• Chapitre 7 : Contre-Attaque

    Nathanaël s’arrêta devant une table d’ambre finement sculpté sur laquelle reposait une statuette de granite noire, haute d’une vingtaine de centimètre, représentant un cavalier sur son cheval. La sculpture paraissait vivante. Les moindres détails avaient été reproduits. Le roi regarda la statue.

    Puis il soupira. Il avait réfléchit, examiné toutes les possibilités qui s’offraient à lui. Bien peu en fait. Et il n’avait pas le choix. Il devait appeler celle à qui il devrait donner son âme s’il échouait à capturer Tatiana. Il ne lui restait que quelques années pour y parvenir. Alors que pour l’instant, il était contraint à se mettre sur la défensive…

    Il lui fallait retourner la situation. Et mener la danse. Sa décision était prise.

    Il poussa soudain un sifflement strident. Une étrange créature apparut alors.

    De longs cheveux noirs encadraient un visage fin ou une fourrure blanche poussait en abondance. Ses yeux rouges, sans pupilles tranchaient avec cette pâleur. Ses lèvres noires étaient si fines qu’elles semblaient inexistantes. Elles se relevaient en un rictus inhumain qui laissait apparaitre deux crocs dorés. De petite taille elle était d’une maigreur squelettique et même sa fourrure ne parvenait pas à faire disparaitre ses os saillants. La créature n’avait pas de bras, mais deux ailes de chauve-souris jaunâtres qui partaient de ses épaules et se terminaient par trois griffes acérées. Elle se déplaçait sur deux pattes reptiliennes terminées par des griffes noires qui grinçaient sur le sol en marbre.

    Via apparut.

    -Vous m’avez appelé maître ? interrogea-t-elle d’une voix rauque.

    -Shihi à attaqué un espion envoyé au Royaume des Glaces. Il devait m’apporter des informations capitales. Cette naïade l’a transformé en statuette de granite. J’exige que tu lui rendes sa forme originelle !

    -Bien maître, j’entends et j’obéis, répondit-elle d’un ton sarcastique.

    La démone se plaça devant la statuette et la regarda sous tous les angles.

    -Maître, demanda-t-elle, pourrais-je descendre la statue ? Votre table risque de s’abimer.

    -Oui, vas-y et dépêche toi.

    -J’entends et j’obéis.

    Via déposa délicatement la statuette sur le sol de marbre blanc. Elle leva les ailes et fit cliqueter ses griffes.

    - Na erad ragznio nio juga. Mivaia.

    Dix secondes s’écoulèrent. Rien.

    -Alors, s’impatienta Nathanaël.

    -Cette naïade à de grand pourvoir… Mais il doit être possible de contourner ce sort. Umrunio na legad meyi.

    Cette fois-ci, la statuette trembla.

    - Enfin, jubila le roi.

    A peine eut-il fini sa phrase que la statue se brisa.

    -Raaah ! Qu’as-tu dis ?

    -J’ai dis : Umrunio na legad meyi, répondit Via serviable.

    -Ce qui veut dire ?

    - Brise ta prison de pierre.

    -Et avant ?

    - Reprends ta forme première.

    -Donc il y avait quelque chose dans la statue, marmonna le souverain en ramassant les morceaux. Répare moi ça.

    -Oui maître. Vaï etoaia.

    Les morceaux se récolèrent d’eux même et a statuette repris sa place sur la table, exactement semblable à celle qu’elle était il y a quelques secondes. A la différence près que la pierre n’était plus du granite. Les magnifiques reflets bleutés contrastaient étrangement avec la table d’ambre. Un saphir sculpté représentant un cavalier sur son cheval semblait les toiser.

    -Via ! Que signifie ceci ? demanda Nathanaël d’une voix froide.

    -Je… maître… je… c’est que…

    -C’est que tu es incapable de contrer les sort d’une naïade !

    -Maître, c’est la Naïade.

    -Les naïades ont des grands pouvoirs, certes, Shihi est très douée, mais pas au point de contré une démone de Saën !

    -Maî-maître, ce- c’est une naï-naïade de Saën, balbutia Via devant la fureur de son maître.

    La fureur de Nathanaël s’évanouit d’un coup, laissant place à un autre sentiment tout aussi violent, l’effroi. Soudain livide, il se laissa tomber sur un fauteuil, au milieu de des coussins de soie coloré.

    -Tu en es sur, parvint-il enfin à murmurer.

    La démone ferma ses yeux rouges et répondit, une absence totale de sentiment dans sa voix éraillé :

    -Certaine. Le sort qu’elle a utilisé demande une maîtrise parfaite de la terre et du cinquième élément. Nous savions déjà que Shihi est de Terre. Mais maîtriser ainsi le cinquième élément n’est a la porté de tous. A part les mages, il n’y aurait que les druides ou les sorciers pour les égaler. Que Shihi soit une sorcière me semble très peu probable car elle ne pourra jamais maîtriser un esprit. Une druide ? J’en doute car elle nous a souvent prouvé qu’elle maîtrise les quatre éléments. Nous étions donc persuadé qu’elle était une Shaman. Mais voici qu’elle transforme l’essence même d’un humain et fait de lui une pierre. Je ne vois que les mages pour réussir un exploit pareil. Mais pas n’importe qu’elle mage non plus. Les lieurs n’ont pas une telle puissance pas plus que les guérisseurs. Je ne vois qu’un haut mage. Et un haut mage ayant ce niveau est forcément un mage de Saën.

    Via rouvrit les yeux et planta son regard dans celui de son maitre.

    -La partie ce complique. Shihi est capable de me tenir tête et il n’y a plus de haut mage dans le royaume.

    Nathanaël soutint le regard sanglant de la démone et serra les poings.

    -Je le sais bien ! J’ai envoyé des messagers jusque dans les petits hameaux à la frontière en espérant trouver dans enfants assez puissant pour en faire des Haut Mages. Rien ! Le peuple à trop peur de moi. Personne ne va parler si son fils est doué avec son élément. Les parents se tairont de peur que mes soldats ne le leur enlèvent. Ils ne comprennent donc pas que la survit du Royaume dépend de leur participation ?

    Le roi se leva et abattit avec rage ses poings sur la table d’ambre, faisant trembler la statuette. Un silence pesant tomba dans la pièce.

    -Très bien, repris le jeune homme d’une voix plus calme, ils refusent de coopérer ? Alors ils ne vont plus avoir le choix.

    Il ferma les yeux et un oiseau ressemblant à un aigle entièrement noir apparut dans la pièce. Nathanaël était un invocateur. Avant qu’il ne devienne le roi haït par son peuple, il avait parcouru la campagne de son Royaume et s’était lié avec plusieurs animaux. Le rapace qui venait de faire son apparition était un jarmet découvert lors d’une chasse. Ces oiseaux étant rapides et dangereux, il n’avait pas hésité à l’enchainer grâce aux Mots Interdits. Depuis, le jarmet lui vouait une fidélité que rien, hormis la mort, ne pouvait rompre.

    -Va me chercher Natgar, Nagalia et Alae, lança le souverain au rapace.

    Celui-ci disparut à tire d’aile dans le couloir. Nathanaël reporta son attention sur Via. La démone le regardait avec une lueur indéfinissable dans les yeux.

    -Le peuple me craint… Sans aucune raison. Maintenant, j’ai besoin de lui et, muré dans sa terreur, il se cache… Je vais donc lui donner une bonne raison d’avoir peur.

    La porte s’ouvrit à cet instant, laissant place à un étrange jeune homme. Ses cheveux vert sombre tourbillonnaient en mèches folles autour de son visage à la peau d’albâtre. Ses yeux dorés aux pupilles verticales fixaient Nathanaël d’un air sarcastique. Il semblait enveloppé d’une cape noire, curieusement luisante. Soudain, l’étoffe ondula et le jeune homme écarta deux longues ailes de chauve-souris. Torse nu, il dévoilait une musculature puissante. Son pantalon de toile grise était resserré au niveau des chevilles par des lanières de cuire noir, laissant voir ses pieds, qui ressemblait plus à des serres d’oiseau, pourvu de trois griffes onyx.

    Cette apparence pour le moins étrange s’expliquait par le simple fait qu’il était un hybride. Il mélange contre nature d’un démon et d’une femme. Il n’avait jamais cherché à maîtriser les pulsions meurtrières qui pouvaient lui faire perdre tous contrôle. Plus que tous, il aimait le sang, la souffrance et la mort. Peut être pour se venger de ce que lui avait fait subir les humains durant les premières années de sa vie…

    Quoi qu’il en soit, ce n’était pas par crainte qu’il avait rejoins le nouveau souverain, mais parce qu’il se disait que quelqu’un ayant rué son propre père pour le pouvoir lui promettrait de quoi satisfaire sa soif de sang.

    Nathanaël le salua d’un mouvement sec de la tête. Il n’aimait pas Natgar, et c’était parfaitement réciproque. Mais ils étaient forcés de coopérer.

    -Que veux-tu cette fois ? demanda sans plus de manière le jeune homme qui ne semblait du tout impressionné de se retrouver devant l’homme le plus détesté de tous le Royaume. Torturer une pauvre bergère qui a oublié de te donné une partie de son maigre troupeau ? A moins que je ne doive tuer dans d’atroces souffrances le forgeron qui t’as vendu des lames de moindre qualité ?

    Nathanaël grogna mais ne répliqua pas. Il savait qu’il n’avait aucune chance face à ce demi-démon dont l’intelligence aussi redoutable que sa force. Que se soit un combat d’épée ou verbal, il avait le dessus, ce qui agaçait prodigieusement le jeune monarque. Mais Natgar était un élément clé de sa garde. Et le jeune homme profitait pleinement de tous les avantages que lui procurait une telle position.

    -Alors, relança Natgar, que peux satisfaire ta soif de sang et de pouvoir aujourd’hui ?

    La porte s’ouvrit une nouvelle fois, ce qui ôta au roi la possibilité de répondre, laissant le passage au jarmet et à deux jeunes femmes qui pas plus que le demi démon ne semblaient intimidées.

    La première le toisait de sa grande taille. Deux longues oreilles effilées pointaient hors de ses longs cheveux d’un blanc terne qui encadraient un visage fin aux traits durs. Ses yeux en amande avaient braqué leurs iris rouges sur le roi. Son corps fin à la peau noire cendrée était vêtu d’une veste noire, serrée sous sa poitrine par deux liens de cuir. Ses longues jambes étaient couvertes par un pantalon en toile sombre. La poignée élimée d’un sabre dépassait de ses épaules. Des dagues étaient accroché à ses cuisses, masquées par deux pans de tissus noir accroché à sa ceinture.  Et, entre ses doigts, avait poussé trois lames d’un acier noir, longues d’une dizaine de centimètres.

    Nagalia ne maîtrisait pas seulement toute sorte d’arme avec une adresse diabolique, elle était une arme. Métamorphe, elle pouvait modifier son corps selon ses désirs. Hyène, renard ou corbeau était ses formes préféré, mais d’élément terre, elle pouvait greffer des parties métallique dans son propre corps. Inutile de préciser qu’elle était extrêmement dangereuse… Et impitoyable.

    La deuxième semblait vraiment frêle à côté de l’imposante elfe noire. De petite taille, on lui aurait donné une douzaine d'années si ses formes généreuses ne démentaient pas son visage enfantin. Ses yeux d’un orange très pâle, sans pupilles, contrastaient avec sa peau halée. Des tatouages d’un blanc crème couraient sur son corps, représentants des flammes. Elle ne s’encombrait pas d’armure. Vêtue simplement d’une brassière et d’une sorte de pagne en tissu très fin, elle accrochait ses deux épées courtes dans son dos au moyen d’un harnais en cuir.

    Alae ne craignait rien ni personne. Bien que son apparence ne la trahisse pas, elle était comme Natgar, le fruit d’une passion défendu entre un humain et une succube. Sa mère lui avait légué sa beauté démoniaque et sa maîtrise du feu. Son père, une apparence humaine et sa science des armes. Comment en était-elle venue à travailler aux côtés de Nathanaël ? Personne ne le savait car la jeune femme gardait jalousement ses secrets.

    Nathanaël les salua courtoisement et Natgar leur lança un regard ironique. Si Alae s’inclina sèchement, Nagalia ne quitta pas le roi des yeux. A eux quatre dans la même pièce, la tension était palpable. Car chacun d’entre eux était dangereux. Extrêmement dangereux. Et si Nathanaël était officiellement leur supérieur à qui ils devaient obéir sous peine de mort, les trois autres auraient pu le tuer sans problème et partir tranquillement sans que personne n’ai la moindre chance de les rattraper.

    Aussi le jeune monarque faisait bien attention à ce qu’il leur demandait. Mais connaissant le côté sadique de ses meilleurs soldats, il ne se faisait pas trop de soucis quand à la mission qu’il allait leur confier.

    -Vous connaissez tous Shihi, commençait-il, Cette naïade est redoutable et il est plus que probable qu’elle soit une mage de Saën. Vous savez également que j’ai envoyé des messagers dans tous les villages pour que les enfants dont les pouvoirs seraient assez grands me soient emmenés. Personne n’a répondu. Et aujourd’hui, il me faut plus de puissance pour pouvoir tenir tête à Tatiana. Je vous demande donc de me ramener tous ceux qui auraient une grande affinité avec leur élément. Des enfants de préférence âgé entre six et douze ans.

    Le roi fit une pose et regarda chacun de ses guerriers.

    -Tuez ceux qui tentent de s’interposer.

    Natgar sourit, faisant dépasser ses dents trop longues. Nagalia passa une langue aussi noire que sa peau sur ses lèvres. Alae dégaina ses épée jumelle, une lueur démoniaque dans ses yeux clair.

    -Comptez sur nous, répondirent-ils tous les trois.

    -Surtout en se qui concerne les mise à mort… ajouta le demi-démon. 


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