demandant ou elle avait déjà vue ce regard…

    -Ce que le roi à prévu pour eux ne vous concerne pas.

    -Je refuse.

    Un sourire cruel étira ses lèvres noires.

    -Tu sais que je devrais te tuer pour ton refus… Mais j’ai une bien meilleur idée…

    Elle bougea. Trop rapidement pour que ceux présent dans la salle n’ai le temps de réagir. Le tranchant de son sabre se posa sur la gorge de la jeune noble aux yeux gris.

    -Je vais te répéter ma requête, susurra-t-elle, donne moi le registre et je l’épargne. Sinon…

    Sa lame mordit la chaire, faisant couler un peu de sang.

    -Cette femme mourra. Et je continuerais avec chacun des gens présent dans cette salle jusqu’à ce que tu m’ai apporté ce que je t’ai demandé.

    Disant cela, elle avait l’impression de se retrouver devant les paysans, tenant la mère en otage. Ce seigneur allait-il céder ? Toute en repensant aux paysans, elle se rappela de leur peur qui flottait dans leur pauvre demeure comme un nuage nauséabond. Mais cette jeune femme était curieusement calme, ne semblant pas effrayer d’être menacé par une elfe noire qui venait de montrer qu’elle n’éprouvait aucune pitié. Elle ne la suppliait pas, ne tremblait pas et même son rythme cardiaque était calme. Ce fut elle qui prit la parole et la métamorphe tressailli en entendant sa voix:

    -Crois tu vraiment que tu peux m’utiliser comme otage ? Que je ne peux me défendre ? Ne sois pas si sur de toi, car j’ai beaucoup changé Mais peut être ne m’as-tu pas reconnue, Nagalia.

    La surprise figea l’elfe pendant plusieurs secondes. Se reprenant, elle tira brusquement les cheveux de sa victime. La perruque lui resta dans les mains, dévoilant une chevelure brune.

    -Shilaï…


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  • Loin, très loin de la forêt de l’éternelle, dans une pièce enfumée deux personnes était assises à même le sol. La lumière vacillante d’une torche accroché au mur permettait de distinguer les murs de pierres mal ajustées, mais à peine les traits de ceux qui ne semblaient pas le moins du monde dérangé par l’odeur pestilentielle qui régnait en maitre dans ce lieu humide. En revanche, les vêtements de l’une étaient bien visibles. La jeune femme était vêtue d’une magnifique robe d’un noir scintillant décoré de perle d’ambre et de fil d’or. Un air noble se peignait sur son visage à la peau de porcelaine encadré par une chevelure folle de couleur feu. Elle semblait captivée par l’homme assis en face. Lui en revanche, un homme à l’âge incertain, ne portait que des haillons crasseux. Ses cheveux sales et d’une couleur indéfinissable s’emmêlaient dans une longue barbe.

    Il ouvrit soudain les yeux et fut pris de tremblement incontrôlable. La jeune femme le pressa, sans lui laisser le temps de se reprendre :

    -Alors ? Que sais-tu ?

    L’homme attendit que sa respiration ai repris un rythme normal avant de répondre d’une voix sifflante :

    -J’ai vu la fille d’elfe. Elle est arrivée.

    -Quoi d’autre ?

    -Je crois qu’elle a passé le pacte.

    -Bien… très bien… Et puis ?

    -Après, le vampire est arrivé. Elle a eu peur et l’a attaqué. Mais il n’a rien.

    -C’est une battante. De mieux en mieux. Ou est-elle ?

    -Dans la forêt de l’éternelle. Mais je n’en sais pas plus.

    La jeune femme se leva sans un regard vers l’homme et prit le temps de s’épousseté avant de décrocher la torche du mur et de se diriger vers une partie du mur tout aussi sale que les autre. Elle murmura dans une langue inconnue et passa un bras dans la pierre comme si elle n’était qu’une illusion.

    -Privilège des incantateurs, marmonna l’homme.

    -Bien sur. Je ferais n’importe quoi pour délivrer Trilliga su roi sanguinaire assis sur le trône.

    -Le roi sanguinaire ? Ne me faite pas rire, vous et moi connaissons la vérité.

    - Une vérité bien gardée. Mais maintenant qu’ils sont là, je n’aurais plus besoin de tes services. La prophétie s’accomplira, j’y ai toujours veillé.

    Elle disparu dans le mur sans rien ajouter, emportant avec elle la seule source de lumière. Un rat sortit d’une fissure de la roche et grimpa sur les genoux de l’homme, tel un chat. Pas du tout répugné, il le caressa et referma les yeux.

    -Il semble que ma vie touche à sa fin. Je suis lasse de cette existence de mensonge et de trahison. J’espère que ma fille aura le courage de faire ce que je n’ai jamais réussit. Lui tenir tête.

    Le rat poussa un couinement strident et couru se réfugier dans la fissure qu’il venait de quitter. L’homme ne rouvrit pas les yeux. Un mince sourire éclaira un instant son visage crasseux avant qu’il ne bascule sur le côté.

    « Adieu ma petite. Ne cède pas… surtout pas… »

    Longtemps le corps resta dans l’obscurité. Oublié de tous, sauf peut être d’une personne qui l’a cherché sans relâche, avant d’abandonner.

    Abandonner l’espoir de le revoir un jour.

    Abandonner tout espoir…


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  • Aline ouvrit brusquement les yeux. Une lueur laiteuse nimbait la forêt, lui permettant de distinguer de nombreux détails. Un simple coup d’œil lui suffit pour comprendre qu’elle n’était plus sur Terre. Allongée sur le dos, elle regarda l’astre brillant au dessus d’elle. Même si elle n’en voyait qu’un mince croissant dans le ciel sans nuage, ce rai de lumière dans cette voute parsemée d’étoile qui lui était inconnu la réconforta. Ce n’était pas la lune, elle le savait. Pourtant, la douce lumière qui lui parvenait semblait provenir de ce satellite qui tournait inlassablement autour de sa planète natale. Sans doute à des années-lumière d’ici…

    La jeune fille se releva prudemment. Elle se sentait épuisé, mais à part quelques égratignures, elle n’avait rien. C’était déjà un bon point. Regardant autour d’elle, sur le qui vive, elle remarqua plusieurs choses qui la firent frissonner. La luminosité qui lui permettait de se repérer ne venait pas de l’astre nacré au dessus d’elle, mais des arbres qui l’entouraient ! Les racines qui émergeaient çà et là du sol semblaient palpiter tel de monstrueux serpents lumineux. Cette lueur se propageait au tronc pour s’estomper de plus en plus vers les branches. Les feuilles qui s’agitaient doucement dans la brise du soir ne luisaient pas.

    Cet éclairage surnaturel lui permettait de distinguer une multitude de détails. Une sorte de papillon de nuit posé sur un brin d’herbe, une pierre ronde à côté d’une branche morte… Des détails insignifiants, inutiles. Elle ne voyait pas ce qu’elle tentait à tout prix de trouver. Ces amis.

    Elle était seule.

    Seule dans une étrange forêt

    Seule dans un monde inconnu.

    Seule, perdue…

    Elle manqua de s’effondrer de désespoir en en prenant conscience. Mais elle devait être forte pour la promesse qu’elle avait faite à Lee, avant de nourrir les lames vampires.

    « Nous ne pouvons plus reculer. »

    Ils retourneraient dans leur monde. Tous les trois. Qu’importe ce qu’il pouvait se passer.

    Rassurée d’avoir quelque chose à laquelle se rattacher, elle prit sa dague qu’elle avait glissé à sa ceinture. Dès que ses doigts touchèrent la garde, une étrange présence se fraya un passage jusqu’à ses pensées.

    « Tu es prête à faire le pacte ? »

    Cette question avait raisonnée dans sa tête. Ce n’était pas une voix que l’on peu décrire. Ni grave, ni aiguë, ni douce, ni éraillée, ce n’était qu’une présence accompagnée de questions, de savoir et de sentiments. Aline répondit de la même façon :

    « Je crois que je n’ai plus le choix »

    « On a toujours le choix. Il suffit simplement de faire le bon. »

    « C’est une belle philosophie, mais je ne pense pas pouvoir l’appliquer maintenant. »

    « Vraiment ? Quel dommage. Mais si c’est ce que tu as décidé, je ne peux qu’obéir aux ordres de celle qui m’a nourrit. »

    La jeune fille retint sa respiration. Etait-elle vraiment prête pour ce pacte ? Lorsqu’elle s’était coupée pour nourrir la dague, cette même présence l’avait avertie. Pour être lié à une lame vampire, il ne suffisait pas simplement de la nourrir. Il fallait aussi passer un pacte. En échange de l’habilité qu’offrait l’arme pour le combat, son possesseur devait, non seulement lui faire dont de son sang, mais également de sa vie. Oh, très peu, quelque jours tout au plus, mais à chaque fois que les pouvoirs de la dague seraient utilisés … Pouvait-elle sciemment raccourcir ainsi son espérance de vie ? En même temps, seule et perdue dans un monde inconnu, son temps était compté.

    « Passons le pacte. »

    « Donne-moi ton nom. »

    « Je m’appelle Quermain Aline »

    « Moi, Osaya ho Isharu, défendrait Quermain Aline de tout mon pouvoir en échange d’une partie de sa vie. Acceptes-tu les termes de ce pacte ? »

    « Je les accepte. »

    « Alors nous somme maintenant lié. Rien hormis la mort, ne peut briser ces règles. »

    Aline remarqua soudain qu’elle retenait toujours sa respiration. Elle prit une grande bouffée d’air et regarda son arme d’un air méfiant. Elle semblait un peu plus lumineuse, mais rien ne laissait penser qu’elle venait de vendre sa vie à ce morceau de métal… Un détail l’avait cependant intrigué durant le discourt de la lame.

    « Je ne suis pas sur d’avoir bien compris mais… tu as un nom ? »

    « Bien sur que j’en ai un ! Je ne suis pas une arme ordinaire ne l’oublie pas. Je suis Osaya ho Isharu, ce qui veut dire éclat d’émeraude. »

    « Eclat d’émeraude ? »

    « C’est le nom que m’a donné mon créateur »

    « Et qui étai-il ? »

    « Je ne le sais pas. Les lames vampire acquièrent conscience et savoir lorsqu’elles sont nourrit. Mais si je peux te donner de nombreuse information sur Alona, il est strictement interdit la moindre information sur mon créateur. »

    « Tu peux vraiment me donner la moindre information sur ce monde ? Alors peux-tu me dire ou je suis ? »

    « A Mentis, dans la forêt de l’éternelle. Marche vers l’est et tu te retrouveras dans les plaines des songes. Au nord et à l’ouest, tu t’enfonceras encore plus profondément dans la forêt. Vers le sud, tu trouveras le bois des cauchemars. »

    « Je suppose que le bois des cauchemars est une mauvaise destination. Mais est-ce que je devrais rester dans cette forêt ou aller vers les plaines ? »

    « A toi de voir. Aucun des deux n’est vraiment sur durant la nuit. »

    -Aline !

    La jeune fille se retourna en sursautant et inconsciemment demanda de l’aide à Osaya. Elle se retrouva soudain avec un long poignard à lame noir dans chaque main, une rapidité accrue et d’excellents reflexes. Ce furent ses réflexes qui évitèrent à Naxo de finir avec le cœur transpercé. Elle maitrisa d’extrême justesse son mouvement d’attaque instinctif et tout les deux s’observèrent ébahit pendant plusieurs secondes avant qu’elle n’éclate.

    -Mais ça va pas d’arriver silencieusement derrière moi avant de hurler mon nom ! J’ai faillit faire une crise cardiaque !

    -En l’occurrence, c’est plutôt moi qui est faillit finir avec un problème de cœur… Je vois que tu t’es décidé à passer le pacte. Tant mieux, ça va nous faire gagner du temps.

    Aline ouvrit la bouche pour parler, mais le vampire la pris de vitesse.

    -Et avant que tu ne m’assaille de question, je vais te résumer rapidement la situation. Le portail a été détruit, je ne sais pas pourquoi, mais cela s’est passé lorsque nous étions encore dedans. Au lieu d’arrivé tous au même endroit, nous avons été projeté dans des directions différentes. J’ai déjà retrouvé tes deux amis alors dépêche toi de me suivre pour les rejoindre. Cette forêt n’est pas sure.

    La jeune fille referma la bouche et renonça de mauvaise grâce à poser un tas de question à Naxo. Même si dans l’éclairage surnaturel de cette forêt, il ne paraissait plus aussi inquiétant. En revanche, il commençait sérieusement à l’agacer avec cette manie de les prendre pour des débiles et de leur donner des ordres… Mais le pire, c’est qu’elle savait qu’il avait raison.

    Le vampire tourna les talons et s’enfonça dans la forêt. Après une brève hésitation, Aline le suivit. Osaya devint une simple bague sertit d’un éclats d’émeraudes à son doigt. Comme pour les suivre, le papillon battit des ailes pour quitter le brin d’herbe ou il était posé. Mais les crocs d’un petit reptile l’empêchèrent de prendre son envol. Le vent bruissa quelques instant dans les feuillages, puis ce fut le silence.


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  • -Je vais à la frontière de Mentis, déclara soudain Natgar.

    Nagalia et Alae tournèrent la tête vers lui. Il faisait nuit et la campagne du Royaume Trilliga était froide en cette période. Mais aucun des trois mercenaires ne s’en souciait. Que pouvait un ennemi aussi insignifiant que le froid contre eux ? C’est pourquoi ils s’étaient assis dans l’obscurité la plus complète sans prendre la peine d’allumer un feu. Nagalia se nourrissant de racines et les deux demi-démons de viande crue cela aurait été plus qu’inutile.

    La luminosité n’était pas non plus un problème car ils étaient tous capable de voir dans le noir.

    Ils avaient quitté la forteresse dès que Nathanaël avaient fini ses explications et avaient parcouru un nombre impressionnant de kilomètres en quelques heures. Ils réfléchissaient à présent comment terminer rapidement cette mission tout en donnant envi au plus de gens possible de les attaquer. Car ils voulaient bien exécuter les ordres, mais il fallait quand même qu’ils y gagnent quelque chose.

    Chacun était donc perdu dans ses pensées lorsque le jeune homme avait brisé le silence qui s’était abattu sur leur groupe.

    -Pourquoi ? demanda Alae.

    Un crissement métallique agressa ses oreilles sensibles. L’elfe noire venait de dégainer une dague et entrepris de l’affuter.

    -Si l’on s’occupe chacun d’une zone, ça prendra moins de temps et chacun s’occupera des rebelles comme il l’entend.

    Nagalia reposa sa dague.

    - Très bien. Mais ne compter pas sur moi pour aller à la frontière de Faïlsa.

    Elle capta le regard interrogateur de la jeune fille, mais ne répondit pas. Alae haussa les épaules.

    -D’accord, j’irais.

    -Bien.

    Le demi-démon déplia ses grandes ailes noires.

    -Disons ici dans huit jours avec nos proies.

    Il s’envola silencieusement dans la nuit noire. Alae se leva à son tour et dégaina ses épées jumelles.

    -J’espère qu’il y aura beaucoup de rebelles… Mes épées ont soifs de sang. Et moi plus encore.

    Elle disparu à son tour dans l’obscurité. L’elfe noire rengaina sa dague et attendit un moment dans le silence. Peut être que cette mission lui donnerait l’occasion de Les trouver… Non, aucune chance. Ils ne pouvaient pas être des humains. L’elfe disparu. Laissant place à un grand corbeau encore plus noir que la nuit.

    L’oiseau écarta les ailes et s’envola sans un bruit.

    La campagne défilait sous lui. Des forêts, une plaines rocailleuse, des champs cultivés et enfin, un petit hameau. Toutes les lumières étaient éteintes à une heure pareille. Mais le charognard sentait des odeurs de bois brûlé.

    Il survola un enclos ou était parqué quelques vaches somnolentes. Ses contours se brouillèrent et Nagalia atterrie souplement sur le sol en terre. Trois pointes en métal percèrent la peau entre ses phalanges. Quelques gouttes de sang coulèrent.

    D’un pas vif, elle se dirigea vers la première maison en chaume. Rien ne bloquait la porte en bois, elle entra tranquillement.

    Six personnes dormaient à même le sol, recouvert par quelques brins de paille. L’elfe ne fit pourtant pas le moindre bruit en s’approchant d’eux.

    Le spectacle qu’offrait ses six corps recroquevillé les un contres les autre, recouverts de maigres haillons, la peau pâle maculée de crasse, de boue et de suie, était vraiment pitoyable. La Noire se dit qu’elle devrait débarrasser le Royaume de cette vermine qui ne servait qu’à en ternir l’image, mais elle se contint. L’un d’eux, peut être, deviendrait un mage à la cour du roi.

    Aussi, elle s’agenouilla simplement devant celle qu’elle devinait être la mère et posa le tranchant de ses griffes contre la peau fragile.

    Ce léger contacte avec le métal froid réveilla brusquement la femme qui sursauta. Nagalia avait anticipé son geste et maintint la pression de son arme juste assez pour que l’acier entame légèrement la chaire, faisant couler un petit filet le long de son cou.

    -Tttt, susurra l’elfe d’une voix froide. Tu ne voudrais quand même pas faire un mouvement brusque ? Je risquerais de te trancher accidentellement la gorge…

    La paysanne trembla, mais ne bougea plus, n’osant même pas parler.

    -Bien. Debout là dedans, cria-t-elle soudain.

    Les cinq autre se levèrent vivement, mais se figèrent en voyant l’otage. Le père, furieux, crispa les poings, mais ne se jeta pas sur l’intruse. Dommage pensa-t-elle.

    Autre le père, il y avait trois garçon dont le plus vieux devait avoir treize ans et les plus jeunes six. Il y avait une fille aussi, d’une dizaine d’années, bien plus maigre que ses frères, Nagalia en vint se demander comment il était possible qu’elle soit encore vivante.

    -Excusez-moi de faire ainsi irruption chez vous, mais c’est notre bon roi qui m’envoie.

    En entendant parler du monarque, ils reculèrent effrayé tandis que la femme, toujours couché, se remettait à trembler.

    -Eh oui ! Alors celui qui a le plus grand pouvoir magique va m’accompagner. Sinon…

    Elle appuya un peu plus mes griffes contre la peau sale et le sang se remit à couler.

    -Cette femme mourra.

    Le père s’avança craintivement vers l’elfe. Ou plutôt, fit un pas dans sa direction. Il déclara d’une voix chevrotante :

    -Pe… personne n’a beaucoup de pouvoir… nous ne… nous ne sommes que des paysans…

    La Noire soupira, dépité. Ils avaient tellement peur qu’ils n’osaient pas l’attaquer. C’en était déprimant d’être réduite à discuter avec ses gens si simple d’esprit. Et tellement idiots…

    -Changeons de tactique, proposa-t-elle. J’égorge ta femme et je continuerais avec tes enfants si tu ne te montres pas raisonnable.

    -Non !

    Un instant, elle cru que ce paysan chétif allait lui sauter dessus pour l’étriper, mais il se jeta à genoux :

    -Je vous en supplie… Nous n’avons rien fais de mal. Nous sommes des gens honnête… Nous payons les taxes de notre roi. Nous…

    C’était vraiment pitoyable.

    Sans aucun état d’âme, la Métamorphe appuya soudain fortement ses griffes contre la gorge sans défense de sa victime.

    La femme hurla. Un flot de sang jaillit. Elle tenta de se débattre, mais ne fit que s’enfoncer plus profondément les pointes de métal dans sa chaire. Ses yeux se révulsèrent et elle poussa un dernier râle, étouffé par le sang qui jaillissait de sa bouche.

    Elle était morte.

    Un silence de mort était tombé dans la pauvre masure. Les cinq survivants regardaient le spectacle horrifié. Nagalia se releva tranquillement et les toisa.

    -A qui le tour ? demanda-t-elle d’une voix joyeuse.

    Elle s’avança de quelques pas et les paysans reculèrent tout autant.

    -Vous refusez d’être raisonnable, murmura-t-elle.

    Sa main se tendit comme un serpent noir et attrapa un bras maigrelet. Elle tira vers elle un enfant de huit ans dont les yeux sombres étaient baignés de larmes.

    -Tant pis pour vous. Et tant mieux pour moi.

    De nouveau, ses griffes meurtrières, encore couverte de sang, se posèrent sur une gorge sans défense.

    -Papa ! hurla le garçon terrifié.

    -Allons brave homme, tu ne souhaite quand même pas voir mourir celui-ci.

    -Arrêtez ! S’il vous plait ne faite pas ça !

    Le tranchant de ses lames se promena délicatement sur le cou à la peau sale, traçant un mince sillon sanguinolent. Elle pouvait voir sa jugulaire trembler au rythme affolé de son cœur. Qu’elle délice ce serait de trancher cette artère et de voir cette fontaine de sang couler…

    -Pourquoi ? Je viens demander quelque chose au nom du roi, et tu ne me le donne pas. Il faut bien que vous soyez puni. Et tu remarques que je suis clémente. J’aurai du tous vous tuer dès l’instant ou tu as refusé. Mais je t’offre une seconde chance. Donne-moi celui qui maitrise le mieux son élément ou je tue celui là. Sans aucune hésitation.

    -Papa… murmura le gamin serré contre l’elfe, du sang coulant de son cou.

    Nagalia attendit quelques secondes.

    -C’était ta dernière chance…

    Une fois de plus, ses griffes mordirent la chaire. L’enfant se vida de son sang en quelques secondes. Il s’affaissa dans les bras de la Noire qui le lâcha. Il s’effondra à terre comme un sac.

    L’elfe leva son arme à hauteur de visage et contempla fascinée le liquide vermeil qui goutait le long du métal. Elle ferma les yeux et une petite langue noire vint s’enrouler autour d’une pointe, léchant le fluide vital qui commençait à couler sur sa main.

    Quand elle rouvrit les yeux, ils étaient bien plus rouges.

    -Je crois malheureusement que tu disais la vérité, aucun de vous n’est digne d’aller à la cour du roi. J’aurais aimé m’amuser encore avec vous, mais je crains que le temps me manque.

    L’elfe noire sortie tranquillement de la maison de chaume, laissant au père et à ses trois enfants les cadavres de sa femme et de son fils.

    Les contours de Nagalia se brouillèrent et une hyène à la musculature puissante pris sa place dans la rue sombre. Le charognard se mit en route, courant dans la nuit.

    Elle n’avait pas le temps de passer en revue chaque personne. Il lui fallait des indices, savoir ou chercher… Ou trouver cela ?

    La hyène eu un méchant rire en apercevant soudain des lumières. Une ville se dressait non loin d’ici. L’endroit rêvé pour y exercer ses talents d’assassin.


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  • Lara courait. Malgré son souffle rauque, ses poumons en feu, ses muscles crispés, la fatigue qui faisait trembler ses membres, elle courait.

    Elle courait pour sauver sa vie.

    Mais elle savait qu’elle ne tiendrait plus très longtemps. Comme s’il s’en était aperçu, Naxo se tourna vers elle, sans cesser de courir.

    -On y est presque. C’est ce chêne.

    L’arbre en question était surement le plus vieux de la forêt. Son tronc noueux était énorme. Mais Lara ne savait pas en quoi ce feuillu, certes impressionnant, allait pouvoir les aider à semer le monstre qui les suivait.

    Soudain, quelqu’un s’écroula. Lee n’en pouvait plus. Il n’avait pas récupéré de l’effort qu’il avait du faire pour créer la lance de feu.

    Le vampire s’arrêta brusquement et Aline faillit lui rentrer dedans.

    -Continuez, hurla-t-il aux deux filles qui ne savaient pas trop quoi faire.

    Un cri strident les fit grimacer. Le dragon les avait retrouvés. Naxo releva Lee et ils repartirent dans leur course effrénée.

    Les derniers mètres furent un supplice. Puisant dans leurs dernières forces, ils atteignirent l’arbre hors d’haleine.

    -Qu’est-ce… qu’est-ce qu’on fait maintenant ? souffla Aline en tremblant.

    Naxo ne répondit pas et grimaça en examinant le tronc.

    -Le passage est bloqué dans ce sens. Occupez le dragon pendant que je l’active.

    -Quoi !

    -Mais… comment ?

    -Débrouillez vous !

    Sens plus leur prêter attention, le vampire murmura en suivant l’écorces noueuse du bout des doigts. Une petite étincelle verdâtre apparaissait par moment.

    A cet instant, le dragon apparut au sommet de la bute qu’ils venaient de descendre. Il siffla et une langue fourchue apparut entre ses crocs.

    -Comptez pas sur moi pour faire des grillades, je n’en peut plus, dit Lee dans une pâle tentative d’humour.

    Aucune de ses deux amies de releva la remarque. Elles étaient bien trop terrifiées. Et elles venaient surtout de se rendre compte qu’elles allaient peut être mourir. Ici, dévorées par un dragon.

    Ce n’est qu’à ce moment que Lara en prit vraiment conscience. Elle n’avait pas eu le temps de le réaliser quand les Syv l’avaient attaqué, et tout s’était passé trop vite depuis qu’elle s’était réveillée. Mais maintenant…

    Maintenant elle devait combattre cette chose. Ce monstre qui n’hésiterait pas une seconde à les tuer. Ce n’était qu’un animal affamé. Ou une machine programmer dans un seul but. Détruire. Détruire la vie.

    Maintenant elle réalisait qu’elle allait mourir.

    Son cœur s’affola, sa respiration devint saccadée, son corps se couvrait de sueur, sa peau se hérissait. Mais elle ne bougeait pas. Alors que tous son être lui hurlait de prendre la fuite, de courir sans se retourner, elle ne bougeait pas, gardant les yeux fixé sur la créature.

    -Je… nous… Qu’est ce qu’on fait…

    -J’en sais rien ! hurla Aline. C’est toi qui connait le mieux ton pouvoir ! Tu ne peux rien faire ?

    -Heu… je…

    - Bouge-toi ou on va y rester !

    Qu’est-ce qui la fit réagir ? Sa peur ? L’urgence dans la voix de ses amis ? Ses yeux devinrent soudainement noirs et une brusque rafale de vent fit bruisser les feuilles. Aline soupira de soulagement. Malgré ses efforts, elle avait si peur qu’elle ne contrôlait rien.

    Invisible et impalpable, mais pourtant guidé par une seule volonté, le vent entoura le dragon. Il soulevait feuille, terre, gravier et sable, créant un cercle de poussière autour du monstre. Il se riait des crocs acérés qui tentait de le mordre, déjouait sans peine les griffes tranchant qui voulait le déchiqueter.

    Puis, poussé par Lara, il souffla sur la tête du reptile géant, l’aveuglant de tout ce qu’il avait soulevé sur le sol de la forêt. Le dragon rugit de colère, secouant son énorme tête pour tenter de se dégager de ce vent qui lui charriait tout ces petit débris dans les yeux.

    -Bien joué ! Lança Lee d’un air admiratif devant son amie.

    -Je ne… ne sais pas… combien de temps je vais… tenir, haleta-t-elle.

    Comme si dire ces quelques mots l’avait privé de ses forces, le vent cessa soudain. Un silence de mort s’abattit. Puis le monstre tourna son regard vers les trois adolescents et poussa un grondement terrifiant.

    -Dépêchez-vous, le passage est ouvert !

    Une barrière de lumière se matérialisa soudain devant eux. Surpris, ils se retournèrent pour voir que l’arbre était cerclé par une lumière blanche irisé.

    -Que ce que… commença Lee.

    Il ne finit pas sa phrase. La lumière s’intensifia et… ils disparurent sous les yeux stupéfaits du dragon.


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  • Lara ouvrit péniblement les yeux. Elle avait l’impression qu’on forait une ligne de métro sous son crane. Elle tenta de se lever, mais ses jambes ne lui obéissaient plus. La migraine terrible qui lui enserrait les tempes l’empêchait de réfléchir.

    -T’es enfin réveillé, s’exclama une voix.

    -Aïe, ne cris pas. Qu’est ce qui c’est passé ?

    Elle allait un peu mieux maintenant et analysa son environnement. Adossé contre un arbre, Ils devaient se trouver dans la forêt bordant la ville. Tout lui paraissait relativement normal. Excepter le fait qu’elle se soit fait attaquer par des espèces de chat/ reptile/ humain. Et justement, sa blessure. Lara se regarda sous toutes les coutures, mais mise à part son pull déchiré et taché de sang, elle était indemne.

    -Tu as de la chance. Les griffes des Syv sont en général empoisonnées. Mais là, rien. En faite, tu as vraiment eu de la chance, parce que, bien que je sois un shaman, je maitrise un peu le cinquième élément. Sinon, tu serais morte…

    -Hein ? parvint à articuler la jeune fille complètement perdu.

    -Je sais que toute les vérités ne sont pas bonne à entendre, mais vu que tu es tiré d’affaire, je ne vois pas pourquoi je ne te dirais pas ce qui à faillit se passer. Faudra que tu fasses attention la prochaine fois. Les Syv sont rapide.

    -Hein ?

    -Quoi hein ? Avoue que tu ne t’y attendais pas. Sinon tu n’auras pas eu le ventre transpercé. C’était pas beau à voir d’ailleurs. Evite de te faire trop souvent coupé en morceau. Je suis un vampire quand même.

    -Hein ?

    Lara s’était bloquée sur ce seul mot. Elle ne comprenait absolument rien à ce que lui racontait le vampire. Son mal de tête n’était pas pour arranger les choses.

    -Ben oui. Je n’aime pas trop le sang humain, mais les Portes sont affreuse. J’ai vraiment faim là. Je ne te cache pas que j’aurais préféré manger plutôt que te soigner, mais je ne crois pas que Tatiana me l’aurait pardonné… Tes amis non plus d’ailleurs. Je crois bien qu’Aline m’aurait étripé.

    -Hein ?

    Naxo sembla enfin remarquer que quelque chose n’allait pas.

    -En faite, ça va ?

    -Hein ?

    -Hm… tu pourrais me dire autre chose ? Du genre oui ça va ou non ça ne va pas ?

    -Je… quoi ?

    Le vampire se gratta la tête. Une branche craqua ce qui l’empêcha de tenter autre chose. Lee et Aline arrivaient. Bien que dans une sorte d’état second, Lara remarqua que Aline portait une curieuse armure qui s’emblait faite de pierres et que les mains de Lee étaient en feu. En arrivant à leur hauteur, ils marmonnèrent quelque chose et l’armure d’Aline tomba en poussière tandis que le feu de Lee s’éteignait.

    - Alors ? demanda brusquement Naxo

    -Rien, répondit Lee. Absolument personne. Tu avais raison…

    -Pas d’oiseau, pas d’insecte. Même les fleurs étaient encore fermées.

    -Vous me croyez maintenant ?

    -Oui, répondirent sans hésitation les deux amis.

    -Qu’est-ce qu’il se passe ?

    -Lara ! Tu vas mieux ?

    -Aïe ! Arrêtez de crier !

    Naxo entraina les deux jeunes un peu à l’écart sans que Lara ne tente de les suivre.

    -Je ne sais pas si les griffes étaient vraiment empoisonné, mais elle n’à pas l’air d’aller bien… A moins qu’elle ne comprenne absolument rien à ce qui se passe… Je ne sais pas, mais mieux vaudrait ne pas trainer. Via pourrait nous envoyer autre chose que des Syv en guise d’accueil.

    Aline se mordit la lèvre, une sorte de tique lorsqu’elle réfléchissait.

    -Nous savons que tu disais la vérité. Mais je n’arrive toujours pas à me décider…

    -Moi non plus… Quitter la Terre, craindre à chaque instants pour notre vie…Je ne sais pas…

    -Et cette Via semble être très dangereuse…

    -Ce n’est pas peu dire, marmonna Naxo. Mais il faut absolument partir. Tant que Tatiana ne vous aura pas devant elle, elle ne lèvera pas le sort. Alors, si vous ne partez pas pour Alona, partez pour la Terre.

    -C’est affreux de manipuler les gens comme ça, gémit Aline.

    -Et Lara, s’inquiéta soudain Lee. Il faut la mettre au courant.

    Ils se retournèrent tous les trois vers la jeune fille, toujours assise au pied de l’arbre.

    - On n’a pas le temps.

    -Non, contra Aline. Cette décision doit aussi être la sienne.

    -Elle finira par se ranger de votre avis mais nous aura fait perdre trop de temps. Partons.

    -Mais… tenta la jeune fille.

    -A chaque secondes que nous passons ici, le piège se referme un peu plus sur nous, répliqua le vampire en allant chercher Lara. Venez.

    Les adolescent se crispèrent, mais le suivirent sans répliquer.

    Enfermé dans un silence songeur, Naxo releva Lara et la jeune fille le suivit comme un automate. Le vent bruissa dans le feuillage. Non loin, un ruisseau murmurait doucement. Un rouge-gorge poussa un trille joyeux.

    -Attention ! hurla soudain Naxo en plaquant Lee et Aline à terre.

    Le rouge gorge s’envola à tire d’aile. Un éclair déchira le ciel brusquement devenu noir. Un bruit assourdissant l’accompagna.

    Aline se releva en tremblant. La foudre s’était abattu la ou elle se tenait un instant plus tôt.

    Le vampire jura en contemplant le trou noirci. De nouveau, son arme étrange apparut dans ses mains.

    L’éclair semblait avoir sortit Lara de sa torpeur.

    -Mais qu’est ce qu’il s’est passé pendant que j’étais inconsciente, s’énerva-t-elle.

    Naxo lui fit signe de se taire et elle obéit sagement, repensant à l’attaque des Syv. A sa grande stupéfaction, une sorte d’armure de pierre la recouvrit. Surprise par le poids, elle faillit tomber.

    -Désolé, souffla Aline, mais je n’aimerais pas que tu te fasses de nouveau blesser.

    Elle avait revêtu une armure semblable à la sienne.

    -Comment tu fais ça !

    Son amie lui sourit :

    -J’ai appris…

    -Et toi, tu contrôle l’air. Je crois qu’il faudra que tu t’en serves.

    Lara se tourna stupéfaite vers Lee, des flammes bleues courants sur ses mains et ses avant bras.

    -Mais… comment, bégaya-t-elle.

    -Taisez-vous, leur dit soudain le vampire qui semblait tendu.

    De nouveau, le silence.

    Bien plus pesant qu’il ne l’avait été jusqu’à présent.

    Quelque part sur Terre, dans une petite forêt bordant une ville déserte, un vampire et trois hybrides attendent.

    Douloureusement conscients qu’ils vont peut être mourir.

    Mais ils restent et attendent.

    Ils n’ont pas le choix.

    Et soudain, quelque chose d’étrange se produisit, l’air se déchira.

    Il n’y avait pas d’autre mot, d’autre image.

    Comme si une force inconnue avait déchiré la fragile membrane qui protège notre monde. Une peau protectrice dont personne n’avait conscience. Dont personne n’aurait put soupçonner l’existence, mais qui avait toujours été là, nous isolant de toute menace.

    C’est à cela que pensait Lara en voyant quelque chose franchir la brèche.

    Quelque chose mesurant au moins deux mètres de haut et surement six de long. Quelque chose couvert d’écailles orangé. Quelque chose qui avançait en ondulant sur ses courtes, mais puissantes, pattes. Quelque chose qui avait la tête entouré par une crinière de poils rouge. Quelque chose avec deux grands yeux noir fendu par une pupille vermeille. Quelque chose qui pointait sa gueule pleine de crocs vers eux.

    Ce quelque chose ressemblait vraiment aux dragons asiatiques.

    Naxo pris soudain la parole :

    -Et bien, si je m’attendais à ça… Transmettez mes meilleures salutations à votre maître. J’aurai aimé le faire moi-même mais…

    Il fit disparaitre son épée double.

    -Je ne crois pas pouvoir affronter un de ses dragons. On fonce ! hurla-t-il à l’intention des trois adolescents qui regardait bouche bée ce qui venait d’apparaitre.

    Il se détourna et saisit Aline par le bras tandis que Lee et Lara courait à sa suite. Bien que surprise, la maitresse de la Terre fit disparaitre ses armure, leur permettant d’aller plus vite et Lee éteignit les flammes.

    -Qu’est ce qu’on fait, haleta Lara.

    -On va à la Porte. En espérant qu’il ne nous rattrape pas…

    Une course folle s’engagea. Sur un terrain découvert, ils n’auraient eu aucune chance, mais dans cette forêt, le dragon perdait un temps fou à tenter de ses faufiler entre les arbres alors que les quatre autres slalomaient avec agilité entre les troncs.

    Ils couraient pour leur vie, douloureusement conscient qu’ils n’avaient que très peu de chance d’en réchapper.


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  • Nathanaël s’arrêta devant une table d’ambre finement sculpté sur laquelle reposait une statuette de granite noire, haute d’une vingtaine de centimètre, représentant un cavalier sur son cheval. La sculpture paraissait vivante. Les moindres détails avaient été reproduits. Le roi regarda la statue.

    Puis il soupira. Il avait réfléchit, examiné toutes les possibilités qui s’offraient à lui. Bien peu en fait. Et il n’avait pas le choix. Il devait appeler celle à qui il devrait donner son âme s’il échouait à capturer Tatiana. Il ne lui restait que quelques années pour y parvenir. Alors que pour l’instant, il était contraint à se mettre sur la défensive…

    Il lui fallait retourner la situation. Et mener la danse. Sa décision était prise.

    Il poussa soudain un sifflement strident. Une étrange créature apparut alors.

    De longs cheveux noirs encadraient un visage fin ou une fourrure blanche poussait en abondance. Ses yeux rouges, sans pupilles tranchaient avec cette pâleur. Ses lèvres noires étaient si fines qu’elles semblaient inexistantes. Elles se relevaient en un rictus inhumain qui laissait apparaitre deux crocs dorés. De petite taille elle était d’une maigreur squelettique et même sa fourrure ne parvenait pas à faire disparaitre ses os saillants. La créature n’avait pas de bras, mais deux ailes de chauve-souris jaunâtres qui partaient de ses épaules et se terminaient par trois griffes acérées. Elle se déplaçait sur deux pattes reptiliennes terminées par des griffes noires qui grinçaient sur le sol en marbre.

    Via apparut.

    -Vous m’avez appelé maître ? interrogea-t-elle d’une voix rauque.

    -Shihi à attaqué un espion envoyé au Royaume des Glaces. Il devait m’apporter des informations capitales. Cette naïade l’a transformé en statuette de granite. J’exige que tu lui rendes sa forme originelle !

    -Bien maître, j’entends et j’obéis, répondit-elle d’un ton sarcastique.

    La démone se plaça devant la statuette et la regarda sous tous les angles.

    -Maître, demanda-t-elle, pourrais-je descendre la statue ? Votre table risque de s’abimer.

    -Oui, vas-y et dépêche toi.

    -J’entends et j’obéis.

    Via déposa délicatement la statuette sur le sol de marbre blanc. Elle leva les ailes et fit cliqueter ses griffes.

    - Na erad ragznio nio juga. Mivaia.

    Dix secondes s’écoulèrent. Rien.

    -Alors, s’impatienta Nathanaël.

    -Cette naïade à de grand pourvoir… Mais il doit être possible de contourner ce sort. Umrunio na legad meyi.

    Cette fois-ci, la statuette trembla.

    - Enfin, jubila le roi.

    A peine eut-il fini sa phrase que la statue se brisa.

    -Raaah ! Qu’as-tu dis ?

    -J’ai dis : Umrunio na legad meyi, répondit Via serviable.

    -Ce qui veut dire ?

    - Brise ta prison de pierre.

    -Et avant ?

    - Reprends ta forme première.

    -Donc il y avait quelque chose dans la statue, marmonna le souverain en ramassant les morceaux. Répare moi ça.

    -Oui maître. Vaï etoaia.

    Les morceaux se récolèrent d’eux même et a statuette repris sa place sur la table, exactement semblable à celle qu’elle était il y a quelques secondes. A la différence près que la pierre n’était plus du granite. Les magnifiques reflets bleutés contrastaient étrangement avec la table d’ambre. Un saphir sculpté représentant un cavalier sur son cheval semblait les toiser.

    -Via ! Que signifie ceci ? demanda Nathanaël d’une voix froide.

    -Je… maître… je… c’est que…

    -C’est que tu es incapable de contrer les sort d’une naïade !

    -Maître, c’est la Naïade.

    -Les naïades ont des grands pouvoirs, certes, Shihi est très douée, mais pas au point de contré une démone de Saën !

    -Maî-maître, ce- c’est une naï-naïade de Saën, balbutia Via devant la fureur de son maître.

    La fureur de Nathanaël s’évanouit d’un coup, laissant place à un autre sentiment tout aussi violent, l’effroi. Soudain livide, il se laissa tomber sur un fauteuil, au milieu de des coussins de soie coloré.

    -Tu en es sur, parvint-il enfin à murmurer.

    La démone ferma ses yeux rouges et répondit, une absence totale de sentiment dans sa voix éraillé :

    -Certaine. Le sort qu’elle a utilisé demande une maîtrise parfaite de la terre et du cinquième élément. Nous savions déjà que Shihi est de Terre. Mais maîtriser ainsi le cinquième élément n’est a la porté de tous. A part les mages, il n’y aurait que les druides ou les sorciers pour les égaler. Que Shihi soit une sorcière me semble très peu probable car elle ne pourra jamais maîtriser un esprit. Une druide ? J’en doute car elle nous a souvent prouvé qu’elle maîtrise les quatre éléments. Nous étions donc persuadé qu’elle était une Shaman. Mais voici qu’elle transforme l’essence même d’un humain et fait de lui une pierre. Je ne vois que les mages pour réussir un exploit pareil. Mais pas n’importe qu’elle mage non plus. Les lieurs n’ont pas une telle puissance pas plus que les guérisseurs. Je ne vois qu’un haut mage. Et un haut mage ayant ce niveau est forcément un mage de Saën.

    Via rouvrit les yeux et planta son regard dans celui de son maitre.

    -La partie ce complique. Shihi est capable de me tenir tête et il n’y a plus de haut mage dans le royaume.

    Nathanaël soutint le regard sanglant de la démone et serra les poings.

    -Je le sais bien ! J’ai envoyé des messagers jusque dans les petits hameaux à la frontière en espérant trouver dans enfants assez puissant pour en faire des Haut Mages. Rien ! Le peuple à trop peur de moi. Personne ne va parler si son fils est doué avec son élément. Les parents se tairont de peur que mes soldats ne le leur enlèvent. Ils ne comprennent donc pas que la survit du Royaume dépend de leur participation ?

    Le roi se leva et abattit avec rage ses poings sur la table d’ambre, faisant trembler la statuette. Un silence pesant tomba dans la pièce.

    -Très bien, repris le jeune homme d’une voix plus calme, ils refusent de coopérer ? Alors ils ne vont plus avoir le choix.

    Il ferma les yeux et un oiseau ressemblant à un aigle entièrement noir apparut dans la pièce. Nathanaël était un invocateur. Avant qu’il ne devienne le roi haït par son peuple, il avait parcouru la campagne de son Royaume et s’était lié avec plusieurs animaux. Le rapace qui venait de faire son apparition était un jarmet découvert lors d’une chasse. Ces oiseaux étant rapides et dangereux, il n’avait pas hésité à l’enchainer grâce aux Mots Interdits. Depuis, le jarmet lui vouait une fidélité que rien, hormis la mort, ne pouvait rompre.

    -Va me chercher Natgar, Nagalia et Alae, lança le souverain au rapace.

    Celui-ci disparut à tire d’aile dans le couloir. Nathanaël reporta son attention sur Via. La démone le regardait avec une lueur indéfinissable dans les yeux.

    -Le peuple me craint… Sans aucune raison. Maintenant, j’ai besoin de lui et, muré dans sa terreur, il se cache… Je vais donc lui donner une bonne raison d’avoir peur.

    La porte s’ouvrit à cet instant, laissant place à un étrange jeune homme. Ses cheveux vert sombre tourbillonnaient en mèches folles autour de son visage à la peau d’albâtre. Ses yeux dorés aux pupilles verticales fixaient Nathanaël d’un air sarcastique. Il semblait enveloppé d’une cape noire, curieusement luisante. Soudain, l’étoffe ondula et le jeune homme écarta deux longues ailes de chauve-souris. Torse nu, il dévoilait une musculature puissante. Son pantalon de toile grise était resserré au niveau des chevilles par des lanières de cuire noir, laissant voir ses pieds, qui ressemblait plus à des serres d’oiseau, pourvu de trois griffes onyx.

    Cette apparence pour le moins étrange s’expliquait par le simple fait qu’il était un hybride. Il mélange contre nature d’un démon et d’une femme. Il n’avait jamais cherché à maîtriser les pulsions meurtrières qui pouvaient lui faire perdre tous contrôle. Plus que tous, il aimait le sang, la souffrance et la mort. Peut être pour se venger de ce que lui avait fait subir les humains durant les premières années de sa vie…

    Quoi qu’il en soit, ce n’était pas par crainte qu’il avait rejoins le nouveau souverain, mais parce qu’il se disait que quelqu’un ayant rué son propre père pour le pouvoir lui promettrait de quoi satisfaire sa soif de sang.

    Nathanaël le salua d’un mouvement sec de la tête. Il n’aimait pas Natgar, et c’était parfaitement réciproque. Mais ils étaient forcés de coopérer.

    -Que veux-tu cette fois ? demanda sans plus de manière le jeune homme qui ne semblait du tout impressionné de se retrouver devant l’homme le plus détesté de tous le Royaume. Torturer une pauvre bergère qui a oublié de te donné une partie de son maigre troupeau ? A moins que je ne doive tuer dans d’atroces souffrances le forgeron qui t’as vendu des lames de moindre qualité ?

    Nathanaël grogna mais ne répliqua pas. Il savait qu’il n’avait aucune chance face à ce demi-démon dont l’intelligence aussi redoutable que sa force. Que se soit un combat d’épée ou verbal, il avait le dessus, ce qui agaçait prodigieusement le jeune monarque. Mais Natgar était un élément clé de sa garde. Et le jeune homme profitait pleinement de tous les avantages que lui procurait une telle position.

    -Alors, relança Natgar, que peux satisfaire ta soif de sang et de pouvoir aujourd’hui ?

    La porte s’ouvrit une nouvelle fois, ce qui ôta au roi la possibilité de répondre, laissant le passage au jarmet et à deux jeunes femmes qui pas plus que le demi démon ne semblaient intimidées.

    La première le toisait de sa grande taille. Deux longues oreilles effilées pointaient hors de ses longs cheveux d’un blanc terne qui encadraient un visage fin aux traits durs. Ses yeux en amande avaient braqué leurs iris rouges sur le roi. Son corps fin à la peau noire cendrée était vêtu d’une veste noire, serrée sous sa poitrine par deux liens de cuir. Ses longues jambes étaient couvertes par un pantalon en toile sombre. La poignée élimée d’un sabre dépassait de ses épaules. Des dagues étaient accroché à ses cuisses, masquées par deux pans de tissus noir accroché à sa ceinture.  Et, entre ses doigts, avait poussé trois lames d’un acier noir, longues d’une dizaine de centimètres.

    Nagalia ne maîtrisait pas seulement toute sorte d’arme avec une adresse diabolique, elle était une arme. Métamorphe, elle pouvait modifier son corps selon ses désirs. Hyène, renard ou corbeau était ses formes préféré, mais d’élément terre, elle pouvait greffer des parties métallique dans son propre corps. Inutile de préciser qu’elle était extrêmement dangereuse… Et impitoyable.

    La deuxième semblait vraiment frêle à côté de l’imposante elfe noire. De petite taille, on lui aurait donné une douzaine d'années si ses formes généreuses ne démentaient pas son visage enfantin. Ses yeux d’un orange très pâle, sans pupilles, contrastaient avec sa peau halée. Des tatouages d’un blanc crème couraient sur son corps, représentants des flammes. Elle ne s’encombrait pas d’armure. Vêtue simplement d’une brassière et d’une sorte de pagne en tissu très fin, elle accrochait ses deux épées courtes dans son dos au moyen d’un harnais en cuir.

    Alae ne craignait rien ni personne. Bien que son apparence ne la trahisse pas, elle était comme Natgar, le fruit d’une passion défendu entre un humain et une succube. Sa mère lui avait légué sa beauté démoniaque et sa maîtrise du feu. Son père, une apparence humaine et sa science des armes. Comment en était-elle venue à travailler aux côtés de Nathanaël ? Personne ne le savait car la jeune femme gardait jalousement ses secrets.

    Nathanaël les salua courtoisement et Natgar leur lança un regard ironique. Si Alae s’inclina sèchement, Nagalia ne quitta pas le roi des yeux. A eux quatre dans la même pièce, la tension était palpable. Car chacun d’entre eux était dangereux. Extrêmement dangereux. Et si Nathanaël était officiellement leur supérieur à qui ils devaient obéir sous peine de mort, les trois autres auraient pu le tuer sans problème et partir tranquillement sans que personne n’ai la moindre chance de les rattraper.

    Aussi le jeune monarque faisait bien attention à ce qu’il leur demandait. Mais connaissant le côté sadique de ses meilleurs soldats, il ne se faisait pas trop de soucis quand à la mission qu’il allait leur confier.

    -Vous connaissez tous Shihi, commençait-il, Cette naïade est redoutable et il est plus que probable qu’elle soit une mage de Saën. Vous savez également que j’ai envoyé des messagers dans tous les villages pour que les enfants dont les pouvoirs seraient assez grands me soient emmenés. Personne n’a répondu. Et aujourd’hui, il me faut plus de puissance pour pouvoir tenir tête à Tatiana. Je vous demande donc de me ramener tous ceux qui auraient une grande affinité avec leur élément. Des enfants de préférence âgé entre six et douze ans.

    Le roi fit une pose et regarda chacun de ses guerriers.

    -Tuez ceux qui tentent de s’interposer.

    Natgar sourit, faisant dépasser ses dents trop longues. Nagalia passa une langue aussi noire que sa peau sur ses lèvres. Alae dégaina ses épée jumelle, une lueur démoniaque dans ses yeux clair.

    -Comptez sur nous, répondirent-ils tous les trois.

    -Surtout en se qui concerne les mise à mort… ajouta le demi-démon. 


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  • Aline se laissa tomber dans les feuilles mortes, retenant ses larmes à grande peine.

    -Qu’est-ce qu’on va devenir, murmura-t-elle.

    Lee regarda Naxo s’éloigner. Il ne savait que répondre à son amie. Lui aussi aurait bien voulu le savoir.

    -Qu’est ce qui nous prouve qu’il n’a pas mentit, s’exclama-t-il soudain.

    Aline sursauta et le regarda sans comprendre.

    -Quand tu es arrivé, on discutait de nos pouvoirs. Il a pu entendre quelque chose… On a vu personne, mais ils sont peut être tous simplement en train de dormir.

    -Je ne sais pas… Peut être, mais… Est-ce qu’on serait vraiment en sécurité sur terre ?

    - Lara a découvert son pouvoir à onze ans et moi a treize ans… Il ne nous est jamais rien arrivé. Ce n’est que lorsque ce vampire est arrivé que l’on s’est fait attaquer.

    -Le jour où j’ai découvert mon élément…

    -Tu penses qu’ils auraient attendu ce moment là pour venir nous chercher ?

    Aline acquiesça lentement et Lee se dit qu’elle n’avait peut être pas tors… Mais il voulait quand même savoir si tout le monde était bien… ailleurs. Car même s’ils avaient été témoin de phénomènes qui avaient fait s’écrouler leurs certitudes, que quelqu’un puisse faire disparaître toute la population terrestre lui paraissait quand même un peu gros…

    Le jeune homme se leva, un peu chancelant.

    -Ça va aller, s’inquiéta son amie.

    -Je crois. Je suis juste un peu fatigué.

    La jeune fille tourna la tête vers Lara.

    -Tu crois qu’on peut la laisser la ? Je veux dire, avec Naxo ? Je n’ai pas confiance, il est dangereux.

    Lee haussa les épaules.

    -S’il avait voulu la tuer, qu’on soit là ou pas ne change pas grand-chose… Et puis, il l’a quand même soigné.

    -Tu as raison… Viens.

    -Stop !

    Les deux adolescents se retournèrent pour faire face au vampire.

    -Et pourquoi ? demanda Lee.

    -Parce que d’autres créatures que les Syv pourrait roder dans la ville. Et je ne pense pas que vous teniez à faire leur connaissance.

    Aline se mordit la lèvre.

    -Désolé, mais nous ne te croyons pas. Il nous faut une preuve que nos parents sont bien… ailleurs. Sinon, nous ne te suivrons pas.

    -Mais pourquoi est-ce que vous êtes si difficiles, s’énerva-t-il. Très bien, venez voir.

    Aucun des deux ne bougea.

    -Il faut bien que vous appreniez à vous protéger. Et je ne peux pas vous accompagner, votre amie est toujours inconsciente.

    Il les regarda un instant avant de poursuivre :

    -Et-ce-que vous arrivez à contrôler volontairement votre élément ?

    Les mains de Lee s’enflammèrent. Et le vampire sembla se radoucir. Puis il se tourna vers Aline.

    -Et toi, demanda-t-il.

    La jeune baissa les yeux, ne supportant pas ce regard.

    -Cela ne fait même pas une heure que j’ai su que je pouvais aussi contrôler un élément…

    -Essaie de soulever cette pierre, demanda Naxo en lui désignant un gros caillou.

    Aline se concentra et, se rappelant de ce que lui disait ses amis par rapport à leur pouvoir, imagina la pierre se soulever doucement puis flotter dans les airs.

    Il ne se passa rien. Naxo rigola. Un rire un peu inquiétant.

    -Tant que vous ne saurez pas maîtriser vos pouvoirs, je ne vous perdrez pas de vue. Ce n’est pas la peine de…

    Il ne pu continuer. La pierre venait de s’arracher du sol et, guidée par Aline, elle percuta le vampire avec la force d’un boulet de canon, l’envoyant valser un peu plus loin. La pierre se reposa sagement à sa place. Naxo se releva en grimaçant et se tenant les côtes. Lee la regardait incrédule et la jeune fille se régalait de la grimace de douleur du vampire.

    Mais contre toute attente, il repartit dans son fou rire qui semblait plus sincère. Plus humain. Aline eu un pâle sourire.

    -C’est bon, je n’ai rien dit. Je crois que vous serez capable de vous défendre. Mais ne jouez pas les héros.

    Naxo chercha quelque chose dans sa besace. Il en ressortit deux dagues. Sans ornement, la garde simplement enroulé dans une bande de cuir, c’était immanquablement la lame qui attirait l’attention. Le métal dont elles étaient constituées semblait ondoyer. A chaque mouvement, d’étranges arabesques se formaient, puis disparaissaient.

    -Tenez.

    Méfiants, Lee et Aline prirent chacun le manche d’une arme. Dès que leurs doigts touchèrent la garde, la lame changea de couleur. Celle que tenait le jeune homme se para de magnifiques nuances rouge et jaune, tandis que celle de la jeune fille dessinaient des spirales brunes et vertes.

    -Qu’est-ce que c’est ?

    -Des lames vampires. Elles se nourrissent des particules élémentaires contenues dans le sang. Elles ne peuvent appartenir qu’à celui qui les nourrit. Quand elles ont mangé, elles prennent la forme la plus adapté à celui qui les contrôle. Selon votre niveau de maîtrise de votre élément, elles sont capables de garder cette forme plus ou moins longtemps. Lorsqu’elles dorment, comme maintenant, leur lame indique l’élément de celui qui les tient : gris argent pour l’air, rouge jaune pour le feu, bleu pour l’eau et brun ou vert pour la terre. Mais elles ne permettent pas de connaître l’esprit d’un humain.

    Les adolescents restèrent un instant fasciné par les reflets mouvants des armes. Naxo repris la parole :

    - Une fois que vous les aurez nourris, ces armes ne vivrons plus que pour vous jusqu’à votre mort.

    -Mais… Comment fait-on pour les nourrir ? demanda Aline, craignant un peu la réponse.

    -Il suffit de vous entailler avec et de laisser un peu de sang couler sur la lame.

    La jeune fille regarda un peu dégoutté l’arme qu’elle tenait. Elle comprenait mieux leur nom ‘’lame vampire ‘’

    -Je ne vois pas trop à quoi elles nous serviraient, intervint Lee. Personne ne nous a jamais appris à se battre avec une dague, une épée, ou tout autre arme de se genre.

    Naxo haussa les épaules en soupirant.

    -Gardez les quand même au cas où. Je pense que vous serez très content de les avoir dans pas longtemps… Allez-y, vous verrez que je dis vrai.

    Tout les trois s’observèrent encore un instant, tachant de deviner ce que pensait l’autre, avant qu’Aline ne prenne son ami par le bras et ne le force à la suivre. Ils retournèrent dans la ville, inquiet.

    Personne.

    Aucun passant sur les trottoirs, aucune voiture au carrefour, pas même un oiseau… Les magasins étaient tous fermés et, même en tendant l’oreille, ils ne parvenaient pas à entendre le bruit d’une quelconque circulation.

    -Nous somme seuls, murmura Aline…

    A la lisière de la forêt, les deux amis contemplaient cette ville qu’ils connaissaient si bien. Tellement de souvenir les rattachaient à cet endroit. Des moments de joies, de peine, de surprise… Mais pourtant… Voir ces bâtiments, ces routes, ces parcs sans vie ne leur rappelaient rien. Ils ne connaissaient pas cette ville qui s’étalait devant leurs yeux. Rien ne les rattachait à cet endroit mort.

    -Somme-nous vraiment chez nous ? murmura Lee traduisant les pensées de son amie.

    La jeune fille ne répondit pas et regarda la dague qu’elle tenait toujours. Les arabesques mouvantes sur la lame la fascinaient. Brun et vert, la terre, son élément…

    -Ne te sens-tu pas différent depuis que tu as découvert ton élément ? demanda-t-elle sans quitter l’arme des yeux. Ne te sens-tu pas plus fort depuis que tu maitrise le feu ? Te sens-tu toujours… humain ?

    -Aline…

    -Ce matin, il y a une éternité j’ai l’impression, quand ces dalles me sont tombées dessus, j’ai sentit une force incroyable naître en moi. J’étais enivrée par cette puissance, mais j’étais aussi terrifié. Est-ce normal d’avoir ce pouvoir ? Les hommes ont-ils le droit de maîtriser ainsi la nature ?

    -Mais qu’est ce que tu raconte enfin ?

    -Avant, je vous enviais, Lara et toi, pour cette puissance dont je ne savais rien. J’étais tellement jalouse d’être différente de vous… Différente… C’est ce que je n’avais pas compris…

    Aline n’avait toujours pas détaché son regard de la dague.

    -C’est vous qui étiez différent. Cette malédiction dont parlait Lara à chaque fois que j’évoquais avec envie son pouvoir, cette malédiction que je n’avais jamais comprise… elle m’a rattrapé…

    L’arme tomba avec un bruit sourd, mais la jeune fille ne releva pas la tête.

    -Je ne me sens plus humaine… Nous avons vu des choses que nous n’aurions jamais du voir, ni même imaginer… Quoi qu’il puisse se passer maintenant, nous ne seront plus jamais les mêmes…

    Elle tourna enfin son regard vers ami qui avait attendu qu’elle prenne conscience de la réalité. Depuis qu’il avait découvert se pouvoir, il avait fini par accepter qu’il serait toujours différent des autres. Mais il lui avait fallu du temps pour l’accepter. Son amie l’avait réalisé avec une étonnante rapidité.

    Lorsque leurs regards se croisèrent, ils l’avaient tous les deux décidé. Ils n’étaient plus des humains normaux, mais le pouvoir maudit qui les avaient changés leur donnait également de la force. Avec cette force, ils espéraient oublier les jours à venir et revenir dans la ville qu’ils connaissaient, loin des complots d’un autre monde.

    Aline ramassa la dague et demanda :

    -Nous n’avons pas le choix, n’est-ce pas ?

    -Je ne pense pas…

    Elle acquiesça en silence et s’entailla le doigt imitée par Lee. Une goutte de sang tomba sur lame et disparut aussitôt, comme absorbée.

    -Nous ne pouvons plus reculer.

    C’était une promesse. Ils reviendraient ici, tout les trois. Qu’importe ce qu’il leur faudrait traverser.  


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  • Nathanaël monta rapidement l’escalier. Il dépassa quelques portes avant de s’arrêter devant l’une d’elle. Il entra dans la pièce sans frapper, faisant sursauter l’homme qui s’y trouvait.

    -Sir, s’exclama celui-ci. J’ai des nouvelle de votre espion qui…

    -Je sais, le coupa le roi. Ou est-il ?

    Il s’assit sur une chaise d’argent et le seigneur Jahir l’imita. En le regarda, Nathanaël se demanda furtivement s’il n’avait pas du sang de géant dans les veines. Car Jahir était un colosse. Mesurant plus de deux mètres, Son visage taillé à la serpe arborait une expression sévère. Ses yeux bleus aussi froids que la glace étincelaient sous ses sourcils broussailleux. Il gardait les cheveux ras, ce qui dégageait son cou de taureau.

    Avec un physique pareil, on aurait pu s’attendre à ce qu’il soit vêtu d’une lourde armure de plaque et maniant une hache de guerre sur le front. La tunique de velours bleu qu’il arborait semblait tout à fait incongrue.

    Jahir n’était pas un guerrier même s’il avait appris à se servir des armes comme tous les nobles. En revanche, c’était un brillant stratège et Nathanaël n’avais pas hésité à lui confier la coordination des espions.

    Les traits durs du seigneur se tordirent en une grimace à la question du roi.

    -C’est justement là le problème…

    Le jeune souverain haussa les sourcils.

    -Il est mort ?

    -Non. Enfin, je ne sais pas.

    -Mais qu’est ce qu’il se passe enfin ! Pouvez vous me donner une réponse clair et précise je vous pris. Ou se trouve cet espion ?

    Jahir soupira et désigna une table en bois précieux sur laquelle était posé divers bibelots : Une dague, deux améthyste taillé, une fleur tamen qui se balançait au bout de sa tige, faisant osciller ses pétale irisés, une statuette représentant un cavalier et un coquillage provenant le la mer de Ficy.

    -Et bien ? demanda Nathanaël.

    Le stratège se leva et revint avec la statuette en granite noir. De plus près, le roi remarqua qu’elle avait été taillée avec un si grand minutie qu’il voyait le rictus de terreur du cavalier.

    Il leva un regard interrogateur vers le seigneur qui déclara :

    -Voici votre espion.

    Le jeune monarque ouvrit grand les yeux et regarda successivement Jahir puis la statue. Au bout d’un moment, il éclata d’un rire nerveux.

    -Allons, vous me faite marcher n’est-ce pas ?

    -Pas du tout et cela m’inquiète…

    Nathanaël se leva brusquement, manquant de renverser sa chaise et se mit à arpenter la pièce de long en large. Il se tourna brusquement vers le stratège :

    -Comment est-il arrivé ici ?

    -A cheval. Quand les guetteurs l’on aperçu, ils ont dit qu’il s’était soudain figé puis avait rétréci. Voici le résultat…

    -Ce n’est pas Tatiana… Qui alors ? Shihi ? Elle ne peut quand même pas…

    Le roi se laissa tomber sur sa chaise, soudain blême.

    -Majesté ? s’inquiéta Jahir.

    -Ce… ce n’est rien… c’est juste… La pire chose qui pouvait m’arriver ! S’exclama-t-il soudain hors de lui.

    Le seigneur se recula précipitamment. Il savait le caractère du roi changeant et colérique. Et que dans ses moments là, Il passait sa colère sur tous ceux qu’il voyait.

    -Excusez moi, se repris Nathanaël. Ces derniers jours ont été difficile.

    Il se releva et pris la statuette.

    -Je vais voir ce que je peux faire… Continuez à m’informer des rapports de vos espions.

    -Bien, Majesté.

    Le jeune homme sortit de la pièce. Dès que la porte fut refermée, il abandonna son attitude impassible et s’appuya contre le mur de pierre, soudain lasse. Il n’y avait qu’une seule personne capable de contrer le sort de Shihi. Quelqu’un qu’il n’avait pas vraiment envie de revoir… Mais il n’avait pas le choix.

    Revenant sur ses pas, il redescendit l’escalier et couru presque dans le couloir. Il ferma la porte d’or du grand salon et posa la statue sur une table d’ambre.

    Puis faisant les cents pas devant la table, il se mit à réfléchir.

    Si cet espion avait été transformé en une statue de granite, c’est qu’il avait rencontré Shihi, la seule à sa connaissance qui possédait un pouvoir aussi puissant à Oromois.

    S’il avait rencontré Shihi, il devait avoir d’autres informations… Il était donc capital qu’il retrouve sa forme ou du moins sa capacité à parler. Et Nathanaël ne connaissait qu’une seule personne qui soit capable de briser un sort aussi complexe. Le simple fait de devoir l’appeler le fit frémir, mais il n’avait pas le choix. Tatiana avait admirablement manœuvré et le jeune roi sentait l’étau qui se refermait peu à peu sur lui.

    Avait-il le choix ? Devait-il appeler Via ?


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  • Depuis maintenant plus de cinq minutes, Naxo psalmodiait. Et Aline ne bougeait toujours pas. Elle attendait, tous simplement. Quoi ? Sûrement un miracle…

    Un miracle.

    Comme si un quelconque dieu l’avait entendu, l’horrible blessure qui vidait petit à petit Lara de son sang se referma. Pas d’un seul coup non. Mais elle voyait les chaires de se réparé d’elle-même, les muscle se reformer et la peau se ressoudé. Il ne restait rien, même pas une cicatrice de ce qui avait faillit emporter son amie.

    Naxo se redressa en soupirant de soulagement et Aline recula. Elle sentait toujours un immense danger émaner de cet être. Elle du se retenir pour ne pas s’enfuir alors qu’il se retournait. Il semblait soudain épuisé. La fatigue avait encore plus creusé ses traits, déjà émacié, il ressemblait à un loup affamé. Sa pâle tentative de sourire la fit frissonner d’effroi. Ses dents étaient des crocs !

    -Je suis désolé pour tout à l’heure… Mais vous trois êtes les seuls à pouvoir nous aider. Aucun de vous ne doit mourir. Je ne voulais pas te faire peur.

    La jeune acquiesça lentement. Naxo se leva vivement et, surprise, Aline faillit tomber.

    -Arrête d’avoir peur, s’exclama le vampire, je suis ici pour vous pro-té-ger. Je n’ai pas du tout l’intention de vous faire du mal.

    -Pourtant, ton arrivé à faillit tuer Lara, marmonna une voix encore un peu endormi.

    Aline se tourna vers son ami, heureuse de pouvoir échappé aux prunelles sanglante du vampire.

    -Lee ! Tu vas bien ?

    -Je suis vraiment épuisé, mais sinon tout va bien.

    Naxo s’avança vers la jeune fille et la força à le regarder dans les yeux.

    -Terre et énergie, déclara-t-il à la grande surprise des deux amis.

    -Energie ? interrogea Aline.

    -Un élément étrange que seuls les humains et certains garous peuvent maîtriser, marmonna-t-il. Ne m’en demandez pas plus, je ne sais pas. Shihi pourra sûrement vous renseigner davantage.

    Il se détourna et se dirigea vers Lee qu’il regarda lui aussi dans les yeux. Après un instant, il annonça :

    -Feu et énergie.

    -Je ne comprends pas vraiment cette histoire, tenta Aline dont le bras meurtri incitait à la prudence.

    -C’est bon, je vais répondre à vos questions, soupira le vampire. Que voulez vous savoir ?

    Encore fatigué, Lee resta assis mais le regarda attentivement.

    -Premièrement, commença-t-il en levant son pouce, pourquoi est-ce qu’on fait de la magie ? Deuxièmement, est ce à cause de toi s’il n’y personne et si oui pourquoi ? Troisièmement, pourquoi somme-nous menacé de mort ? Quatrièmement, qu’est ce que nous somme censé faire ?

    Aline hocha la tête et regarda fixement Naxo qui n’avait pas bronché durant l’énumération de son ami.

    - Tous ça… Je ne comprends pas, vous auriez du être au courant, on ne m’a pas préparé à répondre à des questions, seulement à vous ramené sain et sauf à Oromois. Mais je suppose que vous ne tiendrez pas une heure sur Alona, ignorant comme vous êtes.

    Il s’assit et s’adossa confortablement à un arbre.

    -Pour répondre à la première question, tous le monde peut faire de la ‘’magie ‘’. Chaque personne quelque soit sa race est lié à un des quatre éléments principaux à sa naissance, l’air, la terre, le feu et l’eau. Certaines races ont la particularité d’être lié à deux éléments naturellement. Les humains, eux, maîtrise un des quatre éléments ainsi que l’énergie, le temps, l’espace ou le psychique. Ils ne sont pas vraiment considérés comme élément. Le don de maîtriser les éléments peut disparaître si nous ne nous en servons pas. C’est pour cela que les magiciens sont très rares sur terre.

    Le vampire fit une pause et Lee en profita pour demander :

    - Excuse-moi, mais tes réponses me font poser d’autres questions. Mais j’ai cru comprendre qu’il y avait plusieurs races sur Alona. Est-ce qu’il existe des hybrides ? Et s’il son mi-humain, maîtrisent-t-il aussi… un des autre?

    Naxo soupira.

    -C’est un peu plus compliqué que cela. Les ‘’autre’’ comme tu dis, sont appelé ‘’esprit ‘’.Il existe en effet des hybride, mais très peu car toutes les races ne sont pas en très bon terme et une guerre peut se déclaré n’importe quand entre n’importe qui… Nous préférons donc éviter à nos enfants d’avoir à choisir le camp d’un de leurs parents. Pour ce qui est des quelques hybrides mi-humain, il ne maîtrise qu’un seul élément. Mais si se sont les enfants d’un hybride et d’un humain, l’enfant maitrisera un esprit. Personne n’a jamais compris la raison de se phénomène…

    Ils restèrent songeur un instant. Il y avait toujours se silence étrange, mais Aline ne se sentait plus oppressé. Elle se sentait mieux depuis qu’elle savait Lara sauf et que Lee était réveillé.

    -Pour répondre à ta deuxième question, repris Naxo, ce n’est pas moi qui serait capable de réaliser un tel exploit, mais je connais celle qui a réussit un enchantement complexe et a manipulé ainsi le cinquième élément. Elle s’appelle Shihi, c’est une Naïade de Saën. Rassurez-vous, tous vont bien. Ils sont simplement… ailleurs. Je ne pourrais pas vous dire ou, mais ils sont en parfaite santé et ne se souviendront de rien. Quand à pourquoi vous êtes les seuls épargné, c’est parce qu’il fallait que je vous ramène sur Alona. Et c’est un peu pour ça que vous menacé de mort comme nous l’a très gentiment fait remarquer Via.

    -Qui est Via, demanda Aline.

    Le regard de Naxo s’assombrit et il leva les yeux vers le ciel, masqué par les branchages.

    -Via est une démone. Nous ne savons grand-chose de ce qu’il se passe à Trilliga, mais nous avons cru deviner qu’elle à passé un pacte avec Nathanaël. C’est une démone de Saën. Et elle est aussi forte que Shihi et bien plus dangereuse…

    La jeune fille frissonna. Et ce n’était pas de froid…

    -Je répondrais d’abord à la dernière question, continua le vampire. Vous êtes sensé nous aider. Alona est divisé en plusieurs pays, gouverné chacun par un peuple différent. A Trilliga, le Royaume des humains, c’était le roi Arik II qui régnait. Il a eut deux enfant, Nathanaël et Tatiana. Étant l’aîné, c’est Nathanaël qui aurait du succéder à son père. Mais le roi a décidé qu’il gouvernerait à eux deux. Cela n’a pas plut à Nathanaël qui voulait le pouvoir pour lui seul. Il a attaqué sa propre sœur et à réussit à lui couper une main avant qu’elle ne soit obligé de s’enfuir. Trois jours plus tard, le roi a été retrouvé mort. Une enquête a prouvé que c’était l’épée du prince qui avait mis fin à ses jours. N’aillant aucun autre descendant reconnu, c’est Nathanaël qui est monté seul sur le trône et depuis, c’est un roi cruel détesté par son peuple.

    Le vampire jeta un coup d’œil à Aline et Lee qui écoutait fascinés son récit et reprit :

    - Tatiana s’est réfugié sur le continent d’Antrare. Elle a construit le Royaume d’Oromois grâce à ses grandes connaissances et à envoyé des messagers dans tous les pays pour recruter mages et guerriers. Les loups-garous, maîtrisant l’esprit du temps, lui ont un jour rapporté l’une de leur vision.

    Naxo les observa tour à tour et énonça :

    -‘’Trois hybrides venu d’un autre monde auront à eux trois le pouvoir de ramener le véritable roi sur le trône de l’est. Les Mots Interdits résonneront une dernière fois dans le temple de Saën et les Anciens reviendront nous apporter conseil. ‘’

    Un air de total incrédulité salua cette déclaration Lee se décida enfin à prendre la parole :

    -Comment ça ‘’trois hybrides’’ ? Tu es sur que cette prédictions parle de nous ? Si j’ai bien compris ton truc avec les éléments et les hybrides, on ne pourrait pas maîtriser un esprit si on était qu’à moitié humain, c’est ça ? Et tu à déclaré toi-même que nous étions Terre Energie et Energie Feu.

    - Tu as bien compris à un détail près. La prophétie dit que vous êtes des hybrides. Un hybride n’est pas forcément moitié-moitié.

    - Non ! s’exclama Aline. On ne peut pas être autre chose que de simple humain. Nous avons simplement découvert notre élément parce que nous en avions besoin. A ce moment là, c’était… instinctif.

    -Rien ne vous distingue d’un autre humain en apparence. Mais pour un vampire, c’est flagrant. Votre odeur n’est pas la même qu’un humain pur. Elle en est proche, mais pas semblable. Le sang qui coule dans vos veines est plus acide.

    -Acide ? s’étonna Lee.

    -C’est une différence que seul un vampire peut sentir.

    Aline ferma les yeux. Toutes ses certitudes venaient de s’écrouler. Ce que lui racontait ce vampire était complètement absurde et pourtant, elle le croyait. Elle le croyait quand il disait qu’elle et ses amis étaient au centre d’une prophétie énoncé par des loups-garous. Elle le croyait quand il disait qu’elle n’était pas humaine, mais une hybride…

    - Si nous ne sommes pas tout à fait humains, demanda-t-elle d’une petite voix, nous somme quoi ?

    Naxo se tourna vers Lara, toujours inconsciente.

    - Pour elle, un de ses ancêtres était un loup-garou. Quelqu’un de proche car on pourrait presque le deviner à ses traits.

    Il se tourna ensuite vers Lee.

    -Toi, c’est plus ténu, je dirais une daïlz, mais je n’en jurerais pas…

    -Une daïlz ?

    -Une sorte d’esprit des flammes, elles n’ont pas de terre qui leur appartienne car elles vivent là ou est le feu. Aussi bien dans un volcan que dans les habitations. Les demi-daïlz sont donc assez courant.

    Le vampire regarda ensuite Aline.

    - Elfe, dit-il sans la moindre hésitation. Sûrement un des steppes… Ce goût acide est très présent autour de toi. Je dirais que c’est un de tes grand-parent.

    Aline haussa un sourcil dubitatif. Elle se représentait les elfes comme des créatures immortelle ayant un physique humain bien que d’une beauté incomparable. Ses grands parents ne correspondaient pas vraiment à ses critères...

    -Tu n’as pas répondu à une question, remarqua Lee. Pourquoi somme-nous menacé de mort ? Parce que, ce n’est pas pour prendre sa défense, mais si c’est Nathanaël qui aurait du régner sur Trilliga, je ne comprends pas en quoi nous pouvons le gêner.

    -Tu crois toujours qu’il est digne de diriger ce Royaume après ce qu’il a fait ?

    -Je ne comprends pas comment nous pouvons rétablir le vrai roi, soupira Aline. Nous ne sommes même pas originaires d’Alona… Tatiana semble convaincu que se sera elle la reine, mais devons-nous simplement annoncer qui régnera ?

    -Je n’en sais rien, mais je pense que ce sera plus complexe que ça.

    Nouveau silence. Que Lee fini par rompre.

    -Même si c’est complètement fou… Je crois que tu veux que nous t’accompagnons jusqu’à Oromois sans se faire attraper par Nathanaël… Ce qui veut dire que l’on sera en danger de mort à chaque instant. Mais pourquoi prendrions-nous ce risque ? Après tout, nous ne somme pas des Alonien. Alors en quoi la succession d’un Royaume nous concerne-t-elle ?

    Naxo soupira.

    -Je ne suis pas votre ennemi, je ne suis que chargé de vous escorter jusqu’à Oromois. Alors écoutez moi bien mais ne vous retournez pas contre moi. Tatiana avait prévu votre refus. C’est pourquoi elle ne vous donne pas le choix. Si vous refusez de me suivre, ce monde restera tel qu’il actuellement. Sans vie…

    -Quoi ! s’exclama Lee

    -C’est quoi ce chantage ! Elle n’est pas la reine de la terre ! Elle n’a pas le droit d’ordonner cela !

    -Elle s’inquiète pour son Royaume que son frère est en train de détruire, plaida Naxo. Ce n’est pas contre vous, elle n’a tous simplement pas le choix.

    -Et si c’était les loups-garous qui s’étaient trompé ? lança Lee furieux.

    -Ils ne se trompent jamais.

    -Il y a un début à tous…

    -Alors se serait une coïncidence que trois hybrides vivent dans la même ville, aient le même âge et aient les trois découvert leur élément ? Arrêtez de vous chercher des excuses !

    -Tu veux qu’on arrête de se chercher des excuse ! s’exclama Aline hors d’elle. Nous essayons de comprendre et de rester en vie ! Cela te convient comme excuse !

    -Même si on avait découvert notre élément, notre vie n’a jamais été vraiment différente de celle des autres, appuya Lee. Tu voudrais qu’on abandonne d’un claquement de doigts nos certitudes ! Met toi un peu à notre place !

    Le vampire se leva, soudain menaçant.

    -Je n’ai pas à me mettre à votre place. Je ne chargé que de vous ramener vivant à Oromois. Le reste m’importe peu. Vous avez le choix de me suivre ou de rester dans ce monde figé. Je vous donne cinq minutes pour en parler.

    Sur ce, il s’éloigna, laissant les deux adolescents en proie à de cruelles incertitudes. 


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  • Nathanaël faisait les cents pas dans une pièce magnifiquement décoré, sa tenue contrastant furieusement avec la richesse ambiante. Chaussé de bottes en cuir souple qui semblaient avoir été usées sur tous les chemins du royaume, il foulait un tapis de soie rouge dont les motifs compliqués qui l’ornaient avaient été tissés avec des fils d’or. Son pantalon de toile grossière était taché de boue et de sang, tout comme sa tunique en cuir. Seule son épée qui pendait à sa ceinture prouvait qu’il n’était pas un quelconque rodeur. Le fourreau était en effet magnifiquement ouvragé. D’anciennes runes elfiques avaient été peintes sur tout le bois sombre d’une encre cuivré. Une flamme stylisée avait été décoré sur la garde et le pommeau était orné d’un énorme rubis. Cette arme valait son poids en or et il aurait pu, s’il l’avait vendu, s’offrir une centaine de tenues bien plus adaptées. Mais Nathanaël tenait à cette lame comme à la prunelle de ses yeux et ne s’en serait séparé pour rien au monde.

    En ce qui concernait sa tenue pour le moins… usée, il n’aurait eu qu’à claquer des doigts pour se retrouver vêtu des plus somptueux habits du royaume. Pourquoi ne le faisait-il pas ? Car toutes ces tuniques de soie, de mousse et de velours étaient terriblement inconfortables. Il préférait donc cent fois cette tenue de voyage qui avait déjà bien servie et qui était bien plus fonctionnelle qu’une de ces robes de la cour s’il se faisait attaquer.

    Cela ne cadrait pas vraiment avec son rang, mais même vêtue des loques d’un mendiant on aurait reconnu son statu. Son visage aux traits altiers éclairé par des yeux mordoré brillant d’intelligence quelque peu masqué par des cheveux brun cuivré mi-long valait toutes les tenues de satin… Oui, tout en lui clamait le roi qu’il était. Ou qu’il aurait du être…

    S’arrêtant brusquement, il abattit avec rage ses poings sur une table d’ambre finement sculptée. Il ne put s’empêcher de penser que celle qui était responsable de son malheur était sa propre sœur.

    -Maudite sois-tu Tatiana ! hurla-t-il tremblant de colère, les yeux brillant de haine. Mais je te retrouverais… Tu m’entends ? Ou que tu sois, je te retrouverais et je te tuerais ! Je donnerais ton âme aux démons et jamais tu m’entends, jamais te ne trouveras le repos !

    La porte, décorée d’or et de rubis, s’ouvrit à la volé. Un jeune page dont la toge vermeille semblait trop grande pour lui s’inclina presque jusqu’à terre avant de balbutier :

    -Mai… maître… Le seigneur Jahir désir vous voir… immédiatement. C’est à propos de l’espion que… vous avez envoyé à Oromois…

    Bégayait-il d’avoir trop couru ou de peur ? Nathanaël ne parvint pas à se décider. Peut être les deux. Il était toujours craint dans ce Royaume qu’il tentait pourtant d’élever le plus haut possible. Ses efforts serait-ils un jour récompensé ou est-ce que les aveux de Tatiana avaient à jamais gâchés son règne ?

    -Monseigneur ? osa interroger le jeune page d’une voix aiguë.

    Le roi se retourna brusquement. Ses yeux étaient toujours assombris par la fureur et le page recula prudemment.

    -J’arrive, cracha-t-il. Et j’espère que les nouvelles seront bonnes ou je ferais écarteler cet incapable d’espion !

    Le page, toujours courbé en deux, sortit à reculons de la pièce. Quelques minutes passèrent. Adossé contre un mur, Nathanaël tentait de reprendre son calme. Une fois qu’il eu à peu près repris le contrôle de lui-même, il sortit à son tour.

    Le page n’était nulle part. Sans doute avait-il détalé dès que la porte s’était refermée sur son visage terrifié…

    Sans se soucier des gens qui abandonnaient leurs taches et s’inclinaient précipitamment sur son passage, le jeune roi avançait à pas vifs dans le couloir décoré d’une fresque tissé par les elfes, dans le temps ou les deux pays entretenaient encore de bonnes relations, et narrait l’histoire de sa famille. Il marchait devant ses ancêtres qui avaient combattu nains et centaure pour agrandir le Royaume, il passa à côté des puissants mages qui avaient fait prospérer Trilliga. Des guerriers et des mages. Telle était sa ligné.

    Il s’arrêta quelques mètres avant l’escalier en colimaçon qui montait vers les chambres. La magnifique tapisserie s’arrêtait ici. Avant de rompre tout accord avec le Royaume Trilliga, les elfes lui avaient envoyé une autre partie de la fresque.

    Impassible, il contemplait la scène qui l’avait hanté depuis ce jour fatidique ou le peuple avait définitivement cessé de croire en lui.

    Tissé avec une grande minutie, le roi Arik II, son père, lui renvoie un regard d’une grande tristesse. Suivant les fils coloré, Nathanaël voit l’épée qui lui transperce le cœur.

    Son épée.

    La garde de la lame disparait dans une paume bien connu.

    La sienne.

    Le Nathanaël de la fresque jette un regard triomphant à son père agonisant.

    L’assassin se détourna sans qu’aucune émotion n’apparaisse sur ses traits fins. Il n’a que faire du passé. Ses projets sont tournés vers l’avenir. Un avenir encore flou, mais il ne doute pas parvenir à ses fin.

    La fin de sa sœur.


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  • Tout se passa très vite. La Syv planta ses griffes dans le ventre de Lara sans que personne ne l’ai vu se déplacer. Comme par magie, Naxo s’interposa et la créature battit précipitamment en retraite. Le mâle sauta sur Aline. Le vampire n’eut pas le temps de se retourner. Une lance de feu bleu apparu dans le couloir et se planta dans les flans du monstre noir alors que ses griffes effleuraient la jeune fille.

    Le Syv s’effondra.

    Le cœur battant à tout allure, la bouche ouverte en un cri muet et tremblant de tous ses membres, Aline regardait pétrifié le corps de la créature qui avait faillit la tuer. Lee s’était adossé au mur et semblait épuisé. La lance de feu avait disparu.

    Ils entendirent un sifflement ou se mêlait rage, peur, désespoir, haine et tristesse. Comment un simple son aigu pouvait révéler tant de sentiment ? Les trois rescapés se tournèrent vers la femelle. Ses magnifiques yeux bleus étaient baignés de larmes.

    Sans prononcer un mot, Naxo pris Lara dans ses bras et écarta les deux autre de la dépouille du Syv.

    -Denia… murmura-t-il à l’intention de la créature encore vivante.

    Pour la première fois, ils virent ses yeux exprimer de la gratitude. Gratitude envers quoi ? Aline qui soutenait Lee de son mieux n’avait pas compris ce qu’avait dit le vampire.

    La Syv s’approcha du corps de son compagnon. Son attitude n’était pas belliqueuse, mais Aline se raidit.

    -Ner ondra neaia nor den, zaaia nior, chuchota la Syv d’une voix dure, sans les regarder.

    Naxo inclina sèchement la tête et entraîna Aline dehors. La jeune fille soutenait son ami et suivait le vampire dans les couloirs qu’elle pouvait parcourir les yeux fermés, mais que pour l’heure, elle ne reconnaissait pas. Que c’était-il passé ? Était-elle en train de rêver ? Avait-elle fait un malaise et se mettait à déliré ?

    Presque sans qu’elle ne s’en rende compte, elle franchit le portail du lycée, marchait à pas rapide sur la route ou aucune voiture ne roulait, traversa un grand champ de courtes pousses de blé et de retrouva enfin devant la forêt qui bordait la ville.

    Alors que tout le trajet s’était effectué dans une sorte de brouillard, Aline redevint soudain très attentive à ce qui se passait. Si ce n’était pas un rêve et qu’elle n’était pas devenu folle, tous ce qui venait de ce passé était réel. Il n’y avait peut être qu’un pour cent de chance que ce qu’elle vivait était vrai, mais si c’était le cas, elle était en grand danger. Et ce n’était pas peut dire. Car les Syv avaient bien faillit la tuer.

    -C’est bon… merci Aline…

    Perdue dans ses pensés, elle en avait oublié Lee. Elle le regarda s’adosser maladroitement à un arbre et grimacer.

    -Tu vas bien ? Qu’est ce qu’il t’est arrivé ?

    Le jeune homme semblait faire un effort surhumain pour rouvrir les yeux qu’il venait de fermer.

    -Je ne sais pas… Je crois que… je crois c’est moi qui ai fait apparaître ce feu tout à l’heure. Je ne sais pas comment… mais je suis vidé…

    Comme si dire ces quelques phrases l’avait privé de ses dernières forces, il ferma les yeux. Et ne les rouvrit plus.

    -Lee ? Lee !

    -Laisse le dormir, marmonna une autre voix.

    Aline se retourna prête à sortir une réplique bien pensé à ce prétendu vampire complètement malade lorsque son regard se posa sur Lara. Les mots moururent dans sa gorge et elle se précipita aux côtés de Naxo. Elle eut un haut le cœur en voyant la blessure et une bile amère lui emplie la bouche. Elle n’était pas particulièrement sensible, mais voir ses trois plaies parallèle déchirant tout le côté droit du ventre de son amie, voir le sang qui avait imbibé ce T-shirt bleu, le rendant d’une couleur indéfinissable… Mais le pire, c’était la profondeur des plaies. De ce qu’elle avait vu de la scène, la Syv se tenait derrière Lara et ses griffes étaient ressorties devant… N’y tenant plus, elle détourna les yeux et des larmes se mirent à couler sur ses joues. Naxo n’avait toujours pas prononcé un mot.

    -Elle va s’en sortir ? Tu peux faire quelque chose.

    Silence.

    Aline en pris vraiment conscience à ce moment là. Il n’y avait pas un bruit. Pas de vent dans les feuilles, pas de chant d’oiseau, pas de bourdonnement d’insecte…

    Silence

    Rien ne venait troubler cette scène terrible et la jeune fille compris qu’elle était seule. Lee dormait, Lara était inconsciente, ses parents… Que ce passait-il ? Pourquoi n’étaient-ils que trois être vivant dans cette ville. Ou étaient les autres ? Dormaient-ils ? Ou bien étaient-ils… partit ? Toute la terre était-elle touchée ?

    Aline n’en pouvait plus. C’était trop… trop ! Trop de questions, trop d’événements étrange, trop ! Dire qu’il y a quelque jour encore, elle enviait Lara et Lee. Elle enviait ses deux meilleurs amis et leurs pouvoirs. Et quelle avait été sa joie en se rendant compte qu’elle maîtrisait la terre ! Ce qu’elle avait été bête… Lara avait raison depuis le début. Ce n’était qu’une malédiction…

    -Répond moi ! hurla-t-elle à l’intention du vampire. Répond moi… je veux des réponses… que se passe-t-il ? Pourquoi est ce que tous semble figé ? Pourquoi est ce que nous nous somme fait attaqué ? Qui es-tu ? Que veux-tu ? Et… qu’est ce que nous somme censé faire…

    Sa voix se brisa.

    Silence.

    Aline n’y tint plus. La colère venait de remplacer la peur. Se levant, la jeune fille lança sa main dans une gifle monumentale destinée à Naxo. D’un geste vif, celui-ci lui prit le poignet et, sans la regarder, planta ses ongles trop long dans sa peau.

    La douleur remplaça bien vite la surprise. Aline tenta de se dégager, mais c’était impossible, le vampire la tenait d’une poigne de fer.

    Comprenant que résister était inutile, Aline resta immobile.

    Malgré le sang qui coulait le long de son bras.

    Malgré la douleur aiguë qui fusait des cinq entailles dans sa chaire.

    Malgré le sentiment d’impuissance auquel elle était réduite.

    Elle attendit.

    Enfin, il relâcha son étreinte et la jeune fille pressa son bras blessé contre elle. Avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, Naxo lui murmura d’une voix froide :

    -Si tu tiens à la vie de ton amie, tais-toi.

    Aline ne répliqua pas. Bien plus que les paroles, c’était le ton sur lequel il lui avait parlé qui l’avait contraint au silence. Ces quelques mots avaient été dits d’une voix ancienne. Bien plus vieille que le monde. Une voix à laquelle se mêlait des accents d’une sauvagerie que difficilement contenue…

    Aline ne dit rien.

    Car elle savait que celui qui venait de prononcé ces paroles était dangereux. Un danger qui émanait d’un autre monde. Il pouvait la tuer si l’envie lui en prenait. Et quoi qu’elle fasse, elle ne pourrait pas se défendre.

    Et elle mourrait.

    Une douce mélopée s’échappa soudain des lèvres à peine entrouvertes du vampire. Ce son ténu contrastait avec la dureté de ses précédentes paroles. Mais la jeune fille resta parfaitement immobile.

    Au bout d’un moment, elle remarqua qu’il répétait inlassablement la même chose. Il psalmodiait un étrange enchantement. Aline ne connaissait pas la langue qu’il utilisait, mais elle… sentait de quoi il parlait. C’était difficile à expliquer. Elle ne comprenait pas et ne pouvait pas le décrire. Elle ressentait ses paroles. Instinctivement, elle su que ses mots était dangereux. Ils étaient d’une puissance destructrice.

    Mais elle ne tenta rien pour arrêter Naxo. Le vampire continuait, infatigable, à murmurer les Mots Interdits.


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  • Lara se réveilla en sursaut. Repoussant les mèches noires qui lui tombaient devant les yeux, elle se redressa. Après un instant de panique, elle retrouva ses repères. Les rayons du soleil entraient par les volets mis clos. La jeune fille savoura un instant la tranquillité matinale avant de repousser d’un geste brusque sa couverture. S’étirant dans la pénombre de sa chambre, un miroir lui renvoya son image.

    Svelte et élancé, Lara passait souvent pour une jeune fille fragile et timide, ce que renforçait son visage caché par ses mèches noires rebelles. Comme un fleuve d’encre, ses cheveux cascadaient dans son dos jusqu’à ses hanches. Mais elle cachait bien sa force et ne se laissait pas marcher sur les pieds. On lui donnait quinze ans, mais ses yeux verts semblaient renfermer l’histoire du monde. Ou de plusieurs mondes.

    Se demandant soudain qu’elle heure il pouvait bien être, Lara se tourna vers son réveil. Qu’elle ne vit pas.

    Oh non…

    Sur sa table de chevet, là ou, il y a quelques heures encore, se trouvait son petit réveil à pile dont le tic-tac l’apaisait, elle ne voyait que des éclats métalliques, quelques petits rouages et deux aiguilles. Le réveille avait été comme soufflé par une explosion violente.

    Des pensées complètement incohérentes s’agitaient dans sa tête. Pourquoi ? Comment ? Son pragmatisme l’emporta et après un instant de panique, elle courut à sa fenêtre et ouvrit les volets à la volé.

    Situé au premier étage d’une jolie maison, sa chambre donnait sur la ruelle du lotissement. Une légère brume s’élevait autour des maisons par ce matin de mai. Le soleil se découpait de derrière les toits en tuile. Mais tout était calme. Et désert.

    Bon, il ne devait pas être trop tard…

    Tout en s’habillant, Lara repensa au rêve qui l’avait brutalement tiré du sommeil. Ce qu’habituellement, elle ne faisait jamais car depuis quelque mois, elle avait découvert tous ses songes se réalisaient. Et il était rare qu’elle rêve à de bonnes nouvelles.

    Mais cette fois-ci, son rêve lui avait semblé si réel, qu’elle ne pu s’empêcher de s’en souvenir :

    La mort était partout.

    Les roche noires aux contours déchiqueter par une force maléfique, le sol sec, grisâtre et stérile, l’air chargé de souffre…

    La mort était partout.

    Les pieds en sang, les mains écorchées, le souffle rauque, elle avançait dans ce paysage remonté des enferres. Les vêtements en lambeaux, le corps couvert d’ecchymose et de plaies récente ou plus anciennes.

    La mort était partout.

    Et Lara avançait. Puis s’arrêta.

    Devant elle, accroché à branche de bois noire planté dans le sol, se balançait au bout d’une corde un cadavre à l’apparence encore humaine malgré les lambeaux de chaire qui s’en détachait. Aucun charognard n’y avait touché. Les mouches elles même s’en tenaient loin. Ce signal macabre était clair : N’avancez plus. Mais elle reprit sa marche.

    La mort était partout.

    Passant entre le corps en décomposition et la paroi rocheuse, elle perçut un mouvement dans le ciel. Un rugissement fit trembler le sol. Levant les yeux, elle vit la créature fondre sur elle.

    La mort était partout.

    La mort était sur elle.

    Et elle s’était réveillée. Lara frissonna. Elle pressentait une mauvaise journée. A cause de son réveil qu’elle avait détruit et de son cauchemar. Mais elle ne pouvait pas sécher une journée de cour. Dommage.

    Elle laça ses baskets, pris son sac et sortit de sa chambre. Sans faire de bruit, elle descendit les escaliers en bois. Ses parents et sa petite sœur devaient encore dormir.

    Dans le salon, l’horloge indiquait sept heures et demie. Le lycée n’était pas loin, mais Lara avait besoin de tranquillité. Elle ne prit qu’une barre de céréale et sortit sans bruit de la maison. Marchant lentement dans la rue, elle laissa ses pensés vagabonder en essayant de ne plus penser à ce réveille désastreux. Surtout au cauchemar…

    Depuis qu’elle avait onze ans, Lara avait comprit qu’elle était différente. La première fois qu’elle s’en était aperçue, c’était le jour ou elle était entrée au collège.

    Complètement perdue dans tous ces couloirs qui se ressemblaient, elle tentait vainement de suivre son plan pour se rendre en cour.

    Une ombre menaçante l’avait soudain recouverte. Levant les yeux, elle avait croisé le regard dur d’un élève de troisième. Sans réfléchir, elle avait tourné les talons et rebroussé tranquillement chemin tout en espérant s’en tirer ainsi.

    Raté.

    Le jeune homme l’avait rattrapé nonchalamment et arraché son plan des mains. L’aillant tranquillement déchiré, il fit tomber les morceaux devant elle. Répriment son envie de pleurer, elle regarda le ‘’grand‘’ s’éloigner.

    Plusieurs sentiments s’agitaient en elle.

    La peur, le doute, la colère, l’incompréhension.

    Ce fut la colère qui l’emporta.

    Les lampes du couloir s’éteignirent d’un coup. Lara marcha à grand pas vers le jeune homme qui s’était retourné, surpris. Il éclata de rire ce qui eu pour effet d’attiser la colère de la jeune fille. Ses yeux devinrent entièrement noirs et ses cheveux tournoyèrent autour de son visage sous l’action d’une brise invisible.

    Alors que toutes les portes et les fenêtres étaient fermées, un souffle de vent fit virevolter les petits bouts de papiers. Une mini tornade se forma dans le couloir. Le vent gagna en puissance et les rafales entourèrent le jeune homme qui regardait la jeune fille d’un air horrifié. L’air sembla se solidifier et cueillit le troisième au creux de l’estomac. Il fit un magnifique vol plané et atterrit au bout du couloir. Il s’était enfuit en courant et les lampes s’étaient rallumées. Le vent s’était apaisé et les yeux de Lara avaient retrouvé leur vert pétillant.

    Depuis ce jour, il survenait souvent des phénomènes inexplicables. Et toujours, c’était avec le vent. Cela se passait lorsqu’elle ressentait une émotion forte. De la peur, de la joie, de la colère… Elle en avait peur. Et ne savait pas maîtriser ce qu’elle considérait comme une malédiction.

    Mais il n’y avait pas que ça… Souvent, elle faisait des rêves prémonitoire d’une horrible précision. Et d’une affreuse exactitude…

    Et personne n’était au courant. Elle ne voulait qu’on sache qu’elle était anormale. Elle ne voulait pas être différente.

    Maussade, elle rajusta son sac sur les épaules et se dirigea vers le lycée. Le lotissement était curieusement calme. A cette heure-ci, elle aurait déjà du croiser Yanis ou Johanna qui n’habitaient pas très loin. Mais il n’y personne. Même les oiseaux ne chantaient pas.

    Et range.

    Lara n’habitait pas très loin de son école. Elle ne mit que dix minutes pour s’y rendre. Un trajet effectué dans un silence pesant.

    Le portail était ouvert. Mais dans la cour, elle ne voyait personne. De plus en plus intriguée, elle se rendit dans le hall qui résonnait habituellement des conversations des élèves. Mais la aussi, tout était désert. Quelque chose n’allait pas. La grand horloge accroché au mur indiquait huit heure moins dix. Il était plus que surprenant qu’il n’y ait personne.

    -Eh ! Lara !

    La jeune fille se retourna d’un bon et son visage s’éclaira lorsqu’elle reconnu son ami. Vêtu intégralement de noir – blouson en cuir noir, T-shirt noir, pantalon noir, chaussure… noires. - Lee était grand pour son âge. Bien proportionné, les cheveux châtain clair en bataille et les yeux noirs profond, il avait comme à son habitude, des écouteurs rivés dans les oreilles.

    -Salut, répondit Lara.

    -Je te dis pas comme je suis content de te voir. Je n’ai croisé personne depuis que je suis réveillé. T’as vu l’heure? Le lycée est désert.

    -Oui, c’est pareil pour moi. Je ne me rappelle plus s’il y a une grève aujourd’hui…

    -Normalement, je ne les oublie pas les infos comme ça.

    Lara hocha la tête. Il était vrai que Lee était le premier informé lorsque tel ou tel prof serait absent. Mais tout le monde pouvait se tromper. Cela expliquerait qu’il n’y ait personne.

    -On pourrait aller voir en salle des profs, reprit son ami, Mme Delacet est toujours là, même lors des grèves.

    -Bonne idée.

    Leur professeur de mathématique n’avait jamais été absente en vingt ans de carrière. Les élèves s’amusaient à raconter toutes sortes de légendes à son sujet. Pour sa part, Lara aimait bien cette femme d’âge mur qui donnait ses cours avec un certain enthousiasme.

    Il était étrange de se déplacer dans les couloirs silencieux. Mais ils arrivèrent bientôt devant la salle des professeurs. Aucun bruit ne leur parvenait.

    -A toi l’honneur, lui dit Lee en s’écartant de la porte.

    Lara lui jeta un regard noir et frappa deux petits coups discrets. Personne ne répondit. Elle toqua de nouveau, plus fort cette fois. Mais il n’y avait toujours aucun bruit.

    -Madame Delacet ! cria Lara en tapant plus fortement encore sur la porte.

    -Je crois qu’il n’y a vraiment personne, soupira Lee.

    Mais son amie ne l’écoutait pas. Elle avait un mauvais pressentiment. Elle tourna la poignée de la porte et s’apprêta à l’ouvrir lorsque Lee intervint.

    -Arrête ! On n’a pas le droit !

    Lara le dévisagea surprise. C’était toujours lui qui les entrainait dans les pires embrouilles. Et il avait peur d’ouvrir la porte de la salle des profs !

    -Qu’est ce qu’on risque ? Il n’y a personne.

    -C’est peut être une blague…

    -Qu’est ce que tu raconte ? Ce qui définit un prof, c’est justement une totale absence d’humour.

    Lee allait répliquer lorsqu’une voix les fit sursauter :

    -Mais qu’est ce que vous faite !

    Lara se retourna, prête à balbutier des excuses, lorsqu’elle reconnut la jeune fille rousse.

    -Aline ! Ça ne va pas de faire peur aux gens comme ça !

    La jeune fille leur fit un sourire plein de fossette, ses yeux brun pétillants. Elle n’était pas très grande, mais sa joie de vivre était communicative et bientôt, Lee et Lara éclatèrent de rire.

    -Enfin je vous trouve, s’exclama-t-elle de sa petite voix aiguë. Il m’est arrivé un truc incroyable !

    -Laisse moi deviner, la coupa Lee. Tu as aussi remarqué qu’il n’y avait personne.

    -Oui, d’ailleurs c’est bizarre, mais ce n’est pas ça mon problème. Tu as du me contaminer avec tout tes trucs bizarre Lara.

    -Eh ! Ce n’est pas toujours moi ! La dernière fois, c’est Lee qui à mis le feu à ta tapisserie. J’y étais pour rien !

    -C’était de ta faute, protesta Lee, tu m’as fait peur.

    La jeune fille rousse jeta un regard noir à son ami et Lara repensa au malheureux incident survenu deux mois plus tôt et qui l’avait rapproché de Lee, mais éloigné d’Aline.

    Au courant pour son don, ses deux amis essayaient de l’aider à la maitriser. Ce jour là, elle devait faire léviter une plume de pigeon. Mais elle n’avait pas vraiment réussit car c’est Lee qui s’était envolé. Surpris, celui-ci avait réagit instinctivement à l’attaque involontaire et une demi seconde plus tard, la tapisserie bleu flambait joyeusement. Ils avaient eu un peu de mal à camoufler le trou noirci, mais personne n’était au courant. Vexée d’être la seule normale, Aline s’était éloignée d’eux.

    Mais elle était visiblement impatiente de raconter ce qui lui était arrivé et qui semblait si extraordinaire.

    -Bon, je peux parler ? Vous savez qu’on construit une terrasse ? Et bien les ouvriers ont du mal empiler les pierres parce que tout le tas m’est tombé dessus ce matin !

    -Non ! Et tu n’a rien ?

    -Pas la plus petite égratignure. Les dalles sont tombées en poussières quand elles m’ont touché. C’est incroyable !

    -Nous avons donc une maîtresse de l’air, un maître du feu et maintenant une maîtresse de la terre, marmonna Lee.

    -C’est vrai que c’est pas banal…

    Lara s’arrêta en entendant des bruits de pas. Ou plutôt de course. Un jeune homme, qui devait avoir dans la vingtaine, déboucha en trombe du couloir. Très grand mais d’une maigreur effroyable, il avait les cheveux noirs et un teint pâle maladif. Ses yeux, enfoncés dans leurs orbites, sans blanc ni pupille, étaient entièrement rouge. Les traits émaciés et des cernes noirs sous les yeux, il ressemblait à un cadavre fraichement déterré. Mais ce fut surtout sa tenue qui retint l’attention des trois adolescents. Vêtu d’une sorte de tunique noire très près du corps, souligna durement ses contour squelettique, elle était attaché à sa taille par une ceinture de cuire sombre à laquelle pendaient plusieurs dague dans leur fourreau. Il était chaussé de botte souple et avait un pantalon fait d’une matière qui, bien que très fine, semblait étrangement résistante. Pour compléter le tableau, il avait une besace en toile noire en bandoulière, qui semblait bien remplit.

    Inconsciemment, les lycéens reculèrent de quelques pas. Quelque chose de mauvais se dégageait de cette personne… Quelque chose qu’ils n’arrivaient pas à identifier, mais qu’un instinct primitif leur disait de fuir à tout prix.

    -Qui c’est, chuchota Aline avec quelque tremblement dans la voix.

    Aucun de ses amis n’eu le temps de lui répondre. L’inconnu se présenta, d’une voix tout à fait normale, et même agréable:

    -Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Naxo, un Shaman vampire au service de Tatiana, reine d'Oromois. Je suis sure que vous avez certaines questions à me poser, mais on a pas beaucoup de temps... Via à envoyer les Syv à votre recherche.

    Abasourdie, Lara se demandait si elle n’était pas toujours en train de rêver. Car ce garçon avait l’air d’avoir un sérieux problème mental.

    -Je ne suis pas sur de bien comprendre, avança Aline.

    -Comment ça ? Dans quelque jours, cela fera exactement trois ans les loups du nord on annoncés votre venu et vous ne comprenez pas ? Shihi c’est peut être trompé quelque part dans sa formule. Votre cerveau à pu en être affecté…

    -Merci de t’inquiéter, mais nous allons très bien, répliqua Lara. Question cerveau défectueux, tu nous surpasses tous.

    -Pas la peine de la prendre comme ça ! Je vais vous remettre au courant. Ça devrait vous revenir. Les loups du Nord, qui sont appelé loup-garou sur cette planète, ont eu la vision de ceux qui rendront son vrai souverain au Royaume Trilliga. Shihi vous observe depuis cette prédiction et maintenant que nos armées occupent celle du tyran, on peut venir vous chercher. Maintenant vite.

    -Rassurez moi, dit Lee, je ne suis pas le seul à voir ce gars complètement marteau ?

    -J’était en train de me poser la même question… soupira Lara.

    -Mais c’est pas possible ! Vous vous souvenez vraiment de rien ?

    -De quoi est ce qu’on devrait se souvenir exactement ? demanda Aline pour les calmer.

    Naxo la regarda comme si elle avait deux têtes.

    - Mais pourquoi c’est sur moi que ça tombe, se lamenta-t-il. Désolé, mais je n’ai pas le choix…

    Lara n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche. Une étrange créature émergea de l’autre bout du couloir. Elle avait le corps d’un gros chat mais se déplaçait sur deux patte de reptile recouvertes de la même fourrure fauve que son torse et ses mains ressemblaient à des pattes d’oiseaux couverte d’écailles cuivrées. Mais sa tête avait un visage humain d’une beauté stupéfiante. Les yeux bleus profond, les pommettes hautes et une chevelure miel, la jeune femme les observait avec curiosité. Elle fut rejointe par un mâle à la fourrure jais, aux écailles onyx et à la peau noire. Seuls ses yeux étaient bleus comme ceux de la femelle.

    Des yeux dans lesquels ne brillait qu’un seul sentiment.

    La haine.

    Naxo serra les dents et une arme étrange, faite de deux sabres soudé à la garde apparut dans ses mains.

    -Comme vous m’avez l’air d’être complètement amnésique, je ne vais pas pouvoir compter sur vous pour nous tirer de là. Surtout ne bouger pas, ne partez pas en courant et ne vous séparez pas. Les Syv sont de redoutables adversaires.

    Il resserra la prise sur son arme et passa à l’attaque. Aucun des trois amis ne le vit bouger. Il se retrouva simplement entre les deux créatures. D’un mouvement souple, il fit tourner son arme.

    L’action n’avait pas durée une seconde.

    Mais contre toute attente, les Syv comme les avait appelé Naxo, esquivèrent cette attaque. Ils ripostèrent aussitôt. Leurs mouvements étaient rapides, mais ce qui les rendait vraiment dangereux, c’est qu’ils se battaient comme s’ils n’étaient qu’une seule personne. La femelle lança une patte vers la gorge du vampire. Il se jeta en arrière. Droit sur le mâle qui l’attendait. Ses crocs se refermèrent dans le vide. Par une impensable pirouette, le jeune homme se retrouva derrière ses assaillants. Son épée double fouetta l’air devant lui.

    Mais il n’y avait plus personne.

    Naxo se retourna. Lara vit sur les traits de son visage qu’il était tendu et cela l’inquiéta. Elle n’eut pas le temps de s’interroger d’avantage.

    Elle tomba à genou. Un peu de sang coula de ses lèvres ouvertes dans un cri muet. Une douleur fulgurante montait de son flan blessé. Sa vue se brouillait. Dans un dernier instant de lucidité, elle baissa les yeux et vit trois griffes dépasser dans son ventre.

    Le cri de ses amis se perdit dans la brume qui l’entourait. Les ténèbres l’engloutirent.


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