• Nathanaël monta rapidement l’escalier. Il dépassa quelques portes avant de s’arrêter devant l’une d’elle. Il entra dans la pièce sans frapper, faisant sursauter l’homme qui s’y trouvait.

    -Sir, s’exclama celui-ci. J’ai des nouvelle de votre espion qui…

    -Je sais, le coupa le roi. Ou est-il ?

    Il s’assit sur une chaise d’argent et le seigneur Jahir l’imita. En le regarda, Nathanaël se demanda furtivement s’il n’avait pas du sang de géant dans les veines. Car Jahir était un colosse. Mesurant plus de deux mètres, Son visage taillé à la serpe arborait une expression sévère. Ses yeux bleus aussi froids que la glace étincelaient sous ses sourcils broussailleux. Il gardait les cheveux ras, ce qui dégageait son cou de taureau.

    Avec un physique pareil, on aurait pu s’attendre à ce qu’il soit vêtu d’une lourde armure de plaque et maniant une hache de guerre sur le front. La tunique de velours bleu qu’il arborait semblait tout à fait incongrue.

    Jahir n’était pas un guerrier même s’il avait appris à se servir des armes comme tous les nobles. En revanche, c’était un brillant stratège et Nathanaël n’avais pas hésité à lui confier la coordination des espions.

    Les traits durs du seigneur se tordirent en une grimace à la question du roi.

    -C’est justement là le problème…

    Le jeune souverain haussa les sourcils.

    -Il est mort ?

    -Non. Enfin, je ne sais pas.

    -Mais qu’est ce qu’il se passe enfin ! Pouvez vous me donner une réponse clair et précise je vous pris. Ou se trouve cet espion ?

    Jahir soupira et désigna une table en bois précieux sur laquelle était posé divers bibelots : Une dague, deux améthyste taillé, une fleur tamen qui se balançait au bout de sa tige, faisant osciller ses pétale irisés, une statuette représentant un cavalier et un coquillage provenant le la mer de Ficy.

    -Et bien ? demanda Nathanaël.

    Le stratège se leva et revint avec la statuette en granite noir. De plus près, le roi remarqua qu’elle avait été taillée avec un si grand minutie qu’il voyait le rictus de terreur du cavalier.

    Il leva un regard interrogateur vers le seigneur qui déclara :

    -Voici votre espion.

    Le jeune monarque ouvrit grand les yeux et regarda successivement Jahir puis la statue. Au bout d’un moment, il éclata d’un rire nerveux.

    -Allons, vous me faite marcher n’est-ce pas ?

    -Pas du tout et cela m’inquiète…

    Nathanaël se leva brusquement, manquant de renverser sa chaise et se mit à arpenter la pièce de long en large. Il se tourna brusquement vers le stratège :

    -Comment est-il arrivé ici ?

    -A cheval. Quand les guetteurs l’on aperçu, ils ont dit qu’il s’était soudain figé puis avait rétréci. Voici le résultat…

    -Ce n’est pas Tatiana… Qui alors ? Shihi ? Elle ne peut quand même pas…

    Le roi se laissa tomber sur sa chaise, soudain blême.

    -Majesté ? s’inquiéta Jahir.

    -Ce… ce n’est rien… c’est juste… La pire chose qui pouvait m’arriver ! S’exclama-t-il soudain hors de lui.

    Le seigneur se recula précipitamment. Il savait le caractère du roi changeant et colérique. Et que dans ses moments là, Il passait sa colère sur tous ceux qu’il voyait.

    -Excusez moi, se repris Nathanaël. Ces derniers jours ont été difficile.

    Il se releva et pris la statuette.

    -Je vais voir ce que je peux faire… Continuez à m’informer des rapports de vos espions.

    -Bien, Majesté.

    Le jeune homme sortit de la pièce. Dès que la porte fut refermée, il abandonna son attitude impassible et s’appuya contre le mur de pierre, soudain lasse. Il n’y avait qu’une seule personne capable de contrer le sort de Shihi. Quelqu’un qu’il n’avait pas vraiment envie de revoir… Mais il n’avait pas le choix.

    Revenant sur ses pas, il redescendit l’escalier et couru presque dans le couloir. Il ferma la porte d’or du grand salon et posa la statue sur une table d’ambre.

    Puis faisant les cents pas devant la table, il se mit à réfléchir.

    Si cet espion avait été transformé en une statue de granite, c’est qu’il avait rencontré Shihi, la seule à sa connaissance qui possédait un pouvoir aussi puissant à Oromois.

    S’il avait rencontré Shihi, il devait avoir d’autres informations… Il était donc capital qu’il retrouve sa forme ou du moins sa capacité à parler. Et Nathanaël ne connaissait qu’une seule personne qui soit capable de briser un sort aussi complexe. Le simple fait de devoir l’appeler le fit frémir, mais il n’avait pas le choix. Tatiana avait admirablement manœuvré et le jeune roi sentait l’étau qui se refermait peu à peu sur lui.

    Avait-il le choix ? Devait-il appeler Via ?


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